G.H.C. Bulletin 76 : Novembre 1995 Page 1456
Deux familles créoles :
Les DU BOURG de LA LOUBèRE
à Saint-Domingue;
Les SAINTE-MARIE à la Jamaïque
Pierre DU BOURG acheta ensuite une autre propriété située
à la Montagne Terrible, dans le quartier du Mirebalais
(partie centrale de l'île) région sèche en partie enrichie
par le limon de l'Artibonite. Cette propriété était
constituée par trois concessions : Le Breton, Donvilliers
et Vémir. Cet achat et la revente ultérieure du terrain,
situé nettement à l'écart des autres propriétés, indiquent
peut-être une spéculation. Ou bien est-ce l'indice, en ce
qui concerne la revente, d'une situation difficile ?
Une nouvelle période s'écoule jusqu'en 1783. Pierre
DU BOURG a alors 68 ans. Son fils Louis en a 31, Patrice
22 et Pierre-François 21. Il paraît vraisemblable que
Louis supplée en partie son père dans la maison de
commerce et que ce dernier se préoccupe surtout de la
propriété du Haut du Trou.
Le 8 juin 1783, une partie (la halle, deux chambre,
une cuisine, une dépense et une soupente) du premier étage
de la maison du Cap est louée, pour cinq ans et 10.000
livres par an, à François RENAUD, négociant au Cap
(Notaire Me Cassanet). Ceci pourrait indiquer un ralen-
tissement des activités de la maison de commerce.
Nous passons l'année suivante à une troisième étape :
le 14 mai 1784, Pierre DU BOURG achète à la veuve Thibaud
DELISLE (née Catherine LEFORESTIER), qui rentre définiti-
vement à Bordeaux, une propriété de 17 carreaux au Haut-
du-Trou, installée en indigoterie (Notaire : Me Legrand).
La propriété fut vendue moyennant la quantité de 32
milliers de café en quatre versements annuels, de juillet
1785 à juillet 1788. L'habitation était bordée au nord par
les terres de Pierre DU BOURG, au sud par l'habitation
Richard DUBUISSON, à l'est par le sieur DROFSART, à
l'ouest par l'habitation de feu M. de FLEURY.
Le 17 juillet 1786 (Notaire : Me Legrand), Pierre DU
BOURG achetait au Haut du Trou, pour 60.000 livres et pour
se rembourser d'une créance de 43.300 livres, une habi-
tation de 33 carreaux en partie plantée en café et le
reste en savane et bois, à M. Etienne de CHAREST et à sa
femme née Elisabeth DUBUISSON. M. de CHAREST était
commandant de la milice de la Marmelade et habitait le
Bas-Bassin, paroisse Sainte-Marthe. L'habitation était
bordée au nord par les terres de DEVAQUET de BOUCHARSAT,
au sud par les héritiers MARTINEAUX, à l'est par la
rivière de la Porte, à l'ouest par les terres Pierre DU
BOURG.
4. Les dernières années de Pierre DU BOURG
Ce sera la dernière acquisition de Pierre DU BOURG,
qui a terminé son oeuvre à Saint-Domingue. Encore est-elle
faite par l'intermédiaire de ses fils, Louis et Patrice.
Pierre DU BOURG avait alors 71 ans. Au total, l'ensemble
des propriétés du Haut du Trou représentait 166 carreaux,
soit environ 188 hectares. Avec la maison de commerce du
Cap, nous avons là les deux piliers de cette fortune
coloniale. Quelques mois auparavant, le 24 avril 1786, sa
fille Françoise épousait au Cap Antoine FOURNIER, ancien
notaire, né au Bourg de Réalville en Quercy.
Au début de juin 1787, Pierre DU BOURG retourna en
France et s'installa à Paris, à l'hôtel de Berlin, rue
Saint-Guillaume, où il signa, le 23 octobre 1788, une
procuration à ses trois fils, Louis, Patrice et François,
pour l'enregistrement de ses titres de noblesse devant le
Conseil Supérieur de Saint-Domingue.
Le 2 septembre 1787, la propriété de la Montagne
Terrible avait été revendue à Charles BEAUDOULX, notaire
au Mirebalais. Mais le 8 février 1791, Pierre DU BOURG en
reprenait possession par l'intermédiaire de Paul CARRèRE,
ancien capitaine de navire et négociant, demeurant au
Port-au-Prince, représentant Louis et Patrice, un
versement de 25.000 livres n'ayant pas été fait par Me
BEAUDOULX.
Le 28 juin 1788, Pierre DU BOURG signait le bail de
location d'une maison à Mont-de-Marsan appartenant à Jean
BAYLIN-BOURGEVIER, maison qu'il habitera avec sa soeur
Geneviève, veuve de Jean DUCRABON, rue Duport. Le 10
octobre 1788, il échangeait avec M. LAVIT 35O arpents de
terre en friche (environ 120 hectares) dans la lande de
Lessay en Normandie, contre son habitation du Mirebalais.
Le 15 mars 1790, il vendait à sa soeur Geneviève
l'ensemble de son mobilier et une diligence, car "il était
au propre de se retirer aux îles". Les événements de 1791
durent l'en dissuader, car il rejoignit sa fille, Mme
FOURNIER, à Mont-de-Marsan (le 1er janvier 1792) où il
mourut le 6 septembre 1793, à l'âge de 78 ans.
5. La poursuite de l'oeuvre
Louis DU BOURG était devenu le véritable chef de la
famille, à la tête d'une fortune déjà importante, autour
de la maison de commerce dont la raison sociale était
devenue "DU BOURG frères & CARRèRE". Un établissement est
au Cap, dirigé par Louis et Patrice, l'autre au Port-au-
Prince, dirigé par Louis CARRèRE.
Au moment où il prit la direction des affaires, Louis
se maria à l'âge de 35 ans, au début de 1787. On ignore le
nom de sa femme. Il la perdit rapidement et n'eut pas de
descendance. On sait seulement qu'il fit construire pour
son usage un second étage dans la maison de la rue du
Vieux Gouvernement, divisé en sept chambres et deux
cabinets. Outre la gérance de la propriété du Dondon et sa
participation à la maison de commerce, Louis DU BOURG
avait fondé, en 1786, avec son beau-frère François CARRIÉ,
une société pour exploiter une caféière de 205 carreaux
(232 hectares) au Piment, relevée dans l'état de 1832 sous
le nom de BRÉJON & CARRIÉ.
Originaire d'Albi, François CARRIÉ était arrivé à
Saint-Domingue vers 1767. Alors âgé de 38 ans, il avait
épousé Marie DU BOURG le 7 janvier 1772. Quant à la
caféière du Piment, elle avait été constituée par un
apport d'une dizaine de carreaux par François CARRIÉ, une
habitation de 179 carreaux achetée le 23 août 1786 à M. de
BONNECASE par Louis DU BOURG et François CARRIÉ, enfin une
habitation établie en caféterie au Port Margot, appar-
tenant à M. BRÉJON de MARÉS.
Patrice DU BOURG s'était marié à la même époque que
son frère, épousant le 20 mars 1787, à 26 ans, Joséphine
Charlotte Bénigne BRUSLÉ, fille d'Antoine Exupère BRUSLÉ
et de Victoire CHAUVET du BREUIL. En premières noces,
Bénigne avait épousé Louis POIREL de LA TOUR dont elle
avait eu une fille, Louis Victoire Charlotte. Celle-ci
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