G.H.C. Bulletin 87 : Novembre 1996 Page 1785

Les débuts de l'aviation aux Antilles
Guy Stéhlé

     Les avions gros porteurs ont mis quotidiennement  les
Antilles à moins de huit heures de vol de la Métropole.
Les  relations  inter-Caraïbes,  elles  aussi  fréquentes,
desservent même les plus petites îles comme  St-Barthélemy
ou les Saintes, parfois dans des conditions d'atterrissage 
spectaculaires mais tout de même sans danger.
     A propos, que savons-nous des  débuts  de  l'aviation
aux Antilles ?

     Le premier à s'élever dans les airs,  en  Martinique,
fut un Anglais nommé COLBY. Cela se passa à  Saint-Pierre,
un dimanche de 1886, grâce à un ballon libre. Une biguine, 
qui eut  alors  beaucoup  de  succès,  résume  le  premier
épisode de l'affaire :

Jus Colby qui lé vini badiné nou !
Colby monté, Colby décende,
Colby dans l'eau.

     Vexé, Colby  recommence  le  dimanche  suivant.  Avec
succès. Pour couronner son exploit, il réalise la première 
descente en parachute dans la rade de Saint-Pierre.

     Dans la course à la conquête de l'air, la  Guadeloupe
prend quelque avance. Dès  1912,  le  Guadeloupéen  RESTAN
expérimente un avion de sa fabrication. Une  carte  excep-
tionnelle de PHOS nous le montre  debout  sur  sa  machine
entouré d'une  foule  étonnée.  A  la  première  tentative
d'envol, pilote et machine font un plongeon  spectaculaire
dans la darse de Pointe-à-Pitre.  C'est  sans  doute  pour
cela que l'expéditeur de l'exemplaire en ma  possession  a
malicieusement complété ainsi la légende  de  la  carte  :
"Premiers essais en public de l'aéroplane de M.  Restan  -
plan". L'année suivante,  en  septembre,  avec  un  biplan
Farman, M. RAYBAUD a plus de  chance.  Après  deux  essais
infructueux, il réussit à partir de Destrellan, à survoler 
Petit-Bourg. Quelques jours plus tard, il  renouvelle  son
exploit, atteint cinq  cents  mètres  d'altitude,  survole
Pointe-à-Pitre, mais s'écrase à  Dubouchage,  se  blessant
sérieusement.

     Jusqu'en  1922,  pas  d'autres  tentatives  à   notre
connaissance, ni sur terre, ni sur mer. Cette année-là, la 
Guadeloupe  et  la  Martinique  reçoivent  la  visite   de
l'hydravion américain le "Sampaïo-Correira  II"  en  route
pour Rio de Janeiro. Parti le 29  août  1922  de  Floride,
après de nombreuses escales,l'appareil relie d'u e  traite
Porto Rico à la Guadeloupe, le 11 octobre.  Le  lendemain,
il amerrit dans la Baie des Flamands; il y reste  jusqu'au
15, suscitant l'admiration des  Foyalais  et  les  commen-
taires  les  plus  surprenants.  Une   brave   campagnarde
s'exclame : "Je n'ai jamais vu cette bête-là vivante !".

   L'année suivante a lieu la première liaison Guadeloupe- 
Martinique  avec  Sadi  LECOINTE,  héros   de   l'aviation
française. Son hydravion, un monomoteur  Schreck  17,  est
baptisé Karukéra. Le 8 décembre, il  relie  Sainte-Anne  à
Basse-Terre. Une semaine plus tard,  il  met  moins  d'une
heure pour atteindre Fort-de-France. Pendant huit jours il 
donne des baptêmes de l'air, survolant pratiquement toutes 
les communes de l'île.

     L'année 1935 indique un tournant  avec  la  venue  en
Martinique d'un des plus beaux  hydravions  du  monde,  le
Latécoère 521 "Lieutenant de vaisseau Paris". Long  de  32
mètres, haut  de  9  mètres,  équipé  de  six  moteurs  le
propulsant  à  230  km./h,  il  peut  transporter   trente
passagers. C'est réellement le premier appareil à vocation 
commerciale à rallier les Antilles.
     En 1937, la P.A.A. installe  une  escale  à  Fort-de-
France avec des hydravions  Sikorsky.  Ils  permettent  de
gagner l'Europe en changeant trois  fois  d'avion  certes,
mais le paquebot mettait alors douze jours !

     Les liaisons commerciales avec  le  France,  toujours
par hydravion, démarrent en 1947, grâce à Air France et le 
Latécoère 631. C'est un très beau monstre  de  75  tonnes,
avec six moteurs de 1900 CV et une vitesse  de  300  km/h.
Les rotations durent  un  an,  tous  les  14  jours.  Pour
compléter son réseau, Air  France  met  en  service  trois
appareils amphibies Catalina qui desservent la  Guadeloupe
et la Martinique. Malheureusement, le 31 juillet 1948,  le
"Laté 631" s'abîme en mer, ce qui met fin à  l'époque  des
hydravions.
  Pendant ce temps, la Guadeloupe a construit un aérodrome 
au Raizet. Le 9 août 1950 est inaugurée la ligne Paris/New 
York/Pointe-à-Pitre  en   Constellation.   L'aéroport   du
Lamentin ouvre ses portes peu après,  mais  il  doit  tout
d'abord se contenter de la desserte caraïbe avec la  B.W.I
et la Pan-Am.  Pourtant,  le  25  août,  le  premier  long
courrier d'Air France arrive de Paris. C'est  un  Constel-
lation qui met alors Paris à dix-sept heures, avec  escale
à Lisbonne et à Sainte-Marie des  Açores.  Désormais,  les
liaisons  deviennent  régulières  et  de  plus   en   plus
fréquentes. Le Super-Constellation apparaît en 1956,  puis
viennent, au début des années 70, les Boeing  707  et  les
DC-8. Quelques accidents graves endeuillent  les  familles
sans  pour  autant  arrêter   le   progrès.   Les   pistes
s'allongent,  les  aéroports  se  modernisent,   les   747
passagers ou cargos deviennent familiers aux Antillais.

     Le temps où l'on venait en famille et  par  curiosité
assister à l'arrivée de "l'avion" est désormais révolu !

EN FEUILLETANT BULLETINS ET REVUES

            Amitiés généalogiques bordelaises 
             2 rue Paul Bert, 33000 Bordeaux 
                n° 55, 2ème trimestre 1996

- François BONAFFÉ, un armateur heureux Nelly Auvard
- Embarquements (1713-1787) AD Gironde, série 6 B
  - 6 fascicules classés par région de départ,  de  50F  à
     180F; l'ensemble, 450F
  - répertoire des passagers originaires des îles : 85F
  - répertoire des autres passagers, de Bordeaux vers  les
     ports de métropole et de l'étranger : 90F 
  -il est possible d'obtenir les fiches  individuelles  au
     prix de 20F la première et 5F les suivantes
- Dépouillement des registres des passeports  de  Bordeaux
  (1793-1858) pour toutes destinations; en cours


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Révision 28/12/2004