G.H.C. Bulletin 82 : Mai 1996 Page 1629
>Les JUSTON en Guadeloupe, du XVIIe au XIXe siècle
Joseph Charles JUSTON BELLEVILLE en Seine-et-Marne
Les archives de Seine-et-Marne contiennent de riches
dossiers sur les réfugiés des colonies auxquels étaient
attribués de secours sous la Révolution, dossiers que nous
avons entièrement dépouillés, il y a plus de quinze ans (L
141 à 144; 210 à 216).
Joseph Charles JUSTON BELLEVILLE, qui "avait toujours
habité les colonies", parti de Guadeloupe le 31 mai 1792,
était arrivé à Nantes le 14 juillet. En vendémiaire an III
(septembre-octobre 1794), il s'est retrouvé à Chartrettes,
près de Melun où il a été quelque temps employé dans
l'administration du département de Seine-et-Marne.
Licencié, il s'est endetté et s'est retrouvé sans
ressources alors qu'il était propriétaire en Guadeloupe
d'une "manufacture à sucre" employant 400 nègres,
séquestrée par le gouvernement. Ce qui motive sa demande
de secours qui nous vaut toutes ces informations.
En prairial an II (mai-juin 1794), il avait épousé en
France Quintille d'AGNEAUX DOUVILLE, laquelle, native de
Guadeloupe, se trouvait en France depuis 1785 ou 1786,
pour son éducation; le 12 juillet 1790, sa soeur Adélaïde
l'avait rejointe. Chacune des deux soeurs recevait lors
1.500 livres de pension par an, leurs parents étant
propriétaires d'une manufacture à sucre employant 75
nègres.
Quintille et Adélaïde d'Agneaux Douville étaient
pupilles de Pierre Antoine PRÉAUX, qui résidait tantôt à
Paris, 18 rue de Grammont, tantôt à Chartrettes avec ses
pupilles. Il était veuf et, lui aussi, originaire de
Guadeloupe où ses propriétés avaient été incendiées.
Tous les membres de cette famille étaient admis aux
secours : 360 francs par an pour Charles, 360 pour sa
femme, 360 pour leurs deux filles nées à Chartrettes, 240
francs pour la belle-soeur célibataire, Adélaïde Douville,
Quand ils repartiront enfin pour la Guadeloupe, c'est
à Sainte-Anne de Grande-Terre qu'ils iront d'abord, sur
les terres de la famille DOUVILLE et PRÉAUX (le frère de
Quintille et Adélaïde avait épousé en 1789 la fille unique
de Pierre Antoine Préaux) et c'est là que naîtra en 1805
le seul fils Juston de Belleville, Marie François René,
qui ne sera déclaré, à Petit-Bourg, qu'en 1818.
Ajoutons qu'il se trouve à Aix en Provence (CAOM) un
dossier EE 1148 (2), que nous n'avons pas consulté, sur
"Juston Joseph Charles, créole de Guadeloupe, 28 ans,
propriétaire en Guadeloupe; secours aux colons déportés,
1798" (et un autre dossier, EE 1148 (1), sur "Juston
Adolphe Louis Charles Marie, né à Rennes le 24 3 1804,
conseiller auditeur à la Cour royale de Guadeloupe, démis-
sionnaire le 25 4 1834", apparemment sans rapport).
Quelques actes notariés
Nous signalons pour finir une série d'actes notariés
très importants, que nous avons consultés et utilisés mais
qui sont trop riches pour en faire état ici. Les registres
sont à Aix et les microfilms aux Archives nationales :
- Me Prosper Louis Léger, 4 12 1823, inventaire après
décès de Charles Joseph Juston Belleville (465.624 livres
7 sols 6 deniers, à partager entre les deux enfants, Marie
François René, mineur, et sa soeur Adélaïde Joséphine
épouse NEAU BOISJOLY).
- Me de Wint, 4 12 1844 et 31 1 1845, inventaire après le
décès de François René Juston de Belleville et liquidation
de sa communauté avec sa veuve, tutrice de leurs quatre
enfants mineurs (58.425 francs 75 centimes).
- Me de Wint, 3 3, 29 4 et 1 8 1845, 18 et 20 11 1846,
bail à ferme de l'habitation Belleville, dépôt de son
procès-verbal d'inventaire, procuration générale d'Anne
Robertine Guillelmine de CALBIAC veuve JUSTON de
BELLEVILLE qui part pour France avec ses quatre enfants
(entre le 29 avril et le 1er août 1845).
Il ressort de ces actes que l'habitation sucrerie
"dite Belleville" ou "di e Juston Belleville" à Petit-
Bourg, au pied et à l'est de la Soufrière, bordée au sud
par l'habitation La Sarcelle, est approximativement de 300
carrés de terre (environ 284 hectares) mais l'origine de
la propriété n'est pas établie. Elle semble tirer son nom
de celui du propriétaire. Une recherche dans le notariat,
avant 1823 et après 1845, permettrait peut-être de savoir,
par la reconstitution de la propriété lors de l'achat ou
de la vente, comment elle est parvenue à Charles Joseph
(ou son père). Sur la carte au 1/50.000 de l'IGN en effet,
entre Petit-Bourg et Goyave, il y a un lieu-dit "Juston"
proche de la rivière Sarcelle, probablement trace topony-
mique de l'habitation Juston de Belleville.
Comme cela était indiqué en introduction, on aura
remarqué, à la lecture de cette généalogie, la progression
géographique "classique" de la famille, à partir de
Capesterre, en remontant vers le Nord de la Basse-Terre :
Goyave, Petit-Bourg, Baie-Mahaut, Lamentin, Sainte-Rose.
On voit aussi le sort différent des branches de la
famille, celles qui s'éteignent, celles qui périclitent à
cause du trop grand nombre de bouches à nourrir et celle
qui émerge par le jeu des héritages et regroupements de
propriétés qui lui permet de belles alliances.
On voit enfin la catastrophe qu'a représenté le
tremblement de terre de 1843, qui a occasionné ici le
départ pour France définitif de cette dernière branche de
la famille.
COOPÉRATION
de Lucile Bourrachot : PINCEVOIR (Les PIERRET, p. 1591)
Saturnin PINCEVOIR, époux de Marie Marthe Pierret (II 1.2)
était né à Unet, paroisse englobée aujourd'hui dans la
commune de Tonneins (47). De nombreux renseignements sur
cette famille figurent dans un article paru en 1935 dans
la Revue de l'Agenais sur des gens de Tonneins partis pour
les Antilles. Le nom de PINCEVOIR y est toujours accom-
pagné de la particule : c'est le cas pour Saturnin mais
aussi pour son frère, Simon de Pincevoir, chirurgien-major
qui partit pour la Guadeloupe en 1725, y épousa en 1731
Thérèse MERCIER (+ 1736 des suites d'un tremblement de
terre) et y mourut le 14 septembre 1736.
NDLR Sur les PINCEVOIR, voir GHC p. 150.
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Révision 28/12/2004