G.H.C. Numéro 65 : Novembre 1994 Page 1190
"Une grande dame généreuse", Madame de MONTÉRAN
Lucie Weck, Bernadette et Philippe Rossignol
Le centre hospitalier de Saint-Claude a fait un
concours pour donner un nom à l'établissement. Un des noms
retenu est celui proposé par Lucie Weck, infirmière, qui
écrit ce qui suit à propos de cette "grande dame dont
l'oeuvre sociale, étonnante, audacieuse, et généreuse a
beaucoup contribué à donner à Saint-Claude sa physionomie
actuelle" :
"Au milieu du siècle dernier, Madame Victoire Joséphine
GHILLET épouse du baron LE PELLETIER de MONTERRAN, s'est
engagée avec audace dans une politique de haute portée
sociale; c'est ainsi que, le 10 mars 1844, elle fit don à
la commune de Basse-Terre extra muros (actuelle Saint-
Claude) d'un terrain de 3475 m2, sur lequel ont été
construits l'église, la mairie, l'école de filles, le
presbytère, le cimetière.
Elle alla jusqu'à morceler ses terres en hectares et
en carrés et permit à ses anciens esclaves d'en être
acquéreurs, contre une somme souvent symbolique. Par ces
actions, Mme de MONTERRAN fit naître avant la lettre la
petite propriété et créa à Saint-Claude une commencement
de climat social paisible.
En 1911, la commune a fait transférer les cendres de
Madame de MONTERRAN de son habitation au cimetière de
Saint-Claude. Trente-sept ans plus tard, le 27 juin 1948,
Monsieur le docteur Rémy Nainsouta, maire, fit relever la
tombe de Mme de MONTERRAN, qui était en ruines, et inau-
gura la rue qui porte son nom au bourg de Saint-Claude.
Le site sur lequel a été construit en 1852 l'asile des
aliénés n'est autre que l'ancienne habitation de
Monterran."
Lucie Weck nous joint la copie de l'acte d'inhumation à
Basse-Terre, le 3 décembre 1878, de
Joséphine Victoire GHILLET,
âgée de 78 ans, propriétaire, née à Paris, domiciliée à
Saint-Claude,
veuve en premières noces de sieur LE PELETIER baron de
MONTERRAN et en secondes noces de sieur Auguste GUILLET de
SAINT-CLAIR,
décédée le même jour dans sa résidence temporaire place
St-François, à Basse-Terre.
Le décès est déclaré par Jules GHILLET, habitant proprié-
taire, 33 ans, neveu de la défunte, domicilié au Lamentin.
Enfin Lucie Weck nous demande, de la part du directeur de
l'hôpital, s'il existe encore des descendants de cette
famille et comment les retrouver. C'est pour cette raison
qu'elle s'adresse à l'association, sur le conseil de
Gérard Lafleur qui, comme vous le savez, a écrit récemment
un livre sur Saint-Claude (voir GHC p. 1026).
***
A notre tour, nous faisons appel aux lecteurs de GHC.
Voici ce que nous savons sur le sujet :
Nous avons déjà évoqué, en juin 1991, le sieur BOURDAISE
de MONTÉRAN, son neveu Antoine LE PELLETIER de LIANCOURT
et son petit-neveu Jean Marie LE PELLETIER de MONTÉRAN
(pp. 340-341), mais nous n'avions pas poussé plus loin la
recherche.
Nous précisons bien que l'orthographe originelle du nom
est MONTÉRAN et non MONTERRAN, qui doit être une modifi-
cation tardive.
Des recherches faites à Basse-Terre, Basse-Terre
extra-muros, Saint-Claude et Lamentin ne nous ont permis
de trouver qu'un seul acte, le décès à Saint-Claude, sur
l'habitation PELLETIER, quartier du centre, le 4 février
1870, de la demoiselle Marie Estelle GHILLET, 26 ans, sans
profession, née à Paris, fille de Jean Marie et de Marie
Jeanne BARAT.
Il semblerait donc que Joséphine Victoire GHILLET
n'ait pas eu d'enfant de ses deux unions, et qu'elle ait
fait venir des neveux GHILLET, cette Marie Estelle et
Jules, celui qui déclarera son décès : hypothèse à
vérifier. Il faudrait, bien entendu, retrouver le partage
après décès ou le testament de la dame : nous invitons
vivement les lecteurs de Guadeloupe à rechercher ces actes
notariés.
Nous avons repris l'inventaire de l'habitation fait
par Me Vauchelet le 23 juillet 1835, que nous avions
rapidement évoqué en pages 340-341 :
Un premier inventaire de cette habitation sucrerie
"Beausoleil" avait été fait par Me Auguste Mollenthiel le
10 septembre 1832. Ce nouvel inventaire est consécutif au
décès de Marie Elisabeth BAILLARDEL de LARENTY veuve de
Jean Joseph LE PELLETIER DESTOURNELLES (inventaire après
décès chez Me Leyritz à Fort-Royal de la Martinique le 5
novembre 1834), qui laissait une orpheline mineure, Marie
Victoire Désirée, dont le tuteur, son oncle Louis Antoine
LE PELLETIER de LIANCOURT, et le subrogé-tuteur, Jacques
Adolphe de LAGRANGE CHANCEL, sont ceux qui demandent
l'inventaire.
Malheureusement, comme il ne s'agit que d'établir la
valeur de l'habitation (644.673F), elle n'est pas située
avec précision et il n'est pas question de l'établissement
de la propriété : il faudrait sans doute voir l'inventaire
de 1832 et rechercher chez Vauchelet ou son successeur
celui du partage éventuel entre les descendants, qui
expliquerait quand et comment l'habitation s'est retrouvée
entre les mains de Madame veuve de MONTÉRAN puis veuve
GUILLET. Nous n'avons pas le temps de faire cette longue
recherche. Qui pourrait s'en charger ?
Les quatre héritiers propriétaires, étaient en 1835 :
- Louis Antoine LE PELLETIER de LIANCOURT, ancien officier
de marine, habitant propriétaire au Trou-au-Chat (Marti-
nique),
- Jean Marie Antoine LE PELLETIER de MONTÉRAN, demeurant à
Paris 52 rue de Chaillot,
- Marie Victoire Désirée LE PELLETIER DESTOURNELLES,
mineure, par représentation de son père, conseiller au
conseil de la Martinique, décédé en 1829,