G.H.C. Bulletin 79 : Février 1996 Page 1534
MUZAC, CAZOM, BATAYOL... variations des patronymes
Bernadette et Philippe Rossignol
Le 9 prairial an 6 (28 mai 1798), à Jacmel, le
citoyen CASAM (en marge, CAZOM) dit BATAYOL, propriétaire
au quartier de la Montagne, de la dite commune, fils
naturel de Marguerite CASUM et d'un père inconnu, âgé de
vingt ans, se marie, avec autorisation de Philippe RIDORÉ,
son curateur nommé à cette charge par sentence du juge de
paix de la commune le 21 floréal précédent (10 mai).
Il épouse Louise Elisabeth Marguerite BOUCARD (elle
signe Elisabeth), âgée de vingt-trois ans, fille légitime
de Pierre Margueritte BOUCARD et d'Elisabeth ROUL (lecture
incertaine), propriétaire au dit lieu de la Montagne.
Les témoins sont Hyacinthe MATHURIN, tailleur d'habits,
25 ans, Jean Baptiste MATHURIN, charpentier, 28 ans,
Mathieu DOUGET, capitaine de la garde nationale de la
ville, 34 ans, et Jacques GUILLIONAU LABBÉ, marchand, 44
ans. Le marié signe Charles CAZOM.
CAZOM
Plus d'acte au nom de CAZOM (et variantes) par la
suite mais, le 4 frimaire an 10 (25 novembre 1801, mais
l'acte indique 25 décembre : difficulté des officiers
d'état civil pour les équivalences de calendriers !), le
citoyen Charles MUZAC, 23 ans, propriétaire à la Montagne,
y demeurant, déclare que le 18 prairial an 8 (7 juin
1800), au quartier de l'Anse à Veau où il était alors avec
sa famille, la citoyenne Elisabeth BOUCARD son épouse est
accouchée de leur fils en légitime mariage, Pierre
Charles. Il est accompagné des citoyens Charles Lautanié,
26 ans, tailleur en ville, et Thomas Jolly, 24 ans, secré-
taire du commandant Bernard.
Le 27 prairial an 11 (16 juin 1803) le même Charles
MUZAC, 25 ans, né et domicilié à la Montagne de Jacmel,
déclare le décès, le même jour, de son fils Constant, âgé
de 9 mois. Le père est accompagné de Jasinet Boucard, 22
ans, natif de la Montagne de Jacmel, et Belma Boucard,
natif du Baynet où il est habitant, mais domicilié à
Jacmel (Baynet et Jacmel sont deux paroisses mitoyennes).
Ces différents actes concordant pour une naissance de
Charles (CAZOM ou MUZAC) vers 1778, nous avons consulté
d'abord les tables, en vain, puis le registre acte par
acte en cherchant un Charles fils d'une Marguerite, de
1777 à 1779 inclus, toujours en vain. Nous avons alors
repris ces tables de Jacmel dans l'autre sens, pensant à
la possibilité d'un baptême tardif et là, enfin, parmi les
nombreux Charles nous avons trouvé un fils de Marguerite,
"mtre" (mulâtre). L'acte était presque illisible sur
microfilm. Mais Sylvain Poujol a bien voulu consulter le
registre à Aix et le transcrire. Merci ! Le voici :
"Le 3 octobre 1786 a été baptisé le nommé Charles, mulâtre
âgé de 8 ans, fils naturel de la nommée Marguerite,
négresse libre, comme il conste par son acte
d'affranchissement dûment enregistré au greffe de
l'intendant en date du 22 septembre 1785 dans lequel
affranchissement se trouve l'acte de liberté du dit enfant
accordé par les administrateurs et enregistré au greffe à
la même date; le parrain a été le sieur Philippe Ridoré
habitant à la Montagne, la marraine Marie Thérèse Laugier
habitante à la paroisse."
Suivent les signatures, M. Jaulie Couronne, Delbouyx, Ph.
Ridoré, parrain, Lemaire, curé, M. Th. Laugier, marraine,
Raison de la Geneste.
En marge de l'acte : "bapt. Charles m l" (mulâtre libre).
Suit le baptême d'Hélène, mulâtresse libre âgée d'un an,
de la même mère; parrain, Roman, marraine, Simone Maurin.
A la page précédente, toujours le 3 octobre 1786, se
trouvent un baptême et un mariage.
Le baptême est celui de Louis Marie Modeste, 4 mois, fils
légitime du sieur Louis Modeste Raison de la Geneste et de
dlle Marie Thérèse Laugier, ses père et mère habitants à
la Montagne, quartier de cette paroisse; parrain Louis
Laugier, oncle maternel de l'enfant; marraine Marie
Madeleine Laugier, tante maternelle. Tous signent.
Le mariage est celui de la marraine de l'enfant
précédent, Marie Madeleine Laugier, avec Pierre Sebilleau.
RIDORÉ
Nous sommes donc partis sur la piste du parrain de
Charles, son curateur lors du mariage, Philippe RIDORÉ.
Les actes à ce nom sont très nombreux. En remontant le
temps, nous avons d'abord vu Philippe RIDORÉ se marier, la
même année que Charles, en l'an 6, mais le 26 thermidor
(13 août 1798). Il n'était plus tout jeune, 51 ans, et le
mariage fut célébré par l'officier de l'état civil "sur
l'habitation de Philippe Ridoré, l'un des conjoints, pour
cause de maladie de ce dernier". Etant donné l'âge du
marié, on ne donne pas le nom de ses parents : on saura
seulement qu'il est natif de la commune et propriétaire
domicilié... à la Montagne de Jacmel.
Il épouse la citoyenne Marie Thérèse LAUGIER veuve
RAISON, âgée de 29 ans, elle aussi native de la commune où
elle est propriétaire; pour elle non plus on ne donne pas
les parents.
Les témoins sont deux "instituteurs publics" domiciliés
au même quartier de la Montagne de Jacmel, Jean Aubret, 39
ans, et Jean Joseph Berlus, 70 ans; un notaire public aux
Cayes du Fond âgé de 34 ans, Guillaume Louis Brouillet
Delestang, et enfin François Grandbois Decoste, 40 ans,
marchand, résidant à Jacmel.
Marie Thérèse LAUGIER, c'était la marraine de Charles
en 1786, alors qu'elle était encore épouse de Louis
Modeste Raison de la Geneste. Les parrain et marraine de
Charles se sont donc mariés, 12 ans après son baptême et
20 ans après sa naissance.
Une recherche plus poussée fait apparaître que le
premier RIDORÉ est François, natif de l'île de Ré (St-
Martin) et habitant de Benest (sic), fils de Michel et
Anne BRUSSIèRE, qui, le 21 novembre 1735, âgé d'environ 32
ans, épouse à Jacmel Marianne DUMENY, fille d'Antoine et
d'Anne BOISSIèRE;
Ils eurent de nombreux enfants (au moins onze) et
François mourut à 66 ans, sur son habitation, le 16
novembre 1760 (mais "Madame Ridoré" eut encore au moins
deux enfants, toute seule!).
Philippe était leur cinquième enfant, né le 25 mai 1747
et baptisé le 18 février 1748. A part Philippe, marié sur
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Révision 28/12/2004