G.H.C. Bulletin 76 : Novembre 1995 Page 1457
Deux familles créoles :
Les DU BOURG de LA LOUBèRE
à Saint-Domingue;
Les SAINTE-MARIE à la Jamaïque
épousa Pierre Guillaume CAZEAUX; ils eurent six enfants
dont l'aîné, Euryale, et Anaïs qui épousa Adolphe
GUÉROULT, d'où Georges Pierre Ramire GUÉROULT qui épousa
Marthe Louise de SAINTE-MARIE. Bénigne BRUSLÉ avait
ensuite été mariée à Jean Baptiste Joseph de MAULÉON.
Le contrat de mariage entre Patrice et Bénigne fut
passé, le 18 mars 1787, devant Me Fromentin, notaire au
Cap, sur l'habitation de Bénigne au Haut-du-Trou, paroisse
de Saint-Martin du Dondon. De nombreuses personnes assis-
taient à la signature : du côté du futur, Louis DU BOURG,
François et Marie CARRIÉ, Antoine et Françoise FOURNIER
(née DU BOURG) et Guillaume CARRèRE, son cousin. Du côté
de la future, son oncle Louis CHAUVET du BREUIL, Louise
Exupère BRUSLÉ, son frère, ses quatre soeurs (Jeanne
Périne, Félicité, Louise Angélique et Élisabeth). Les
témoins et des amis : Jacques DECAMP, avocat au Parlement;
Philippe FOURNIER, maître en chirurgie; Jean Baptiste
BLAIREAU; François CHAREST de LAUZON et Jean-Baptiste
PUJOS.
Patrice et Bénigne eurent trois enfants : Joséphine
Périne, Arnould Louis et Louise Caroline, née en 1791.
Patrice acquit pour son propre compte une caféière au
plateau de Marmelade (quartier du Platon) et une autre à
la Petite Rivière (quartier du Morne-aux-Couleuvres).
6. Effondrement de la fortune et dispersion des DU BOURG
Des papiers de famille conservés (en particulier le
dossier d'indemnité, ainsi que des documents retrouvés aux
Archives de la France d'Outre-mer), il serait aventureux
de tirer des conclusions rigoureuses sur l'importance de
la fortune des DU BOURG à Saint-Domingue. Elle apparaît
cependant considérable à la Révolution et, sans la
révolte, aurait pu devenir l'une des plus importantes de
l'île. Le rythme de développement en était impressionnant.
Après leur arrivée en 1765 ou 1766, il s'écoule une
période de quatre années pendant laquelle ils achètent la
maison du Cap et se rendent acquéreurs des premières
pièces de leur futur domaine. Lorsque la totalité des
habitations DU BOURG fut réunie, vers 1786, cette famille
a sans doute connu, de 1787 à 1792, une période difficile
qui transparaît à la fois à travers la vente de l'habi-
tation du Mirebalais (sauf but de spéculation) et surtout
les dettes que fait un peu partout la maison de commerce.
Le nombre d'oppositions faites contre les demandes
d'indemnités DU BOURG lors de la liquidation de 1844 le
montre bien : SERNET, BLANC, ROQUES, BREJON de MARES,
POUPET, PERNEL, GOGUET.
En 1791, néanmoins, avec le retour du Mirebalais dans
le domaine familial, il semble que la situation se soit
améliorée et qu'un nouveau développement du domaine ait
alors été en vue. Mais les événements vont se précipiter.
Dès 1789, beaucoup de colons sont alarmés par le tour
violent que prennent les querelles politiques. Les députés
de la colonie partent pour la métropole, accompagnés de
nombreux partisans, pour participer aux débats des Etats-
Généraux et défendre la colonie à Versailles. De leur
côté, les 85 membres de l'Assemblée coloniale rompent, en
août 1790, avec le Gouverneur général PEINIER.
Première alerte sérieuse en août 1791 : le soulè-
vement des noirs du nord et des mulâtres de l'ouest et du
sud. Des familles entières s'affolent et quittent Saint-
Domingue. En général, elles ont pu réaliser leurs marchan-
dises en magasin et leur intention est de revenir une fois
l'orage passé. Elles gagnent la Jamaïque, Philadelphie et
les ports de la Virginie et de la Géorgie. Comme le dira
plus tard Louis DU BOURG dans une lettre : "l'insurrection
dévasta la majeure partie des propriétés du nord et
beaucoup de propriétaires furent massacrés, dont le sieur
DELOSTE" (important débiteur des DU BOURG).
La loi du 4 avril 1792, accordant aux libres les
mêmes droits qu'aux blancs, provoquait rapidement une
épuration des clubs, des municipalités, des cadres des
gardes nationales, d'où une nouvelle émigration vers les
Etats-Unis, d'octobre à décembre 1792. C'est dans cette
atmosphère de troubles que survint la mort de Patrice DU
BOURG, à l'âge de 31 ans.
Jusque-là, les DU BOURG étaient restés.
Mais l'incendie du Cap et la révolte générale consom-
ment d'un coup leur ruine, et en particulier détruisent
leur maison de la rue du Vieux Gouvernement. Ils suivent
alors la moitié de la population blanche du nord qui
s'entasse sur la centaine de navires partant en un convoi
que commande l'Amiral CAMBIS. Les émigrés se dispersent
dans les ports du sud et en Pennsylvanie. Le gros débarque
à Philadelphie, d'autres à New-York, Savannah, Newport,
Charleston et Baltimore.
C'est à Baltimore que débarqua Louis DU BOURG "avec
cinq personnes de sa famille". Il devait s'agir de son
demi-frère Pierre François "de Sainte Colombe", de sa
femme et de leurs enfants. Nous connaissons le nom de deux
de ses filles : Aglaé et Céléna.
Profitant de la reprise par les Anglais de certaines
parties de l'île, Louis DU BOURG revint à Saint-Domingue
en mai 1794, puis passa à Kingston (Jamaïque), le 24
juillet 1795, avec François CARRIÉ, un acte d'accord sur
leurs droits respectifs dans leurs affaires qu'il enre-
gistra à la sénéchaussée de Port-au-Prince le 14 novembre
1795.
Il ne peut que constater l'échec de sa tentative dans
la déclaration qu'il fit au consulat de France à Baltimore
le 30 août 1796. Plus sur son crédit que sur ses
ressources, il monta à Baltimore une maison de commerce
qui commençait à prospérer lorsqu'elle fut entraînée dans
la crise de 1801. Il revint alors à Bordeaux. Il y
attendit quatre ans que les affaires de Saint-Domingue
s'arrangent, avec sa soeur Françoise FOURNIER. Celle-ci se
trouvait en France depuis juin 1790, à Mont-de-Marsan,
chez Mme DESBAZEILLES. Son père, Pierre DU BOURG, était
venu s'y installer, nous l'avons vu, en 1788. Après la
mort de celui-ci, en septembre 1793, on perd la trace de
Françoise. Elle vint peut-être rejoindre son mari Antoine
FOURNIER qui avait fait partie du voyage vers Baltimore.
Ce dernier meurt, en tout cas, à Philadelphie, le 18
février 1795. Il est donc plus vraisemblable que Françoise
Fournier était restée chez Mme DESBAZEILLES pour rejoindre
ensuite son frère Louis à Bordeaux en 1801.
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Révision 24/12/2004