G.H.C. Bulletin 75 : Octobre 1995 Page 1437

Sur les ruines de la Pointe-à-Pitre le 13 février 1843

effroyable  que  faisaient autour d'elles les rochers  qui 
roulaient   dans  les  précipices,   les   montagnes   qui 
s'écroulaient dans les vallées, le déchirement de la terre 
qui s'entrouvrait, alors elles se sont spontanément jetées 
à genoux en levant les bras au ciel.        
     Sur  un  grand nombre des points de  la  colonie,  la 
terre s'est entrouverte et a vomi de l'eau bouillante. 

     L'île  de Marie-Galante et les îles des  Saintes  ont 
souffert comme la Guadeloupe : leurs villes et bourgs sont 
détruits.

     Je  t'écris très rapidement parce que je n'ai pas  un 
moment à moi. 
     Je ne dois pas oublier de te dire que D'OUTRELEAU est 
sain  et  sauf;  la  façade de sa  maison  s'est  écroulée 
pendant  qu'il y était encore et il s'est  miraculeusement 
sauvé sur un plancher qui est resté debout. Informes-en sa 
famille.
     Je  suis  fatigué mais je me porte  bien.  Puisses-tu 
recevoir cette lettre avant toute nouvelle qui pourrait te 
faire craindre que je ne suis  pas en vie.
     Adieu. Je t'embrasse de tout mon coeur. Ton ami.

                                   (signature illisible)

     Ecris  chez  moi  tout de suite et  dis  qu'il  m'est 
impossible d'écrire. 
     Tu  liras  probablement  des  descriptions  dans  les 
journaux.  Dis  à  toutes  les  personnes  qui  pourraient 
craindre  des  imaginations que je suis de sang  froid  en 
t'écrivant et que je ne crois pas que l'imagination puisse 
inventer de pareils désastres.
     J'allais  oublier  de te dire que les pertes ne  sont 
pas  calculables.   A  la  Pointe-à-Pitre  seulement,  les 
maisons détruites étaient cadastralement estimées plus  de 
vingt  cinq  millions et les valeurs que renfermaient  les 
maisons en marchandises, matières précieuses et meubles ne 
peut  pas être au-dessous de dix millions.  Le nombre  des 
morts  n'est  pas  connu :  ce n'est  qu'au  hasard  qu'on 
l'évalue à 2.500 personnes;  le nombre des blessés est  de 
2.000.

NDLR
En  complément  de ce remarquable  témoignage,  fort  bien 
écrit,  sur  ce tremblement de terre du 8 février 1843 qui 
causa  la  mort de 3.000  Guadeloupéens,  on  peut  relire 
l'article  de Claude Thiébaut écrit 150 ans après (GHC 47, 
mars 1993, p. 742).
Voici  quelques éléments généalogiques sur  les  personnes 
citées (à confirmer ou infirmer) :

- Jean  Baptiste  Antoine DOURNAUX-DUCLOS,  fils  de  Jean 
Baptiste  Honoré et de Jeanne Julie MARAVAL.  Né à  Basse-
Terre  (où se trouvait le reste de sa famille) vers  1793, 
il  s'était établi à la Pointe-à-Pitre comme négociant  et 
il y épousa,  le 12 mars 1822, Louise Clara VESINNE-LARUE, 
fille  de  Joseph  Henry  et  de  Marie  Anne  Sylvie  (ou 
Virginie)   BOURDEL,   qui  était  née  en  émigration   à 
Elisabethtown (New Jersey) vers 1805.
- Gustave BOUSCAREN,  habitant propriétaire à Sainte-Marie 
de la Capesterre,  né à Capesterre le 3 mai 1806,  fils de 
Pierre  et de Jeanne Gabrielle de POYEN,  avait  épousé  à 
Pointe-à-Pitre,  le  7 mai 1833 Lise SEGOND,  née en cette 
ville  le  1er avril 1812,  fille de  Guillaume  Frédéric, 
négociant,  et Lise DARASSE.  Ce devait être une des trois 
"faibles  femmes".  Gustave BOUSCAREN émigrera aux  Etats-
Unis en 1848.
  Il  aurait pu s'agir aussi du père  de  Gustave,  Pierre 
BOUSCAREN, de sa seconde épouse Eugénie RÉAUX, "et de leurs 
filles Rosalie, née en 1822, et Lydie, née en 1824 (toutes 
deux nées à Pointe-à-Pitre) mais c'est moins probable  car 
Pierre,  né à Bordeaux le 24 mars 1768,  d'après mention à 
son premier mariage, avait alors près de 75 ans. 

- Dominique Marie d'OUTRELEAU, négociant à Pointe-à-Pitre, 
né  à  Paris  le 2 janvier 1793,  fils de  Charles  Simon, 
notaire  à  Nemours,  et Elisabeth  LAUDIER  (ou  LANDIER) 
DESGRANGES.  Il avait épousé à Pointe-à-Pitre,  le 18 mars 
1830,  Catherine Rose Clémence MURAT, née le 15 avril 1807 
à  Grand-Bourg de Marie-Galante sur l'habitation  sucrerie 
de   ses  parents,   Dominique  Emmanuel  MURAT  et  Elise 
DELABALLE.

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     Nous  avons reçu le n° 9 (septembre-octobre 1995)  de 
ce "Journal" de 48 pages grand format,  riche de documents 
très  variés sur notre passé.  Impossible d'en  citer  des 
exemples,  on ne saurait que choisir;  signalons seulement 
que  les  16 pages du centre sont consacrées au  "diction- 
naire de la vieille France (mots et choses  d'autrefois)", 
bien utile.  Demandez un exemplaire en consultation,  vous 
ne serez pas déçu.
   Merci à Antoine de Yrigoyen de nous l'avoir signalé


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n° 22,  septembre-novembre 1995 :  plusieurs critiques  de 
livres  et disques;  articles sur  "Fort-de-France,  ville 
tropicale",  "Le  roman de Cacao" (Les Hmongs en  Guyane), 
"Une grande dame de la musique, Moune de RIVEL", etc.




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