G.H.C. Bulletin 76 : Novembre 1995 Page 1459
Deux familles créoles :
Les DU BOURG de LA LOUBèRE
à Saint-Domingue;
Les SAINTE-MARIE à la Jamaïque
provoquer le départ d'une colonie de religieuses du Sacré-
Coeur. Celle-ci, sous la direction de Mme DUCHESNE,
débarqua à Saint-Louis du Missouri le 22 août 1816. Elle
s'établit à Saint-Charles, petit village à douze lieues au
nord de Saint-Louis. Par acte du 14 septembre 1818, Mgr
DU BOURG devait revêtir de son approbation l'Institut du
Sacré-Coeur.
En juillet 1817, Mgr DU BOURG repartit de Bordeaux
vers la Louisiane avec une quarantaine de prêtres de
diverses nations qu'il avait pu réunir. Un immense diocèse
l'attendait, qui comprenait la Louisiane et le Missouri,
depuis la Nouvelle-Orléans qui en était le chef-lieu
jusqu'au-dessus de Saint-Louis. L'évêque et ses disciples
étaient établis dans un état d'extrême pauvreté, ne
possédant qu'une grange et une cabane en bois. Outre la
communauté du Sacré-Coeur, l'évêque était parvenu à
installer un séminaire de Lazaristes.
De Saint-Louis du Missouri, il tenta d'étendre son
influence sur la Basse-Louisiane, en envoyant ses
meilleurs prêtres remplir les postes devenus vacants. Ils
purent effectivement faire revivre bon nombre de
paroisses. Si bien qu'en 1822, voulant revenir au lieu
même de ses premiers combats, Mgr DU BOURG s'installa de
nouveau à la Nouvelle-Orléans. La raison en était
également qu'un parti s'était formé contre lui à Saint-
Louis même. A l'occasion de dettes contractées pour la
construction de l'église, on avait même voulu vendre le
presbytère. Enfin, la sévérité du climat avait passa-
blement délabré la santé de Mgr DU BOURG.
Les premiers temps parurent lui donner raison, puis
les passions se rallumèrent. En effet, Mgr DU BOURG écrit
à SAINTE-COLOMBE : "Mon bon et tendre frère éprouvait
depuis longtemps, par suite en partie de ses liaisons avec
moi, de l'embarras dans ses affaires et tout me laissait
présager comme probable et prochaine une catastrophe dont
le déshonneur ne pouvait manquer de rejaillir sur ma
dignité".
Il est nommé vicaire apostolique du Mississippi (19
août 1825). Par deux fois, en novembre 1825 et en janvier
1826, il demanda au Saint-Père à être relevé de son minis-
tère. La permission lui fut accordée à la fin de mai 1826.
Mgr DU BOURG quitta alors définitivement la Louisiane
pour revenir en France. Le 20 juillet, il rédigea à la
Trappe la lettre apologétique dont il a été question plus
haut et dont on peut extraire ce dernier bilan de l'oeuvre
accomplie par l'évêque de Louisiane : les Jésuites, les
Lazaristes, quatre maisons du Sacré-Coeur, deux des
Servantes de Marie pour l'éducation des pauvres filles,
enfin l'établissement de l'évêque sont autant de bases
solides sur lesquelles il est facile de bâtir.
On ne peut, cependant, s'empêcher de penser à un
relatif échec personnel. Mgr DU BOURG partit ensuite pour
Bordeaux où il attendit sa nomination prochaine. Il occupa
le siège épiscopal de Montauban du 13 août au 2 octobre
1826, puis, du 3 février au 29 juillet 1833, le siège
épiscopal de Besançon où il mourut le 12 décembre 1833.
9. La branche américaine.
La révolte et l'incendie du Cap ruinèrent en un coup
toute la fortune des DU BOURG, les différents membres de
la famille essaimant à travers le monde et passant les
trente années suivantes à tenter de la relever, mais en
vain. En dehors de la branche des SAINTE-COLOMBE, fixée
aux États-Unis, le nom des DU BOURG de la LOUBèRE
s'éteindra totalement, si l'on excepte l'éventuelle
descendance du mousquetaire Joseph...
Arnould DU BOURG était resté aux États-Unis,
s'installant à la Nouvelle-Orléans. Il y mourut sans
postérité, le 28 avril 1830, à l'âge de quarante ans
environ. Il semble qu'il se soit plus ou moins écarté de
sa famille, car il s'est toujours refusé à grouper avec
ses oncles sa demande d'indemnité.
François DU BOURG "de Sainte Colombe" avait épousé,
probablement à Saint-Domingue, une demoiselle de LAUZON
dont la mère était une CHAREST. Il revint des États-Unis à
Saint-Domingue, en 1794, où il s'établit à Jérémie. Puis
il retourna à la Nouvelle-Orléans où il fit souche. Il eut
au moins deux filles, Aglaé et Céléna, qui furent élevées
à la première école de Mère SETON, dans Pace Street à
Baltimore, et certainement un ou plusieurs fils. Le 13
août 1816, il demandait au Consulat de France à la
Nouvelle-Orléans l'enregistrement des titres de noblesse
des DU BOURG.
L'histoire de la branche américaine des DU BOURG
reste à écrire. A qui le gant ?
10. Les SAINTE MARIE
Notre famille est issue du mariage de Georges Quentin
de SAINTE MARIE et de Louise Caroline DU BOURG, à la
Jamaïque. Ce mariage a été célébré deux fois :
- selon le rite anglican, le 18 juillet 1808, par le
recteur de Kingston Alexander Campbell (Registres parois-
siaux de Kingston, 1753-1814);
- selon le rite catholique, le 12 août 1829, par le curé
de Kingston, Benito Fernandez, sur la propriété des SAINTE
MARIE, Mount Carolina.
Les origines de Georges Quentin restent mystérieuses.
Dans l'acte du second mariage, il déclarait être âgé de 63
ans et être né (donc en 1766) à Saint-Quentin, Picardie,
fils légitime de Georges de SAINTE MARIE et de Thérèse
CASILLIER. Or, je n'ai trouvé aucune trace de l'acte de
naissance de Georges Quentin dans les registres parois-
siaux de l'Aisne (Saint-Quentin et Saint-Quentin-sur-
Allan) et de la Somme (Saint-Quentin-la-Motte-au-Bailly et
Saint-Quentin-en-Tourmont).
La première trace de Georges Quentin à la Jamaïque
est dans la liste du sacrement de confirmation du 7
juillet 1805 à la chapelle de Hanover Street à Kingston,
où il figure avec une Honorée Élisabeth de SAINTE MARIE -
sur laquelle on ne retrouve rien dans les papiers de
famille - et avec Louise Caroline DU BOURG. En revanche,
il n'est pas cité comme assistant au mariage de sa belle-
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