G.H.C. Bulletin 95 : Juillet-Août 1997 Page 2027
COMPTE-RENDU DE LECTURE
Pierre Bardin
Histoire de la Martinique (tome 1)
Armand Nicolas
L'Harmattan, 190F
Armand Nicolas n'est pas un inconnu pour qui s'inté-
resse à l'histoire de la Martinique. En 1960 il avait fait
paraître une brochure intitulée "La Révolution antiescla-
vagiste de mai 1848 à la Martinique", dans lequel il
montrait que, devant l'atermoiement des autorités locales
pour appliquer le décret d'abolition du 27 avril, il avait
fallu un véritable soulèvement des esclaves pour que leur
liberté soit enfin reconnue.
Ici, l'entreprise est toute différente. Il s'agit, en
deux volumes, de présenter "L'Histoire de la Martinique
des origines précolombiennes à 1939". Le premier tome, qui
est l'objet de cette présentation, visionne la Martinique
des Arawaks à l'abolition de 1848. L'auteur, professeur
d'histoire, va à l'essentiel. Il a décidé de faire
connaître à un public de non spécialistes la globalité de
cette longue histoire dans laquelle, comme pour toute
entreprise humaine, se mêlent l'anthropologie, le social,
le culturel, le religieux, l'économique, pour arriver à la
naissance, après bien des tourments, d'une société plus
juste, une société dans laquelle ses enfants, sans rien
renier d'une culture apprise, retrouveraient une culture
qui est la leur, née d'un brassage ethnique aux racines
diverses sans doute, mais qu'ils revendiquent, voulant
qu'elles leur soient reconnues.
Pour cela, il va à l'essentiel, mais sans trahir les
faits; il ne s'attarde pas dans le détail spécialisé mais
montre, par des tracés très clairs, comment se bâtit cette
nouvelle société, des Arawaks aux "défricheurs",
"seigneurs propriétaires" puis à "l'administration royale"
à partir de 1664. La richesse des uns, bâtie sur le
travail servile des autres; la vie de tous les jours des
diverses composantes qui se croisent sans se mêler; les
secousses de la métropole, qui ne laissent aucun des
éléments sociaux indifférents, pour des raisons diamétra-
lement opposées. Cette société, construite autour de
"l'habitation", qui s'écroulera un jour pour être
remplacée par un capitalisme industriel. Des noms
jaillissent comme des éclairs : ESNAMBUC, DUPARQUET, FOUTA
et HONORÉ, LITTÉE, BISSETTE, SCHOELCHER...
Armand Nicolas fait montre, et c'est logique, d'une
passion non dissimulée pour son sujet. Je crois qu'il nous
propose un très beau cours d'histoire. Dire qu'il a
beaucoup lu est un euphémisme. On n'écrit pas une telle
somme sans l'étude attentive des textes fondateurs, des
journaux, des décrets, etc. Le Citoyen n'est pas loin de
l'Historien. Dommage que, pour ne pas alourdir, il ait
décidé de ne pas publier de bibliographie. Il a voulu un
ouvrage simple et pratique à manier : il a réussi.
EN FEUILLETANT BULLETINS ET REVUES
Chasse-Marée n° 106
Abri du Marin 29177 Douarnenez Cedex, 60F
(information de Jean-Michel André)
- Fortunes de mer au XVIIIe siècle, les Nantais sur la
route des îles d'Amérique Jacques Ducoin (pp. 30-45)
COOPÉRATION
d'Emmanuel Boëlle : Sépultures CHAUVITEAU suite (pp. 1841
et 1964)
Grâce à un de mes cousins, j'ai redécouvert la sépulture
de l'un des fils de Salabert CHAUVITEAU, non connue
jusqu'alors. Il s'agit de celle de Thomas CHAUVITEAU (o La
Havane 1813 + 1881). Il est inhumé au Père Lachaise, à 100
mètres environ de ses parents. Avec lui sont sa femme
Octavie CARRèRE, sa fille Madeleine épouse MEIGNAN et
d'autres.
Peu après sa naissance, son père disait de lui, en
écrivant à son beau-frère GUENET, dans ce mélange
d'anglais et d'espagnol qui lui était familier "My last,
Thomas, is the finest fellow of the Havanna, his padrino
Carrera está embobado con él" (Mon dernier, Thomas, est le
plus joli garçon de la Havane et son parrain, Carrera, en
est emballé).
Il manque encore les sépultures de Jean et Philippe (à
suivre).
d'Emmanuel Boëlle : Réfugiés de St-Domingue expulsés de La
Havane en 1809 (p.1974-75)
Quelle surprise de savoir qu'il existait une étude sur les
Français (pas uniquement venus de St-Domingue, ferais-je
observer) chassés de Cuba en 1809 !
J'y trouve, en dehors de Jean CHAUVITEAU, mal orthographié
Cheviteau (le fameux Salabert) et qui venait de Guade-
loupe, son ami Jean LINE et des noms connus, mentionnés
par les CHAUVITEAU : Juan LASALLE, Louis Mors d'Orvigy
(pour DE MONS d'ORBIGNY), d'ESPINVILLE (que Salabert
qualifie d'imbécile !), Joseph CATALOGNE, etc.
Des traditions familiales allaient jusqu'à raconter que
Salabert CHAUVITEAU s'était caché sous le lit conjugal
pour échapper aux recherches. En fait, il semble qu'il
soit parti sans armes, mais avec bagages, pour les Etats-
Unis, d'où il revint en 1811 pour se réinstaller complè-
tement avec sa famille en 1812, à La Havane, où son beau-
frère espagnol HERNANDEZ semble avoir géré ses affaires
entre temps. Où et comment obtenir la copie intégrale ?
NDLR Voir page 2033.
Communiqué par Enry Lony : un article de France-Antilles
(21/04/1997) "Quand les RADIGOIS rencontrent les RADIGOY"
(pp. 1975 et 2004)
L'article rend compte de la rencontre des "cousins" de
Saint-Herblain et de Martinique, en reprenant les données
généalogiques publiées dans le numéro d'Ouest France du 3
avril mais en précisant que le commandant du navire "La
Grande Terre" (sur lequel était parti de Nantes César
RADIGOY, le 4 juin 1750 "avec sa femme") était son cousin,
Pierre CURATEAU, marié le 25 novembre 1746 avec Renée
RADIGOY. Puis on passe directement à 1830, avec une
Victoire RADIGOY, ancêtre connue des actuels RADIGOY du
Robert et de Trinité.
Tout cela ne donne pas encore le lien entre ces deux
filiations et celle issue d'Adrien, qui a fait souche en
Martinique au début du XVIIe siècle.
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Révision 23/01/2005