G.H.C. Bulletin 95 : Juillet-Août 1997 Page 2029
Listes de passagers pour les Antilles
chez certains négociants en philatélie (environ 300F). Il
a été réédité en fac-similé par James Bendon LTD, PO BOX
6484, LIMASSOL, CYPRUS (Chypre) et distribué par Soluphil
S.A, BP 2675, L1026 (Luxembourg), Tel (352) 44 10 95 Fax
(352) 45 57 76. Le prix est de 300FF pour le tome 3 et
325FF pour le tome 4.
Ceci exposé, il est bon de préciser quelques données :
Le terme paquebot n'a pas la même signification de nos
jours qu'avant la dernière guerre. De nos jours il désigne
un navire spécialement aménagé pour la croisière et trans-
porte de plus ou moins riches touristes sur des desti-
nations ensoleillées. A l'origine le paquebot, de
l'anglais "packet boat" est un navire de commerce, un
cargo, dont l'armateur a obtenu, le plus souvent par appel
d'offres, la concession du transport du courrier vers un
pays lointain. Il était rémunéré par une part fixe plus
une part calculée en fonction du poids du courrier trans-
porté, par contre il était tenu d'assurer régulièrement
son service. Le calendrier de celui-ci était porté à la
connaissance du public par journal officiel, la presse
locale, avis dans les bureaux de postes, dans les alma-
nachs; on le trouve aussi dans les dictionnaires des
communes (par exemple celui de J. Meyrat en 1895).
Dans la seconde moitié du XIXème siècle, avec les
progrès de la machine à vapeur et des coques métalliques,
les voyages intercontinentaux par voie maritime rendent
plus aisés les voyages des personnes (Le Havre - New York
dure un mois en 1830, une semaine en 1939). Ce sont
d'abord les commerçants et les fonctionnaires coloniaux
qui en profitent ainsi que les premiers et déjà riches
touristes; puis les différentes vagues d'émigration vers
les Etats- Unis firent le gros des voyageurs de cette
époque. Mais le paquebot (le mot s'est alors internatio-
nalisé sous sa forme francophone) est toujours et avant
tout un transport de marchandises.
Pour mieux rentabiliser leur produit et améliorer le
confort des passagers, les armateurs ont alors aménagé des
cabines plus ou moins luxueuses et dont le nombre varie
entre 5 et 50 suivant le tonnage du navire, son standing,
sa ligne (les liaisons se faisant plus régulières,
certains navires font toujours le même trajet) et
l'époque. Mais les navires sont toujours des cargos, ils
sont alors appelés cargo-mixtes. Pour mieux connaître la
vie à bord de ces navires, on peut lire certains romans de
Georges Simenon (entre autres "Le passage de la ligne").
Au début du siècle, apparurent les premiers bateaux
destinés au transport presque exclusif des passagers
(Queen Mary, Normandie, Titanic etc.) dont l'âge d'or fut
entre les deux guerres.
Après la guerre le développement de l'aviation a fait
abandonner ce mode de transport, mais il est toujours
possible de l'utiliser. Presque tous les cargos actuels
offrent des cabines et des services très confortables
(voir "Le Guide des Voyages en Cargo" de Hugo Verlomme,
Ed. JC Lattès, 149FF).
Vers l'Amérique du Nord, presque toutes les grandes
nations maritimes avaient leurs propres lignes et
compagnies. Il en était ainsi de la France, de la Grande-
Bretagne, de l'Allemagne, mais sans doute aussi de
l'Espagne, du Portugal, et de l'Italie mais je n'ai aucune
information sur ces derniers. A mon avis, les Etats Unis
devaient assurer des liaisons sur toute l'Europe. Les
lignes secondaires étaient nombreuses. Les Français privi-
légiaient les relations avec leurs colonies (alors pas
encore départements), les Anglais les leurs, les Allemands
les pays d'Amérique du Sud mais aussi certaines Caraïbes,
en particulier Haïti où ils avaient implanté des comptoirs
(Saint-Marc, Jacmel) et où vivait une communauté de
commerçants allemands (W. BUCH, H. POHLMAN, etc.).
En résumé, pour retrouver le passage d'un parent vers le
Nouveau Monde, il faudra s'armer de patience. En effet les
possibilités étaient multiples.
l) Prendre un navire français, dans ce cas 2 possibilités:
- les lignes régulières des compagnies françaises chargées
d'une mission postale : voir archives de la CGM devenue
par la suite CGT, puis je crois redevenue CGM, les
archives doivent exister. Contacter la compagnie (peut
être devenue actuellement Croisière Paquet ou Messageries
Maritimes ou Chargeurs Réunis, j'avoue que je n'ai pas
suivi l'actualité des restructurations de l'armement
français mais cette information m'intéresse), ne pas
négliger la voi(x)e du Comité d'entreprise où ce serait
bien le diable si on ne trouvait pas un érudit sur
l'histoire de la société. Voir ouvrage cité plus haut et
le Musée de la Poste où il sera toujours possible de
trouver des références.
- une autre compagnie : dans ce cas, en dehors des
archives de l'entreprise, il doit y avoir une trace offi-
cielle des embarquements dans les ports (Archives
départementales ou municipales); ne pas négliger les
demandes de passeport (à certaines époques le passeport
n'était valable qu'une fois pour une destination).
- ne pas oublier que les ports d'embarquement vers l'Amé-
rique étaient naturellement sur la façade atlantique, mais
rien n'empêchait un armateur marseillais ou toulonnais
d'envoyer un bateau vers cette destination, et des places
pouvaient être disponibles à bord, et pas toujours au prix
le plus élevé.
2) prendre un navire d'une autre nationalité :
- espagnol, portugais, italien : peu probable sauf pour ce
dernier car il peut être appelé à faire escale en France
mais cela relève du mode aléatoire.
- anglais : de manière naturelle les navires anglais
n'avaient pas besoin de relâcher en France pour effectuer
la traversée. Par contre le vapeur Calais-Douvres
fonctionnait à plein régime, et il y avait des liaisons
régulières du Havre, de Boulogne, de Fécamp vers l'Angle-
terre qui devaient permettre de rattraper un des "steam
ship" des compagnies anglaises (si cela est vraiment
important je pourrai essayer de poser la question des
sources dans le milieu des spécialistes des relations
postales maritimes anglaises mais sans garantie de
résultat). Eventuellement contacter des relations
anglaises pour exploiter les sources de la Lloyd, je sais
qu'il exist(ait)e un Lloyd's Weekly Index.
- allemand : cette possibilité est très probable car les
Allemands, n'ayant pas ou peu de colonies, avaient privi-
légié le commerce interlope et en particulier avec l'Amé-
rique Centrale et du Sud. Leurs navires pouvaient avoir
besoin de relâcher dans un port français pour
"charbonner", même s'ils le faisaient souvent dans un port
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Révision 23/01/2005