G.H.C. Bulletin 89 : Janvier 1997 Page 1835
Compléments et commentaires sur la famille van SUSTEREN
en Guyane et aux Antilles au XVIIème siècle
Leur nom de famille semble d'ailleurs ne pas être
connu dans la province à cette époque. Vlissingen était un
port d'embarquement pour les Antilles et la Guyane, les
grands voyageurs ne faisaient que passer. Il est possible
qu'ils aient été envoyés en Europe, comme beaucoup de
jeunes gens de l'époque pour, leurs études une fois
achevées, y prendre femme.
La famille RUBBENS, par contre, semble bien être
originaire de Vlissingen. En effet, le 2 février 1649, le
bourgmestre de la ville adressait au Prince d'Orange une
requête d'un Isaac RUBBENS qui sollicitait la charge de
maître des postes (25). Il ne serait pas surprenant que ce
dernier fût précisément le propre père de nos Prina et
Barbara, les épouses van SUSTEREN, ainsi que de cet autre
Isaac RUBBENS que l'on sait installé en Guadeloupe en
1687.
2. Borome.
On a souvent insisté, après DUTERTRE, sur l'origine
brésilienne des Néerlandais de la Guadeloupe au XVIIème
siècle. C'est pourquoi, il est temps de signaler ici que
le Cornelis GOLIATH dont il s'agit avait été employé en
Brésil néerlandais en qualité de cartographe (26) mais
aussi comme ingénieur-architecte par le Comte Jean-Maurice
de NASSAU, qui était alors, comme on sait, gouverneur du
pays pour les Etats-Généraux des Provinces-Unies.
De retour en Europe en 1647, il fut engagé comme
ingénieur-géographe de l'île de Walcheren. Puis, il fut
banni pour avoir tué un homme dans une taverne, au cours
d'une rixe. C'est en 1658, que nous le retrouvons comme
chef de l'expédition de Borome.
Ce n'est donc pas un hasard si GOLIATH s'était
entouré d'anciens pionniers du Brésil et parmi eu , peut-
être, Corneille van SUSTEREN, qu'il aura pu rencontrer à
Middelburg ou Vlissingen ?
Quoi qu'il en soit, lorsqu'en 1665 les Anglais
pillèrent et dévastèrent les habitations zélandaises de
Borome, il fallut bien que les survivants s'enfuient et
abandonnent sur place leurs chaudières et leurs moulins à
sucre.
Fugitifs ou bien prisonniers, c'est finalement à
destination des îles néerlandaises, voire françaises, ou
plus directement vers les Pays-Bas, que les colons de
Borome auront dû se rendre.
3. Les van SUSTEREN dans les Antilles.
La première proposition paraît la plus vraisemblable, car
c'est dans l'île de St-Eustache que nous retrouvons en
1687-1688 (27), la trace d'un certain "C. van SUSTEREN"
qui pourrait bien être notre Corneille van SUSTEREN.
Or, si nos renseignements sont exacts (28), Henri van
SUSTEREN est né dans la partie anglaise e l'île de St-
Christophe. Après la fuite de Borome ? Si oui, cela
suppose qu'il se soit marié à West-Souburg à l'âge de 16
ans seulement, ce qui n'est pas vraisemblable.
Vieillissons-le par la pensée de quatre ans seulement, et
nous pouvons admettre alors qu'il sera né dans cette île
vers 1662, par exemple à l'occasion d'un voyage que sa
mère aura pu faire dans l'île. Cela pourrait concorder
avec la généalogie publiée dans G.H.C. pages 1715-1716.
Ainsi, il est possible que les van SUSTEREN, lassés des
aléas de l'agriculture tropicale aient préféré, à l'instar
de nos planteurs contemporains, se reconvertir dans le
commerce. Dans son acte de mariage en Guadeloupe en 1688,
Mathieu van SUSTEREN, ainsi que son père d'ailleurs,
n'est-il pas dit : "marchand en cette île" ?
Il reste entendu que tous ces "commentaires" n'ont de
sens que si Jean et Henri étaient effectivement les frères
de Mathieu, comme cela semble très probable.
4. 's-Hertogenbosch.
Nous n'avons pas en vérité le moindre commencement de
preuve d'une quelconque parenté entre les van SUSTEREN des
Antilles et ceux de 's-Hertogenbosch. Certes, les
activités commerciales outre-Atlantique de ces derniers,
et surtout le voyage de Pedro van SUSTEREN de Cadix aux
Antilles en 1712, plaident assurément en faveur d'un
contact entre les deux familles. Néanmoins, les alliances
catholiques en Espagne rendent très douteuse une parenté
proche avec la branche protestante de la Guadeloupe. Il
conviendrait de pousser les recherches du côté de
Francisco qui a vraisemblablement laissé des traces sinon
dans la littérature spécialisée, du moins dans les
archives. Il est en effet tout à fait possible que ce
dernier ait participé, entre autres, à Cadix à "l'assiento
de negros" que son compatriote Baltazar COYMANS avait
contracté en février 1685 avec le roi d'Espagne (29).
III. Conclusion.
L'origine géographique de la famille protestante van
SUSTEREN des Antilles, est à rechercher en priorité aux
Pays-Bas, dans les provinces de Brabant et de Gueldre
(30).
De là, une branche de la famille se serait fixée en
Zélande, pour passer ensuite au Pomeroon (Guyana), après
un éventuel séjour au Brésil ou dans l'île de Tobago.
Chassée de Guyane par les Anglais en 1665, elle se
serait réfugiée dans l'île de St-Eustache.
Après la révocation de l'édit de Nantes en 1685, la
famille van SUSTEREN se serait divisée en deux rameaux :
l'un, resté protestant, se serait réfugié en Caroline, en
Amérique du Nord, et l'autre, converti au catholicisme et
naturalisé français, aurait fait souche à la Guadeloupe.
Une autre branche de la famille, installée à Cadix en
Espagne, aurait pu rester en contact avec les van SUSTEREN
de la Guadeloupe, notamment pour le fait de la traite des
nègres.
Notes
(1) West-Souburg : localité située entre Vlissingen et
Middelburg.
(2) Rijksarchieven Zeeland, Middelburg, Fichier Walcheren.
(3) Depuis leur éviction de Sao Luis do Maranhao en 1613-
1614 et jusqu'aux négociations diplomatiques de Lisbonne
et d'Utrecht (1697-1713), les Français ont toujours
considéré que la limite septentrionale du territoire du
Brésil, désigné comme tel, se trouvait sur la rive gauche
de l'embouchure de l'Amazone.
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Révision 20/01/2004