G.H.C. Bulletin 78 : Janvier 1996 Page 1518
Au fil de quelques actes d'état civil de la famille POULLET en Martinique
Rolande Hlacia
Après avoir lu l'article de M. André Barthélémi, paru
dans le bulletin de GHC (n° 73, p. 1391), je me suis
plongée dans les actes d'état civil de la famille POULLET
en ma possession pour aider l'auteur à retrouver la trace
de Pierre Jean François Beauville POULLET-BELLECOUR. Il
m'a semblé qu'un article publié dans GHC intéresserait
peut-être d'autres lecteurs apparentés, de près ou de
loin, à la famille POULLET, présente en Martinique depuis
la moitié du XVIIème siècle, comme en témoigne l'acte de
recensement de 1664. La dernière branche mâle, portant le
patronyme d'origine, s'est éteinte le 5 octobre 1992 avec
Charles Joseph Roger POULLET, mon oncle, né à Cayenne
(mais oui, M. Barthélémi !) le 15 décembre 1913.
Les actes dont je dispose ne concernent que mon
ascendance directe, mais sont un témoignage d'un certain
"âge d'or" de la généalogie au cours des années 50. Il
suffisait alors de s'adresser au Ministère des Colonies
pour obtenir les actes d'état civil désirés, puis la
compétence de Mlle Marie-Antoinette Menier, responsable
des Archives d'Outre-mer, aidée de ses collaborateurs
faisait le reste...
En quatre siècles, la famille POULLET s'est apparentée
à une bonne partie de la société antillaise à tous ses
échelons. Qu'il y ait des descendants des POULLET en
Guyane ne m'étonne nullement. On voudrait tant qu'il fût
suffisant de dire "Que la lumière soit !" pour que la
lumière fût, afin d'éclairer d'un faisceau de laser nos
obscurs problèmes généalogiques. Mais je ne peux que
produire quelques nouvelles pistes, à livrer à la compé-
tence et à la sagacité des uns et des autres, voire à des
recoupements d'informations.
Pour répondre en direct à la question de M. André
Barthélémi, qui voudrait savoir dans quelle commune de la
Martinique est né Pierre Jean François POULLET vers 1802,
je puis fournir les indications suivantes :
Jean POULET et son fils Michel sont nés à Brainville,
en France, vers 1602 et 1635. Je n'ai trouvé aucune trace
du patronyme BEAUVILLE. Pourrait-il s'agit d'une erreur de
transcription dans des documents anciens, répétée et
déformée ? Ainsi, les POULLET pourraient être dits de
BRÉVILLE ou de BEAUVILLE, indiquant la provenance. Ce
n'est bien sûr qu'une hypothèse, mais le village de
Brainville devient aussi Bréville ou Bléville, ce qui ne
simplifie pas ma tâche pour remonter le fil de mon ascen-
dance maternelle au-delà du XVIIème siècle en France !
A ce jour, mes tentatives ont échoué.
Cependant, comme pour aiguillonner ma curiosité par
un "clin d'oeil", non plus de l'Histoire, cette fois, mais
de la généalogie, un village nommé Brainville m'est apparu
sur une carte, situé juste en face des côtes françaises de
l'île de Jersey. A ma connaissance, il n'y a pas d'autres
Brainville en France. Je rappelle, pour les lecteurs qui
n'ont pas lu mon article intitulé "L'amazone de Félix
POULLET" (GHC n° 35, p. 528) que les POWLET ou POULETT
(anciennement PAWLET ou POULET) ont été gouverneurs mili-
taires, servant la couronne britannique au XVIème et au
XVIIème siècle. Si Jean POULET était apparenté, de près ou
de loin, à cette famille anglaise, il avait tout intérêt à
dissimuler ses attaches lorsqu'en 1667 les Anglais assié-
geront la Martinique.
Non, ami lecteur, je ne suis pas en mesure de faire
quelques révélations fracassantes sur la carrière "d'agent
double" qu'aurait eue mon nonaïeul à la Martinique. Je
sais seulement que Brainville se trouve à une trentaine de
kilomètres de Marcilly, en Normandie, où les POULLET de
MARCILLY seront reconnus comme descendants de la famille
anglaise de Sir Amice POULET (cf. mon article déjà cité).
Le Grand Armorial de France de Jougla de Morenas indique
que les POULLET sont issus de la pairie anglaise,
seigneurs de MARCILLY, de FOCQUENCOURT et de ST-GERMAIN.
D'autre part, Madame de Sévigné mentionne dans ses
lettres un certain Claude POULET de MARCILLY dont je n'ai
pas réussi à retrouver la trace. Enfin, Eugène et Raymond
Bruneau-Latouche affirment que les BIROT et les POULET
étaient, au XVIIème siècle, les deux familles les plus
importantes du Carbet (cf. leur livre : "Cinq siècles ou
presque d'histoire familiale"). Si, à cette époque, les
POULET avaient une certaine aisance, d'où leur venait-
elle ? Légende familiale ou hypothèse non étayée et trop
fragile ? Si le village de Brainville ne se trouvait pas à
une encablure des côtes de Jersey, et très probablement
dans les terres des seigneurs de MARCILLY, je renverrais
moi-même cette histoire au rayon des affaires classées.
Cependant, je me rendrai aux Archives départementales de
la région pour constater de visu qu'il n'y a vraiment plus
rien à faire pour retrouver la trace de Jean POULLET, né à
Brainville vers 1602, ni celle de sa femme, Marie VILLIER,
dont on ne sait rien. On m'a dit que les archives de cette
région avaient beaucoup souffert pendant la guerre. Parmi
les visiteurs du C.A.R.A.N., y aurait-il une bonne âme,
peut-être plus ou moins apparentée à la famille POULLET,
pour vérifier s'il n'y a vraiment aucune indication des
états civils de Jean POULET, ni de son fils Michel POULET,
né également à Brainville vers 1637 ? Le petit-fils de
Michel POULET, prénommé également Michel, était officier
de cavalerie, né au Lamentin vers 1715 et décédé également
au Lamentin le 18 mai 1803. Il était l'époux de Magdelaine
BEDOU, morte le 5 juin 1799 au Gros-Morne. Il n'est pas
impossible que le brevet d'officier comporte des indi-
cations sur les antécédents familiaux.
Dans l'acte de mariage de Michel Paul POULLET et de
Marie Agathe POULLET BELLECOUR, daté du 22 avril 1788, une
dispense "au troisième degré de consanguinité" est
accordée, en date du 28 mars 1788, par le révérend Père
TREPSAC. Pour retrouver la liaison entre les POULET et les
POULLET BELLECOUR, il faudrait retrouver cette dispense
dont la datation précise devrait faciliter la recherche.
Le second "L" du patronyme apparaît au XVIIIème siècle.
Les liens entre les POULLET et les POULLET BELLECOUR
resteront très étroits jusqu'à la fin du XIXème siècle. En
1792, l'acte de naissance de Pierre Michel POULLET, du 12
mai au Gros-Morne, mentionne qu'en l'absence du père
(Michel POULLET. Encore un Michel : c'est le même prénom
sur cinq générations), c'est le sieur Michel (encore un !)
Page suivante
Retour au sommaire
Révision 28/12/2004