G.H.C. Numéro 58 : Mars 1994 Page 1009
COOPÉRATION
de Philippe Moret : Les immigrés du Matouba (pp. 830-834)
Les "compagnies d'ouvriers" (évoquées à propos de
Jean-Pierre LIMON, page 832), faisaient partie du corps
royal d'artillerie. C'était des structures assez indépen-
dantes plus ou moins rattachées, selon les temps, aux sept
régiments du corps royal. Ainsi l'ordonnance du 23 août
1772 indique que les compagnies d'ouvriers n'y sont ratta-
chées que pour l'avancement des officiers, devant être
"employées aux arsenaux de construction et généralement
partout où le service du roi pourra l'exiger". La même
ordonnance fixait à neuf le nombre de ces compagnies;
l'effectif tournait autour d'une cinquantaine d'hommes et
bas-officiers, commandés par deux capitaines (en premier
et en second) et deux lieutenants (idem).
Au début de la guerre d'Amérique, une compagnie
d'ouvriers a été envoyée aux Iles en 1777, avec le second
bataillon du régiment de Metz-artillerie; elle a été
divisée en deux détachements, trente-trois ouvriers à St-
Domingue, trente-huit aux Iles du Vent (Serv. hist. de
l'armée de terre, Artillerie, 3B/59). Avec des effectifs
qui ont varié, cette situation a perduré pendant toute la
durée de la guerre.
D'après l'inspection faite par le gouverneur lieutenant
général de DAMAS le 18 septembre 1782 (quelque mois après
le mariage LIMON à l'origine de cette "coopération" et de
la question 93-126), la situation aux Iles du Vent était
la suivante : le détachement de la compagnie d'ouvriers
DUPUCH était commandé par le capitaine en second de REMèS,
détaché à la Guadeloupe, et par le chevalier de CORBEAU,
lieutenant en premier, alors au terme d'un "congé d'un an
en France pour rétablir sa santé"; ce détachement comptait
vingt bas-officiers et hommes, au lieu des vingt-sept de
son effectif théorique. Le reste de la compagnie, ainsi
que le capitaine DUPUCH, était à St-Domingue (mais DAMAS
prend soin de noter que DUPUCH est "actuellement en France
par congé" (SHAT Xd7).
Les "Etats militaires" (publiés annuellement par
Roussel) en ma possession permettent de préciser un peu.
Celui de 1782 (situation connue à Paris en novembre 1781)
indique que la "compagnie DUPUCH, en Amérique" est
commandée par M. DUPUCH, capitaine en premier, M. REIMèS,
capitaine en second, M. le chevalier de CORBEAU,
lieutenant en premier, M. LE ROY, lieutenant en second. Il
indique aussi qu'une partie de la compagnie NEYMERAND
était en Amérique (le reste à Douai et à l'île d'Aix; les
officiers, dans l'ordre hiérarchique, en étaient
NEYMERAND, LACHAIZE, SAINTE-LIVIèRE, HAENN).
Ces compagnies d'ouvriers ne doivent pas être confon-
dues avec les six compagnies de mineurs, également du
corps royal, davantage rattachées aux régiments. Selon
d'Etat de 1782, la compagnie de BARBERIN était aux Iles et
deux escouades de la compagnie de CHAZEL à l'armée de
ROCHAMBEAU.
Pour en revenir au passionnant article de Gérard
Lafleur sur les "Immigrés du Matouba", il est certainement
le premier à savoir qu'en relevant les Alsaciens et
Lorrains de cette région, on ne tombe pas forcément sur
des colons de la Guyane en 1762-1763. La liste serait à
réduire en fonction d'autres probabilités d'origine. C'est
à coup sûr le cas pour Jean-Pierre LIMON qui se marie en
1782, à 23 ans, et qui est né (donc vers 1759) dans un
faubourg de Metz. La Lorraine et l'Alsace étaient un
secteur de recrutement massif pour le corps royal d'artil-
lerie. On peut en supposer autant pour Nicolas GUEMETERRE,
"caporal au corps royal d'artillerie" en 1775, pour Daniel
d'ENNEBERK, "gagiste de l'artillerie" en 1779, pour
Antoine MOUQUESTURM, "ouvrier audit corps royal" (encore
un de la compagnie DUPUCH...), mort à Basse-Terre en 1779.
Mais le mariage de LIMON met sur la piste intéressante des
rapports entre ces soldats, très dispersés, et les demoi-
selles à marier du lieu. L'exemple MOUQUESTURM montre
d'ailleurs qu'ils n'étaient pas tous disponibles puisque
celui-ci est arrivé (en 1777 certainement) marié depuis
deux ans avec une payse de Strasbourg.
de Jacques de Cauna : CARVALHO et BOYER (pp. 625 et 704)
Extraits de "The French families of Saint-Domingo and
Jamaica" en 3 volumes, par Louis C. Malabre, 1948, Insti-
tute of Jamaïca (Kingston) National Library :
(vol II p. 116) Burial record of Rose-Adélaïde BOYER, Mme
CARVALHO (from Holy Trinity Cathedral Funeral Register) :
On the 25th of June 1851, Rose BOYER CARVALHO, 55 years
old, was buried in the Catholic Cemetery, a native of
Haïti, died yesterday. Signed Jos. Dupont.
Note : The Catholic Cemetery in this case means the church
yard of Holy Trinity Church, corner of Duke and Beeston
Streets, Kingston, Jamaïca (ce cimetière a été détruit).
(vol II p. 115) Marriage record
de Benjamin-Charles CARVALHO, du 8 décembre 1859, né au
Cap-Haïtien, fils légitime de feu Charles, négociant au
Cap-Haïtien, et de Rose BOYER, même ville,
et Louise-Antoinette PRESTON, née au Port-au-Prince, fille
légitime de Charles-Antoine, négociant au Port-au-Prince,
Hayti, et Louise-Clémentine DELAITTRE, même ville,
en présence de M. Charles Preston et M. P.J.S. Laraque.
Autres signataires : N. Carvalho, E. Cognière, Stephen
Preston, G. Hoeresty, Emily Drysdale, Rose-Evelina
Preston, Char. Aug. Preston, Emmanuel Lyons, A. Cognière,
A.H. Lyons, S. Leake, J.E. Dupeyron, vicaire apostolique.
(vol. III p. 82) Généalogie CARVALHO
Charles CARVALHO
o ca 1796 Bordeaux; parents décédés à St-Domingue
x ca 1818 au Cap, Rose-Adélaïde BOYER, présumée à tort
fille du général français baron Jean-Paul BOYER (ou
plutôt Pierre-François-Xavier baron de BOYER, envoyé
à St-Domingue en 1802 avec l'expédition LECLERC comme
chef d'Etat-Major, en même temps que Jean-Pierre
BOYER (o Port-au-Prince en 1776)
plusieurs enfants dont sept connus :
- C.F. (Charles-Frédérich ?)
- Georges-Washington
- Vesta, religieuse
- Adèle x Alexandre POUGET, du Cap
- Joséphine
- Napoléon-Victor o Le Cap 7 10 1827
- Benjamin-Charles o Cap 1833 x Louise-Antoinette PRESTON