G.H.C. Numéro 66 : Décembre 1994 Page 1226
LA GUILDIVE OU GUILDIVERIE DE Claude FOURNIER
Par décision du 15 février 1785, Guillaume LÉONARD de
BELLECOMBE autorise Fournier à s'embarquer prochainement
pour Le Havre sur "L'Alcide", capitaine PRUD'HOMME. Il
part le 6 avril (p. 60 du Factum 4° Fm 35101).
Mais voici d'autres personnages cités dans les factum,
toujours essentiellement le premier :
p. 52 : Le 26 septembre 1783, de COUAGNE donne l'ordre au
chevalier de COUTURES, prévôt de la maréchaussée de Saint-
Marc, de faire arrêter Fournier sur les terres de
CHANTELOT, mulâtre libre; DUBARDEAU, brigadier de la maré-
chaussée, le conduit en prison le 27 septembre. En date du
3 octobre 1783, TELHIAN accuse réception de 150 livres
pour frais de maréchaussée.
p. 53 : Le 31 décembre 1783, de COUAGNE, LEJEUNE et MÉRAZ,
signent un texte interdisant à un autre Lejeune, guil-
divier de Fournier, de ne "plus rien faire des ouvrages"
concernant la Guildive et au sr LA POTTERIE, "de ne plus
prendre part à ce qui pourrait contribuer aux travaux".
p. 54 : NIEL, commandant du Quartier, est allié du sieur
GUIBERT.
En 1784, Fournier obtient des certificats de :
DUPONT, dominicain, précité; Sébastien SOLLE, habitant;
COUTANT, habitant - c'est lui qui évoque la veuve JOUVE -;
DUBOUëL aîné, négociant; de LA MISSARDIèRE, négociant et
habitant; VALETTE, habitant; CHARAIRON, négociant et
habitant; DAZENNE, ROBERT, habitants; ROSSIGNOL de LA
CHICOTTE, officier de milice et habitant; de MAGNAN fils,
officier de la milice des Dragons blancs; CAILLOT des
GRAVIERS, négociant et habitant; DUPOUX aîné, négociant;
MIRAULT, commandant du quartier des Verettes; BÉLANGER
précité; comte de MONTROCHE, habitant; REMOUSSIN, capi-
taine de la compagnie des Dragons blancs de la Petite-
Rivière, Fournier lui annonçant qu'il passe dans celle des
Verettes; JUMELLE, capitaine d'infanterie des milices du
bataillon de Saint-Marc; de MARQUEZE, habitant; BOISSON,
procureur-gérant d'habitation de M. MAGNAN aux Cabeuils de
l'Artibonite; BOULIN, St-Marc; VALLET, habitant et gérant,
Artibonite; des ISNARDS, habitant, Artibonite; FRETAUD
cadet, Artibonite; DOME et NOVIAL, négociants et Cie,
Saint-Marc; DUBOST, LAGARENNE, MARCHAND et Cie, St-Marc;
BERJAT, ROBERT et Cie., négociants et Cie, Saint-Marc;
LAISMES, gérant de "M. le Hr. CEBERT, et habitant", Arti-
bonite (que signifie "Hr." ? NDLR n'est-ce pas Chr ?);
HÉRIVAUX, entrepreneur de bâtiments et habitant, La
Petite-Rivière; CHASSERIEAU, habitant, Artibonite;
MAILLART, arpenteur du Roi et voyer en la paroisse Saint-
Jérôme de la Petite-Rivière; MARCOU LATOUR au Cabeuil;
LAISMES cadet, Artibonite; GUILBERT, habitant, Artibonite;
Jn. CONSTANT jeune, négociant, St-Marc; LASSAGNE, habitant
et gérant, Artibonite; J. SAGET, habitant; BONO de BELAMY,
DAUGÉ, notaires, Petite-Rivière (Est-ce ici le lieu de la
signature des attestationt ?); DUPOS, fabricant de la
guildive des sieurs Guibert, Saint-Marc; DECARES et
FERRAND, négociants et cie., Saint-Marc; DROUEN, MOREL,
PITEU et Cie., Saint-Marc; SAINT-MACARY, BEAUCAMP DU
FOURG, fondés de la procuration de Mme Vve JOUVE, St-Marc.
A Paris, en 1786, Fournier recueille d'autres attes-
tations favorables de personnages l'ayant connu à Saint-
Domingue : Chevalier de MONGASTON, GILBERT, habitant de
l'Artibonite, DALLIACE, chirurgien, Jean-David VINCENT,
écuyer, officier de Monsieur Frère du Roi, Laurent MORIN
MOUSSERON, écuyer, président-trésorier de France en la
généralité de Tours, qui vécut à l'Artibonite de 1771 à
1783, de GANDRA, officier de hussards.
En 1785, de LISTRÉ, avocat, lui signale de Saint-
Domingue que le comte de MONTROCHE a démenti dans la
Gazette une calomnie contre Fournier, l'accusant de lui
avoir escroqué 60.000 livres.
Quittances de frais de garde consenties à Fournier :
p. 76 pour M. GRENIER, FERRIÉ, 123 l, 15 s pour 3 gardes.
p. 77 pour "M. GRANIÉ", CARRERE, 66 l pour sa garde de
septembre 1781; DUREPAIRE donne quittance de 66 l pour la
garde que le sieur DAVY a montée pour Fournier à la
Poudrière, du 14 au 21 juillet 1782.
p. 78 : en 1785, PRIEUR est greffier au Conseil supérieur
de Port-au-Prince. Le factum confirme aussi les prénoms de
BONGARDS, "Alexandre-Jacques".
- Factum 4° Fm 35101
p. 5 : Fournier est natif d'Auzon en Auvergne. En 1782, le
sieur BORDOT est premier commis du contentieux de la
Marine.
p. 33 : M. de LA MARDELLE est Procureur général du Conseil
supérieur de Saint-Domingue.
p. 44 : le sieur CHANEL est l'un des proches parents des
sieurs GUIBERT. C'est un habitant sucrier.
Aux pp. 10-11, on lit une version de la requête évoquée
précédemment, simplement présentée à l'avocat Me. de
CHALLAYE par BORDOT et reproduite de tête par l'avocat :
"Que les passetemps ordinaires du sieur Fournier
consistent à maltraiter les nègres de ses voisins, à les
déchirer à coups de sabre, aussi-bien que leurs bestiaux,
à ravager les plantations voisines de sa Manufacture de
Taffia; qu'il a tenu des propos outrageants contre le Sexe
en-général, et déchiré la réputation de tout le monde dans
les cercles; qu'il a détourné à son usage le cours des
eaux, et infecté les canaux par la décharge des immondices
de sa Manufacture; a volé la chaux de ses voisins, et
notamment du mulâtre CHANSELOT (*); osé maltraiter et
débaucher sa femme. En un mot, qu'il ne faudroit que cinq
Fournier à Saint-Domingue pour détruire la Colonie; que
les signataires de cette lettre terminent le tableau par
demander à ceux à qui elle est adressée de purger le
Quartier de ce perturbateur du repos public, de ce voisin
si dangereux qui, à tous ces délits, joint celui de
débaucher les nègres et de les attirer dans sa guildi-
verie, en leur vendant du taffia.
(*) C'est certainement CHANTELOT. Le texte est imprimé
dans un jeu de caractères spécial, le "s" formant une
spirale ayant la forme d'une lettre plus haute que
d'autres, telles que le "t" dans l'autre jeu de carac-
tères.
Un dépliant intercalé entre les pages 74 et 75 énumère les
douze esclaves de Fournier, âgés de 17 à 28 ans, dix de
sexe masculin et deux de sexe féminin, soit Champagne,
Polydore, Lindor, Matadore, Petit Polydore, Adonis,
Valantin, Lesare, Langlois, Bourgonie d'un côté, Fatime et
Dambas de l'autre.
En métropole, Fournier obtint finalement une indemnité
forfaitaire de cinq cents écus.