G.H.C. Numéro 64 : Octobre 1994 Page 1178
NOTES DE LECTURE
d'Hervé Morvan
Madame de Staël : Lettres à Narbonne
(Paris, Gallimard, 1960)
Préface de la comtesse Jean de Pange.
Introduction, notes et commentaires de Georges Solovieff.
p. 14
Né en 1755, le comte Louis-Marie-Jacques Amalric de
NARBONNE-LARA apprit le grec sous l'égide du Dauphin lui-
même, étudia les sciences diplomatiques, l'histoire et le
droit public. A vingt-cinq ans, il est colonel au régiment
d'Angoumois, puis à celui de Piémont. En 1782, il épouse
une jeune fille de quatorze ans, Marie-Adélaïde de
MONTHOLON, fille unique du Premier Président du Parlement
de Rouen, qui lui apportait, par sa mère, trente mille
livres de rentes tirées de propriétés sises à Saint-
Domingue, et par son père, un million de rentes de
propriétés en France. Il eut d'elle deux filles, mais
s'entendant mal avec sa femme, il se sépara d'elle.
p. 66, note 1.
Paul BELIN de VILLENEUVE (o ? + 1802), propriétaire
foncier créole à Saint-Domingue, procureur des biens des
NARBONNE dans cette île. Auteur d'une brochure en faveur
de l'émancipation des Noirs : "Lettre d'un créole de
Saint-Domingue à la Société établie à Paris sous le nom
d'Amis des Noirs". Paris, 1789 (voir Gabriel Debien : "Les
colons de Saint-Domingue et la Révolution, essai sur le
club Massiac". Paris, A. Colin, 1953, p. 84).
p. 100, note 3
François-Pierre BLIN (o 1756 + 1834), médecin, député de
Nantes, constituant, girondin et colon à Saint-Domingue.
Lors de la discussion à propos de l'insurrection des Noirs
à la Martinique, il proposa de laisser les colonies se
constituer elles-mêmes.
p. 113, note 1
Pierre-Victor baron MALOUET (o 1740 + 1814), ancien
constituant et ami de Louis XVI, était arrivé en
Angleterre à la fin de septembre. Ami de Madame de STAëL
et de NARBONNE, il avait, comme celui-ci, de grands
intérêts à Saint-Domingue dont il avait été un adminis-
trateur.
p. 125, note 1
Alphonse-Louis-Nicolas de LA CHâTRE (o 1779 + 1802), plus
tard aide de camp du général Rochambeau. Il périra dans
l'expédition de Saint-Domingue.
p. 130, note 4
Nicolas, chevalier de MONTHOLON (o 1735 + ?), beau-père de
NARBONNE. A la mort de sa femme, en 1788, c'est sa fille
qui prit la direction des affaires de Saint-Domingue
devenues les siennes (voir Eugène Welvert : "Autour d'une
dame d'honneur, Françoise de CHALUS, duchesse de NARBONNE-
LARA. Paris, Calmann-Lévy, 1910, p. 107).
p. 144, note 3
Henri-François-Lucretius de FOREST, marquis de BLACONS (o
1758 + 1805), un des artisans de la réconciliation de
Mirabeau avec la Cour. Il émigra, se rendit au Cap en
1792, puis à Philadelphie, où il retrouvera Talleyrand.
p. 172, note 4
J.-A. LE BRASSEUR (o 1745 + 1794), avait été intendant de
St-Domingue en 1779, premier président des deux Conseils
supérieurs du Cap en 1784, et indendant général des fonds
de la Marine et des Colonies, en 1788. Il sera guillotiné.
p. 404, note 1
John, amiral Jervis, comte de SAINT-VINCENT (o 1735 +
1823) commandait l'escadre chargée de s'emparer des
Antilles françaises. La Martinique, attaquée par l'armée
de Sir Charles Grey et par la flotte de Jervis, capitulera
le 25 mars 1794. Dans un billet non daté à d'ARBLAY (*),
écrit de Londres au début d'avril, NARBONNE lui parle de
la prise de la Martinique, exprimant l'espoir que Saint-
Domingue aura son tour.
(*) Il s'agit du général, comte Alexandre-Jean-Baptiste
PIOCHARD d'ARBLAY.
p. 408
Extrait d'une lettre écrite par Madame de Staël à
Narbonne, à Lausanne, le 25 mars 1794 :
"J'ai parlé hier à un négociant suisse qui arrive de
Bordeaux, ami de M. de LORE, votre correspondant (*),
qu'il a tiré de prison pour 24.000 livres. Il sait des
nouvelles de Saint-Domingue, et notamment des environs du
Cap. Il m'a d'abord dit que toute la colonie, excepté le
quartier de Jérémie (**), avait repoussé les étrangers et
qu'aucun des Nègres restés à Saint-Domingue ne pourrait
jamais servir, tant l'esprit jacobin s'en était emparé".
(*) Jacques DELORTHE, l'homme d'affaires bordelais de la
comtesse de NARBONNE.
(**) Ville maritime, au nord de la presqu'île méridionale.
"Les troupes anglaises, aidées des propriétaires armés,
s'emparèrent du môle de Saint-Nicolas, de Saint-Marc, de
Jérémie et de toute la partie de l'ouest". (Pierre-Victor
baron Malouet : "Mémoires de Malouet", p.p. son petit-fils
le baron Malouet. Paris, Didier & Cie, 1868, 2 vol. t. II,
p. 212).
p. 411
Autre extrait de la lettre écrite par Madame de Staël à
Narbonne, à Lausanne, le 25 mars 1794 :
"Je prie Malouet de vous offrir de faire pour vous à
Saint-Domingue ce qu'il fera pour lui; son habitation est
à 4 pas de la vôtre; il n'est occupé que de l'affaire des
colonies".
p. 431, note 2
La seconde femme de MALOUET, Mme de BELLOY, qu'il avait
rencontrée à Londres en automne 1792 et qu'il épousa un
peu plus tard (voir Malouet : Mémoires, op. cit., tome II,
p. 198). Sa première femme, Marie-Louise BÉHOTTE, était
morte en 1783.
p. 107, note 1
La femme de NARBONNE, née Marie-Adélaïde de MONTHOLON (o
1768 + 1848). Après son mariage avec Louis de Narbonne, on
prit dans son entourage l'habitude de l'appeler comtesse
Louis ou Louise.
Madame de Staël : Lettres à Ribbing (Paris, Gallimard,
1960). Préface de la comtesse Jean de Pange. Etablissement
du texte, introduction et notes de Simone Balayé.
p. 136, note 2
Elle était née Adélaïde-Marie-Françoise PYVART de
CHASTULLÉ (o 1769 + 1814), fille d'un maréchal de camp,
riche propriétaire à Saint-Domingue et allié à la famille
de la future impératrice Joséphine, ce qui explique en
partie la faveur dont jouira son mari auprès de Napoléon.
Elle-même sera dame d'honneur de Joséphine. Pour éviter
les confiscations, elle avait divorcé fictivement, ce qui
l'avait libérée de prison aussitôt.
Adélaïde PYVART de CHASTULLÉ était l'épouse du comte
Alexandre de LA ROCHEFOUCAULD.