G.H.C. Numéro 77 : Décembre 1995 Page 1508

Les CELORON de BLAINVILLE, du Canada aux Isles
Bernadette et Philippe Rossignol

     Une question récente dans une revue généalogique nous 
a poussé à faire le point sur ce que nous savions de cette 
famille;  à  la vérité peu de chose mais nous espérons que 
ces éléments permettront à d'autres de compléter.

     Chaix d'Est-Ange indique seulement que ses armes sont 
"d'argent  à  un  chevron de gueules accompagné  de  trois 
cigales du même",  que la famille, originaire de Touraine, 
tire  sa noblesse de la charge de secrétaire du  roi  dont 
Claude fut pourvu en 1637, et qu'elle passa au Canada puis 
à  St-Domingue ("où M.  de CELORON était en 1789 major  au 
Cap")  et  enfin en Guadeloupe,  avec une alliance  VERNOU 
BONNEUIL. C'est peu !

     Le colonel Etienne Arnaud donne plusieurs références, 
dans son "Répertoire des généalogies imprimées", mais nous 
n'avons pas consulté ces ouvrages;  cependant on  remarque 
que  les  lieux d'implantation de la famille sont  Ile-de-
France,  Canada,  Maurice,  ce qui semble indiquer que ces 
généalogies ignorent la branche antillaise.

     Nous  tirons  notre science des tomes II  et  III  du 
précieux "Dictionnaire biographique du Canada" (Presses de 
l'Université de Montréal, David M. Hayne et André Vachon), 
des  dossiers du personnel des Colonies  (E66),  consultés 
avant le départ pour Aix,  et des registres paroissiaux et 
d'état civil de Guadeloupe.

     Jean-Baptiste  CELORON,  baptisé  à la  paroisse  St-
Sauveur de Paris le 19 février 1660, était fils d'Antoine, 
conseiller  du roi,  et de Marie RÉMY.  Garde  marine,  il 
passa à la Nouvelle-France vers 1684. Il y servit dans les 
troupes  détachées de la marine et fut fait  chevalier  de 
St-Louis  le 4 avril 1730.  En 1693,  il avait  obtenu  la 
concession  du fief de Blainville dont le nom fut transmis 
à tous ses descendants. Les CELORON de BLAINVILLE viennent 
donc tous de cette branche canadienne.
     Le  dictionnaire biographique du Canada consacre  une 
longue  notice  à  Jean-Baptiste et à l'un  de  ses  fils, 
Pierre-Joseph.
     Marié  quatre  fois,  il eut un fils  d'une  première 
union à Paris (qui devint récollet) et sept enfants de son 
second mariage,  en 1686 à Montréal, avec Hélène PICOTÉ de 
BELESTRE  (veuve d'Antoine de LA FRENAYE de  BRUCY),  dont 
une fille, Hélène, née vers 1690, et mariée avec Pierre de 
SAINT-OURS,  et des fils que nous verrons plus loin. Il se 
remaria en 1703 avec Geneviève DAMOURS de CHAUFFOUR et  en 
1704  avec Geneviève LE GARDEUR de TILLY.  Pas de  descen- 
dance de ces deux dernières épouses.

     Pierre  Joseph  CELORON DE BLAINVILLE,  fils de  Jean 
Baptiste, officier dans les troupes de la marine (cadet en 
1707,  capitaine en 1738),  chevalier de St-Louis en 1741, 
était né à Montréal le 29 décembre 1693; il y mourut le 12 
avril 1759 et fut inhumé en la chapelle St-Joseph.  Il est 
connu dans l'histoire du Canada par son action envers  les 
indiens  et  ses commandements dans différents  forts  et, 
surtout, à Détroit.
     Il se maria deux fois,  toujours à Montréal, d'abord, 
le 30 décembre 1724,  avec Marie Madeleine BLONDEAU, puis, 
le  13 octobre 1743,  avec Catherine EURY de  LA  PÉRELLE; 
celle-ci,  après  la  mort de son mari  en  1759,  se  fit 
religieuse chez les soeurs grises de l'hôpital général et,  
en  renonçant  à  sa pension,  demeura au Canada  où  elle 
vivait encore en 1775 avec une de ses filles. 
     Il  semble  avoir eu au moins deux  fils  du  premier 
mariage  et deux fils du second,  lesquels réclamèrent  la 
pension dont leur mère n'avait pas voulu jouir.  

     Les dossiers de la série E font apparaître  plusieurs 
fils de Pierre Joseph et au moins trois d'un de ses frères 
(qui était capitaine des troupes des colonies). Commençons 
par  l'un  de  ceux-ci  qui disait  avoir  pour  oncle  le 
gouverneur de Détroit : né au Canada, Joseph Louis CELORON 
de BLAINVILLE y servit de 1749 à 1759;  il passa en France 
en  1760 puis fut nommé sous-lieutenant dans la légion  de 
l'Ile  de France (Maurice) en 1766;  réformé en  1775,  il 
avait 22 ans de services.  Il demandait alors  la croix de 
St-Louis  (qui  ne lui fut pas accordée parce qu'il  était 
"joueur  et  dérangé" !),  le brevet de capitaine  et  une 
pension (qu'il obtint en revanche).  A l'Ile de France, il 
avait épousé une créole,  Mademoiselle PAUL,  et en  avait 
plusieurs enfants. Joseph Louis avait au moins deux frères 
dont l'un fut tué à la Belle Rivière,  chef du poste qu'il 
commandait,  et  l'autre accepta de servir les Anglais  et 
parvint ainsi "à un des premiers postes militaires". 

     L'aîné  des fils du premier mariage de Pierre  Joseph 
avec Marie Madeleine BLONDEAU se prénommait Pierre Joseph, 
comme  son  père.  Né à Montréal le 2 août  1726,  il  fut 
baptisé le lendemain à Notre Dame de Villemarie. Major des 
troupes  au Canada,  il fut ,  à la réforme des troupes en 
1762,  chargé  à Tours (résidence assignée  aux  officiers 
réformés   du  Canada)  de  recevoir  et  distribuer   les 
traitements des officiers réformés.  Passé à la légion  de 
St-Domingue,  il s'en retira en 1769 avec brevet de major. 
En  considération  de ses services on lui accorda en  1779 
une pension de 800 livres.     
     Le  cadet,  Jean Baptiste,  entré au service en  1747 
comme  volontaire,  fut trois ans enseigne à  Détroit  (de 
1750 à 1753),  sous les ordres de son père. Il participa à 
toutes  les  batailles et fut blessé dangereusement  à  la 
tête  au siège de Fort-Louis,  le 28 avril 1760;  en 1764, 
toujours à Montréal, il réclamait ses appointements.

     Pour simplifier les choses, l'aîné des fils du second 
mariage  (avec  Catherine  EURY de LA PERELLE)  fut  aussi 
prénommé Pierre Joseph.  Celui-ci naquit à Montréal le 1er 
juin 1747.  Cadet à l'aiguillette des troupes du Canada en 
1759,  il  fut  blessé en 1760,  fait prisonnier  par  les 
Anglais,  conduit à la Nouvelle-Angleterre d'où il  partit 
le  1er janvier 1761;  il débarqua au Havre pour apprendre 
le licenciement des troupes du Canada;  il se retira alors 
chez son grand-père maternel,  M.  de LA PÉRELLE puis  fut 
nommé,  le  1er  juillet  1766 à la  sous-lieutenance  des 
troupes de St-Domingue;  en 1786, capitaine au régiment du 
Cap, il demandait le brevet de major. 
     En  1784,  il  écrivait  à propos  de  la  pension  à 
laquelle  sa mère avait renoncé en sa faveur et  celle  de 
son jeune frère.  Le ministre ayant décidé qu'il recevrait 
la  pension de sa mère pendant la vie celle-ci  seulement,  
en apportant chaque année,  depuis 1782,  un certificat de 






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