G.H.C. Numéro 77 : Décembre 1995 Page 1507

Théodore BAUDE, fondateur de la
"Société des Amis des Arbres"

Guy Stehlé

     Connaissez-vous,  à  la Martinique,  la "Société  des 
Amis des Arbres" ?  Personnellement, je l'ai découverte il 
y  a  une  dizaine d'années,  comme éditrice  d'une  carte 
postale parue vers 1910 et représentant une  Martiniquaise 
en costume traditionnel. Voulant en savoir plus, j'ai fait 
quelques  recherches  qui sont restées  longtemps  infruc- 
tueuses,  jusqu'à  ce que,  pour une autre étude,  je sois 
amené à me pencher sur la biographie de Théodore BAUDE. Le 
lien se fit alors tout naturellement.  Cette société  fut, 
en  effet,  fondée par lui en 1909 pour "lutter contre  le 
déboisement,  arrêter  la destruction des oiseaux et favo- 
riser la protection et la propagation des arbres".
     N'était-ce pas de l'écologie, bien avant que le terme 
ne devienne à la mode !
     Quatre  ans plus tard,  en 1913,  toujours  sous  son 
impulsion,   cette  société  devint  le  premier  syndicat 
d'initiative de la Martinique.  Il me faut donc vous faire 
découvrir cet homme hors du commun qu'était Théodore BAUDE.

     Né le 27 janvier 1866 au Marin, il fait de brillantes 
études à Saint-Pierre, puis rentre, en 1885, au service de 
l'Enregistrement dont il deviendra le chef quelques années 
plus tard.
     Passionné  par l'histoire de son pays,  il  se  lance 
très  vite  dans le dépouillement des archives  anciennes, 
parcourt  le pays pour retrouver les traces  des  vieilles 
ruines  et publie le résultat de ses investigations  entre 
1940 et 1945.
     Tous ceux qui l'ont connu le décrivent comme un homme 
cultivé,  spirituel,  toujours  de bonne humeur,  les yeux 
vifs empreints de bonté.  Sur une carte photo prise le  24 
décembre  1935,  lors  de  l'inauguration  du  monument  à 
d'Esnambuc  à Fort-de-France,  BAUDE apparaît,  aux  côtés 
d'Albert SARRAUT,  comme un homme grand, mince, légèrement 
voûté.  C'est d'ailleurs à cet érudit, auteur d'un ouvrage 
intitulé  "d'Esnambuc  ou  lente réparation  d'un  injuste 
oubli" que l'on doit la construction de cette statue, face 
à  la Baie des Flamands.  C'est lui qui obtint du  gouver- 
nement l'application,  à la Martinique,  du décret sur  la 
protection  des  sites et monuments  historiques.  Il  fit 
restaurer, entre autres, la lunette Bouillé et la Chapelle 
du  Fonds Saint-Jacques.  Sous son impulsion,  le syndicat 
d'initiative  aménagea  des  plaques  commémoratives,  des 
monuments en l'honneur des gloires locales.
     L'un  des premiers à prendre conscience du  potentiel 
touristique de l'île, il favorisa l'implantation d'hôtels. 
Conférencier  brillant,  il  se faisait  le  promoteur  de 
l'île,  à chacun de ses voyages en Métropole. Son activité 
débordante  lui  valut d'être le commissaire de la  Marti- 
nique à l'Exposition coloniale de Marseille, en 1927, puis 
à celle de Paris, en 1931.

     Ses ouvrages,  malheureusement devenus  introuvables, 
traitent  de  sujets  aussi  divers que  le  problème  des 
cinquante pas géométriques,  des fragments d'histoire à la 
faveur d'une promenade dans les rues de Fort-de-France  et 
de  ses environs,  d'événements historiques locaux abordés 
dans "Çà et là" et "Fleurs fanées". L'une de ses dernières 
publications,  au  titre évocateur de "Mon village et  son 
clocher",  est  une  émouvante biographie consacrée  à  sa 
ville natale du Morin.

     Il  fut le premier Martiniquais à recevoir,  à  titre 
civil, la cravate de commandeur de la Légion d'honneur.
     Après son décès, en 1949, l'édilité de Fort-de-France 
lui  a rendu hommage en donnant son nom à une rue du  2ème 
kilomètre de la Redoute.  Par ailleurs,  son buste  veille 
toujours  sur  son oeuvre dans les jardins de l'office  du 
tourisme à Fort-de-France.

     Voyez  comment,  à partir d'une simple carte  postale 
ancienne, un peu de chance et beaucoup de persévérance, il 
est  possible  de faire émerger le passé  et  renaître  le 
souvenir d'hommes remarquables.

L'île de la Guadeloupe sous la Révolution

    inventaire analytique (mars 1793-fructidor an IV)

            Ministère des Affaires étrangères
       Centre des Archives diplomatiques de Nantes

Chantal  Cosnay  nous  rappelle l'existence  de  ce  fonds 
composé essentiellement de la correspondance officielle de 
Victor HUGUES et Alexandre LEBAS.  L'inventaire,  après le 
rappel  de  ce qu'on peut trouver sur  cette  période  aux 
Archives  nationales  et en Guadeloupe et de la  thèse  de 
l'Ecole des Chartes d'Anne Pérotin sur "La Guadeloupe sous 
la  Convention thermidorienne et le Directoire",  donne le 
détail  des documents qui figurent dans les  deux  volumes 
conservés à Nantes.
On  y trouve par exemple les "Etats des personnes absentes 
para émigration (ou déportation)" des diverses communes de 
Guadeloupe "jusqu'au 16 brumaire l'an 4ème",  dont nous ne 
savons s'ils font double emploi avec les listes conservées 
aux  Archives nationales (pardon,  à Aix  !);  des  infor- 
mations  ou documents sur diverses personnes dont  Jacques 
MACDUFF,  VOISIN,  Pierre  BLANC,  Bruno  MERCIER,  Benoît 
CAVARY,   BOSSANT,   CHAMPAGNE,  DEYME,  Jacques  DURASSE, 
Madeleine SERGENT;   des lettres de Charles FABRE, LE BEL, 
BOUDET,   TERRIBLE,   LACOUTURE,   DUBOIS   de  LASSOSSAY, 
VILLEGÉGU,  GOSSEC,  DARBOUSSIER, Jean-Baptiste GARIONARD; 
des  retours  de  déportés  républicains,  des  listes  de 
prisonniers anglais.   

EN FEUILLETANT BULLETINS ET REVUES

      L'Intermédiaire des Chercheurs et des Curieux
        28 rue Geoffroy-Saint-Hilaire, 75005 Paris
 mensuel, abonnement 1 an 608F, étranger 705F, le n° 60F

n° 528, novembre 1995 (signalé par Pierre L'Estourmy) : 
"Famille  CLARKE de la Martinique,  par Patrick Clarke  de 
Dromatin.

NDLR  Nous  signalons que "Les  oies  sauvages",  du  même 
auteur,  dont  nous avions annoncé la souscription dans le 
numéro 74 de septembre,  en page 1428,  vient de paraître. 
Quel membre de GHC, l'ayant reçu, peut en faire un compte-
rendu de lecture ? 






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