G.H.C. Bulletin 85 : Septembre 1996 Page 1706
La Guyane; aperçu géographique et historique
André Barthélemi
I. APERÇU GÉOGRAPHIQUE
La Guyane occupe une partie du Plateau des Guyanes,
qui va de l'Orénoque à l'Amazone. Ce plateau est partagé
entre le Venezuela, la Guyana (ancienne colonie anglaise,
indépendante en 1966), le Surinam (ancienne colonie
hollandaise, indépendante en 1975), la Guyane (on n'ajoute
plus "française" depuis que les autres sont indépendantes)
et le Brésil. La Guyane a pour frontières le Maroni, à
l'ouest et l'Oyapock, à l'est. Au sud, des collines la
séparent du Brésil. Sa superficie est de 90.000 km².
Le Plateau descend vers la mer, par paliers successifs,
d'un massif central n'atteignant pas 700 m.. Les expédi-
tions HURAULT, dans les années 1960, ont montré qu'il n'y
avait pas de Mont Tumuc-Humac. Ce relief explique que les
cours d'eau soient coupés de rapides : les "sauts".
La plaine côtière est formée par les alluvions des
fleuves au débit abondant (le Kourou a 3.000 m3/s., deux
fois celui du Rhône), et surtout par les vases de
l'Amazone, ce qui explique que l'eau de la mer soit
trouble : on compte 100 g de sédiments par litre. Une dune
se crée perpendiculairement aux vents dominants, trans-
formant les golfes en marécages : les "pripris".
Nouvelle dune, nouveaux pripris, tandis que les premiers
s'assèchent. Ainsi la côte avance, rattachant des îles qui
forment des alignements de collines de 200 m. environ :
Montagne des Trois Pitons à l'est, Mont Cépérou à Cayenne,
Montabo, Bourda à l'est de Cayenne, etc. En avant de la
côte se trouvent des îles non encore rattachées : Iles du
Salut, au large de Kourou (dont celle du Diable où
séjourna DREYFUS), Ilets Le Père, La Mère, les Mamelles,
au large de Rémire-Montjoly, etc.
Le climat est équatorial (2° à 6° de latitude Nord),
humide (3 m. de pluies), chaud (amplitude annuelle : 2°),
mais pas torride (moyenne du mois le plus chaud : 27°;
amplitude journalière : 13°); les nuits peuvent être
fraîches. L'alizé du nord-est souffle une grande partie de
l'année et rafraîchit l'atmosphère. La saison sèche dure
trois ou quatre mois, celle des pluies de novembre à juin,
coupée par le "petit été de mars".
C'est un régime d'hémisphère sud, la Guyane se trouvant à
peu près sur l'équateur thermique.
La végétation
- La forêt dense couvre 85 % du pays. Située à l'inté-
rieur, c'est la grande richesse : bois d'oeuvre pour la
menuiserie, bois précieux pour l'ébénisterie, bois de rose
pour les parfums (linalol).
- La Mangrove : formée de palétuviers aux racines
aériennes, elle se trouve sur la côte et le long de
l'estuaire des fleuves, là où il y a de la vase.
- La Savane : où les sols sont pauvres et lorsqu'ils ont
été trop longtemps cultivés.
La faune
Très diverse, mais pas très abondante.
- Mammifères : jaguar, tapir, pécari, singes, agouti,
tamanoir, etc.
- Oiseaux : ara, hocco, urubu, frégate.
- Reptiles : iguanes, caïmans, tortues de mer.
- Insectes : papillons, mygales ("araignée-crabe").
Les sols
Lessivés par les pluies lorsqu'ils sont déboisés (laté-
rite), ils s'épuisent vite, d'où la culture nomade sur
brûlis : "abatis" (1/2 des terres cultivées) exploités
deux ou trois ans, puis abandonnés. Les plus riches se
trouvent dans la zone marécageuse, au bord des fleuves et
sur la côte est.
Les cultures
Légumes : courges, gombos, christophines...
Racines alimentaires : igname, tayove, patate, manioc dont
on fait le "couac".
Arbres fruitiers : bananiers, manguiers, cacaoyers,
palmiers (awara, maripa).
Aussi ananas, maïs, canne à sucre etc.
L'élevage
Traditionnel : volailles, porcs, lapins. Bovins dans les
savanes.
La mer
Les poissons sont une des richesses du pays. Crevettes.
Pêche artisanale ou moderne pour les crevettes.
Le sous-sol
Encore peu exploité : or, bauxite, tantalite, diamant
industriel.
Les communications
Difficiles vers l'intérieur, seulement par les fleuves, et
maintenant par avion. L'île de Cayenne est bien desservie
par la route. Celle-ci arrive jusqu'à Saint-Laurent, mais
vers le Brésil elle ne dépasse pas Régina.
La population
Types ethniques variés, "melting pot" :
- Les Amérindiens, autochtones. Six tribus : Wayana
(Guyane), Galibis, Oyampis, Palicours, Emérillons,
Arawaks. 20.000 en 1750, 900 en 1962, 5.000 actuellement.
Ils vivent de chasse et de pêche;
- Les "Nègres des bois", descendants des esclaves
"marrons" : Bonis, Boschs, sur le Maroni. Ils vivent de la
culture et du métier de canotier. 25.000 actuellement.
- Les créoles, nés du métissage entre colons blancs et
esclaves noires, puis avec Hindous, Annamites, Antillais,
Chinois, Libanais, etc.
- Les Européens, fonctionnaires. Leur nombre augmente avec
le Centre spatial.
- Les immigrés récents: Surinamiens, Brésiliens, Haïtiens.
Nombre d'habitants
Réduit pendant longtemps, il augmente depuis le milieu du
siècle :
1830 : 24.000; 1954 : 28.000; 1994 : 136.000, dont 1/4
d'étrangers (Le Monde diplomatique du 21.03.1994).
Néanmoins, la densité reste faible : 1,3 hab. au km², bien
qu'elle ait quadruplé depuis 1954.
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Révision 28/12/2004