G.H.C. Numéro 64 : Octobre 1994 Page 1175
LAFITTE, mythe ou réalité ?
du Cap, natif de la paroisse de Ste-Blandine, diocèse de
Poitiers.
- A St-Marc : le 2 juillet 1762, inhumation de Bertrand
LAFITTE, âgé de plus de 60 ans, natif de St-Pierre de
Hougas, archevêché d'Auch; le 20 avril 1771 (et non pas en
1772 comme indiqué), mariage d'Antoine LAFITTE, natif de
Bordeaux paroisse St-Michel, fils majeur et légitime de
Joseph LAFITTE et de feue Bonaventure DUNERT, avec dame
Françoise SALÉ, veuve en secondes noces de Joseph RAY,
native de cette paroisse, fille majeure et légitime de feu
Michel SALLÉ et de dame MARCHAND aujourd'hui veuve
GAUTHIER; enfin, le 1er avril 1776, inhumation d'Arnaud
LAFITTE, natif du Hoga diocèse d'Auch, âgé d'environ 63
ans.
Aux Etats-Unis
Comme Jean LAFFITE, nous partons définitivement à la fin
de l'été 1802 à bord de l'"Aguila del mar", où Christina
meurt après avoir mis au monde une fille, Denise, sans
avoir revu La Nouvelle-Orléans où son mari allait entrer
dans l'Histoire et la légende. Alexandre Dumas n'a pas
fait mieux.
Georges Blond nous tient en haleine en faisant revivre
l'épopée que fut la vie de cet énigmatique dernier grand
corsaire, son activité centrale avec son frère Pierre
à Barataria, à l'embouchure du Mississipi, ses démêlés
avec les Anglais, les Louisianais, son efficacité dans la
défense de la Louisiane qui lui valent les félicitations
et l'amnistie présidentielles pour lui et ses hommes. Ses
affaires prospèrent, notamment à Galveston au Texas et
c'est de là que toute cette aventure va partir car, pour
les uns, il quitte Galveston et disparaît en mer, pour les
autres, sous un faux nom, il va s'installer aux Etats-
Unis, voyage en Europe et subventionne le Manifeste du
Parti Communiste de Karl MARX. C'est la thèse d'Hubert
Deschamp dans "Pirates et flibustiers" aux P.U.F. et c'est
également le point de vue de Georges Blond qui se réfère à
Stanley Clisby Arthur. Ils diffèrent toutefois sur un
point : pour Hubert Deschamp, LAFFITE quitte Galveston à
bord de son navire "L'orgueil" alors que, pour Georges
Blond, le navire se nomme "Le Christina".
Ensuite, négociant avisé, il aurait changé d'identité et,
sous le nom de John LAFFLIN, installé à Philadelphie, il y
aurait marié sa fille Denise avec Francis LITTLE en 1825
ou 1826 et lui-même aurait épousé à Charleston, Caroline
du Sud, en juin 1832, Emma Hortense MORTIMER. Sous quel
nom ? LAFFITE ou LAFFLIN ?
Il serait décédé à Alton dans l'Illinois le 5 mai 1854,
âgé de 72 ans si sa date de naissance est exacte.
Lequel de nos lecteurs américains pourra vérifier les
registres de ces trois villes ?
La consultation des six volumes de l'Indemnité de St-
Domingue montre des LAFITTE, LAFFITE, veuve ou épouse
LAFITTE (orthographes variables) mais aucun de ces noms ni
des prénoms cités n'ont de lien avec Marcus LAFFITE établi
(selon les ouvrages précités) comme tanneur à Port-au-
Prince sur l'habitation Belle-Plaisance.
Ce qui nous ramène à la question initiale : mais où sont-
ils nés ? Osons une hypothèse douteuse mais détendante, je
l'espère : peut-être faudrait-il chercher au Caire, ce qui
fournirait une nouvelle version de "Laffite en Egypte"...
NDLR Nous attirons de nouveau l'attention des lecteurs,
comme nous l'avons fait en NDLR de la page 1152, sur le
fait que Georges Blond se base sur Stanley Clisby Arthur,
lequel tire ses informations des descendants des LAFFITE.
Or une tradition ou légende familiale n'a jamais la valeur
d'un document historique ou d'une pièce d'archives... et
les frères LAFITTE semblent s'être évertués à brouiller
les pistes. En revanche, les indications de Bertrand
Guillot de Suduiraut (p. 1152), basées sur des documents
familiaux précis, semblent plus dignes de foi. Nous
serions heureux d'avoir communication du mémoire et des
pièces d'état civil, comme proposé : a-t-on trouvé à
Bordeaux la naissance d'un frère de Pierre prénommé Jean ?
GLOSSAIRE
(voir pp. 671 et 717)
Jean-Marie et Françoise Loré
Il est dommage que cette rubrique ne se soit pas
enrichie de plus de mots ou d'expressions car le créole
des îles est très riche et a puisé dans le français,
l'anglais, l'espagnol, le caraïbe et les dialectes
africains. En parlant avec les parents, les grands-
parents, qu'ils soient de la ville ou des bourgs, de la
campagne ou des mornes, on apprend beaucoup. Alors,
membres ou lecteurs, fouillez votre mémoire et prenez
votre plume. Mon épouse et moi-même sommes heureux
d'apporter notre contribution à ce glossaire.
BACOUA : chapeau à larges bords en fibres de vacana ou
bacana, traditionnellement porté par les pêcheurs.
BOUTOU : bâton, gourdin.
CALENDER : former et décorer avec du jaune calendé un
mouchoir ou un madras pour en faire une coiffure appelée
"tête calendée", portée autrefois par les femmes de la
campagne.
CANARI : ustensile de cuisine en terre cuite.
COHÉ : petite baie (terme géographique).
COQ "GAME" ou "GUÉMÉ" : coq de combat, gallinacés préférés
des cultivateurs ou des éleveurs qui les font s'affronter
dans les "PITTS".
COUI : récipient servant en cuisine, fait avec une demi
calebasse.
DA : nourrice de couleur;
FOND : petite vallée étroite.
GAULE : robe longue et large portée autrefois par les
femmes âgées.
GRAGERIE : bâtiment où se trouvait le moulin à manioc et
où il était "gragé" ou râpé.
PITT : arène de combat de coqs.
POTAGER : dans les cuisines anciennes, sorte de table
carrelée servant à cuire ou réchauffer les aliments avec
des braises (vieux mot français).
MAYOMBÉ : mot africain désignant une fourche. Lors de
l'exposition "Les anneaux de la mémoire", j'ai appris
qu'il désignait une fourche de bois immobilisant le cou,
servant dans les transports caravaniers africains contre
les individus récalcitrants.
TOURLOUROU : petit crabe de terre.
TRAY : plateau carré en bois porté sur la tête, servant au
transport des charges.