G.H.C. Bulletin 82 : Mai 1996 Page 1617

COMPTE RENDU DE LECTURE
Paul-Henri Gaschignard

SULLIVAN-HOLLEMAN, Élisabeth et HILLERY-COBB, Isabel
The Saint-Domingue Epic. The de ROSSIGNOL des DUNES family 
and family alliances
The Nightingale press, Bay St. Louis, Mississippi,  États-
Unis d'Amérique, 1995.

 C'est l'histoire, l'épopée, d'une famille qui, partie des 
environs d'Agen dès  1638,  avec  François  de  ROSSIGNOL,
seigneur de FONTBONNE, puis son fils Claude, s'est d'abord 
installée à  Saint-Christophe,  et  ensuite,  lorsque  les
Français en furent chassés en 1690, à Saint-Domingue, dans 
la vallée de l'Artibonite.

  Active, industrieuse, elle se multipliera et s'enrichira 
rapidement, contribuant grandement  à  la  fortune  de  la
colonie. Mais tout entière occupée à l'exploitation de ses 
vastes domaines, elle ne participera guère,  à  la  diffé-
rence de maints autres "Grands Blancs", à la vie politique 
qui marque le début de  la  révolution  à  Saint-Domingue.
Jusqu'au jour où, la tourmente  venue,  de  1791  à  1804,
nombre des siens - dix-neuf au moins -  seront  massacrés,
et les autres ruinés, dispersés, qui à la Jamaïque, qui  à
Cuba, qui, surtout, aux États-Unis où ses descendants sont 
encore nombreux aujourd'hui.

     C'est à l'histoire, depuis  les  origines,  de  cette
remarquable famille dont elles descendent que mesdames  E.
Sullivan-Holleman et  I. Hillery-Cobb se  sont  consacrées
pendant plus de quarante ans  avec  les  conseils  et  les
encouragements de spécialistes reconnus, en  premier  lieu
le regretté Gabriel Debien et Marie-Antoinette Menier.
     Histoire d'une famille mais pas, sinon par de  brèves
mentions, des colonies dans lesquelles elle  a  vécu.  Ses
rares mais utiles rappels historiques qu'on y trouve  sont
réduits à quelques points particuliers, tels  que   l'état
d'esprit des populations au début de la Révolution  ou  la
révolte des esclaves et ses atrocités. Ce qui exclut,  par
exemple, toute référence - ou à peu près - aux  assemblées
coloniales, aux commissaires civils, voire à  l'occupation
britannique ; rien n'est dit non  plus  des  activités  de
deux membres de la famille  qui  furent  maires,  l'un  de
Saint-Marc, l'autre de la Petite-Rivière.
Ce qu'on retiendra, c'est l'ampleur de la catastrophe qui, 
à partir de 1791, atteint et balaie une  famille  pourtant
solidement enracinée.

     Mmes Sullivan-Holleman et Hillery-Cobb ont  accumulé,
sur plus de 2.000 individus, en grand  nombre  de  données
concernant non seulement les ROSSIGNOL,  leurs  propriétés
et leurs nombreuses alliances, mais encore bon  nombre  de
leurs compagnons de fortune, puis d'infortune, notamment à 
la Jamaïque et à Cuba. C'est ainsi que tel arrière-arrière 
grand-oncle, sans lien de parenté avec les ROSSIGNOL, dont 
la trace était  perdue  à  la  Jamaïque  depuis  1801,  se
retrouve à la Nouvelle-Orléans en 1828...  Tous  ceux  qui
s'intéressent à ces familles et à  leur  descendance  (aux
États-Unis seulement, depuis le début  du  XIXème  siècle)
pourront s'y référer avec grand profit.

    A condition, toutefois, de s'y retrouver, car, disons- 
le tout de suite, cet ouvrage très  dense,  voire  touffu,
n'est pas d'une exploitation facile. L'ordre chronologique 
prévaut,  certes,  mais pas au  point  d'assurer  que  les 
enfants d'une même famille sont étudiés  dans  l'ordre  de
leur naissance, ni d'ailleurs au sein d'un même  chapitre.
Faute d'un arbre généalogique d'ensemble, même  simplifié,
faute aussi  d'une  présentation  méthodique  suffisamment
aérée, il n'est pas facile d'avoir une  vue  claire  d'une
famille dont, il est vrai, la généalogie  est  particuliè-
rement difficile à  établir  en  raison  du  grand  nombre
d'inter-mariages qui la caractérise au XVIIIème siècle.
     Pour en finir avec les réserves, notons encore que la 
table des matières est très insuffisante  et  que  l'index
des noms propres, (chapitre par chapitre, ce qui  entraîne
bien des répétitions) ne renvoie pas aux pages...
    Un véritable index serait d'un grand secours.

     Les auteurs s'appuient  solidement  sur  des  sources
nombreuses dont d'abondantes reproductions  permettent  de
juger  utilement  :  papiers  et  traditions  de  famille,
parfois émouvants, et aussi, bien entendu,  recherches  en
archives et à la Bibliothèque nationale (registres parois- 
siaux, notariat, dossiers et état de l'indemnité de Saint- 
Domingue, etc.), ainsi que sur une bibliographie également 
fournie, des dictionnaires d'ancien Régime aux travaux  de
M. Debien, en passant par   Moreau  de  Saint-Méry  et  le
naturaliste des Courtilz, dont la  femme,  née  REMOUSSIN,
était la fille unique de Marie Joséphine de  ROSSIGNOL  de
la CHICOTTE des DUNES. Dommage seulement que l'absence  de
tout récapitulatif empêche de juger aisément de  l'ampleur
de ce travail de recherche.

     Bref, un ouvrage solide, sérieux qui, comme le disent 
les auteurs, constitue un excellent "instrument  de  réfé-
rence pour les nombreux  Louisianais  qui  descendent  des
Français de Saint-Domingue", et aussi, disons-le de  notre
côté, pour tous  ceux  que  passionne  l'histoire  de  ces
familles qui firent la fortune de Saint-Domingue.

NDLR Marie-Antoinette Menier a regretté auprès des auteurs
l'absence d'index. Celles-ci ne peuvent le  réaliser  mais
acceptent volontiers que d'autres  le  fassent.  Elles  se
chargeront de le diffuser. Qui serait volontaire ? 

COMPTE RENDU DE LECTURE
Pierre Jourdan

           Les cavernes célestes; XVIIIe siècle
Fortuné Chalumeau, février 1996, col Hémisphères

L'auteur  est  créole  de  souche  française,  docteur  en
sciences naturelles, fondateur de l'institut de  recherche
entomologique de la Caraïbe.
On prend plaisir à lire ce roman sur la flibuste, qui  n'a
d'autre prétention que de divertir.
Dans l'avertissement : "Les mots, expressions et, parfois, 
les tournures de phrase, s'inspirent du vocabulaire et  de
la syntaxe de l'époque. Pour  les  (rares)  termes  spéci-
fiques, l'orthographe est celle préconisée par  l'Encyclo-
pédie méthodologique de marine de 1783".
Le roman est suivi d'un glossaire.
Ce sont ces mots et tournures qui  donnent  du  charme  au
roman et rendent la lecture des plus agréables.
Précédemment,  du  même  auteur,  "Les  chiens   de   mer"
(Grasset, 1988).


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