G.H.C. Numéro 64 : Octobre 1994 Page 1166
Jean-Baptiste REPEY, professeur de médecine à Rochefort
Pierre Jourdan
D'après le dossier des Archives de la Marine à Vincennes.
M. "Jean Baptiste REPEY, 2e médecin en chef de la marine,
chevalier de la légion d'honneur, docteur en médecine de
la faculté de Montpellier, est décédé samedi 12 août 1837,
à 4 h du soir, après une maladie de 36 heures que l'on a
reconnu être une entérite des plus intenses, à son domi-
cile rue St Pierre n°... (manque)."
Il avait 56 ans.
Né à la Basse Terre, Guadeloupe, paroisse Notre Dame
du Mont Carmel, le 25 juin 1780, il était le fils
d'Emilien Anne Repey, employé au Génie et de Marie Louise
HUVET, propriétaire.
Le 18 février 1813, il avait épousé, à Rochefort,
Elisabeth Adélaïde Ambroisine SORREL, 24 ans, née à
Rochefort, le 8 janvier 1789, fille de feu Maurice Sorrel
sous directeur des vivres de la marine, décédé le 13
juillet 1807, et de Marie Elisabeth DUPONT, demeurant en
cette ville, consentante.
"...Le dit M. Repey nous a déclaré ne pouvoir rapporter le
consentement de ses père et mère, s'ils existent, ou leur
extrait de mort, s'ils sont décédés, par le défaut de
communication avec cette isle (la Guadeloupe)."
De ce mariage est issue Jeanne Elisabeth, née le 6 mai
1814.
En 1816, le ministre de la marine et des colonies,
s'informe de Jean Baptiste Repey fait prisonnier de guerre
par les anglais le 10 août 1815 et débarqué de l'Hydra, au
Havre, le 18 octobre suivant.
Voici la lettre que Repey lui adresse :
"Officier de santé entretenu, de 1ère classe, au port de
Rochefort, envoyé l'an dernier (1815) à la Guadeloupe pour
servir en cette qualité, revenu en France depuis que les
anglais ont pris cette colonie et confondu parmi les
prisonniers qu'ils y ont fait, il est de mon devoir et de
mon intérêt de chercher à éclairer votre opinion sur ma
conduite.
Je suis demeuré impassible au milieu des mouvements révo-
lutionnaires de la Guadeloupe.
En continuant mes fonctions sous le Gouvernement de Bona-
parte, j'ai fait ce qu'ont fait tous les subalternes en
France et à la Guadeloupe, quoique la pluspart fût demeuré
fidèle au roi dans la pensée; la place que j'occupais
était d'ailleurs ma seule ressource.
(...) craignant que les anglais ne la gardassent, il
était normal que je vinse rallier le gouvernement royal;
absent j'aurais pu être mis au nombre de ceux qui se sont
sauvés lors de la capture; mon retour était d'ailleurs
nécessaire pour travailler à la conservation de mon
emploi; je n'ai point été inquiété ni arrêté par les
anglais; j'ai moi même sollicité mon embarquement; c'est
le contre amiral de LINOIS qui l'a obtenu de Sir DURHAM.
Vous pouvez, monseigneur, faire informer de ma conduite
politique au port de Rochefort, non depuis que Louis XVIII
est monté sur le trône de ses yeux (aïeux), mais pendant
le gouvernement impérial : il n'a d'opinion sincère que
celui qui brave les dangers.
Plein de confiance (...), j'ai l'honneur de solliciter le
maintien de ma place dans le cadre des officiers de santé
entretenus du port de Rochefort à moins qu'il ne vous
plaise de me donner une autre destination."
Au dossier nous trouvons une lettre adressée à son
Excellence, le baron HYDE de NEUVILLE, pair de France,
ministre de la Marine et des Colonies, par la mère de Jean
Baptiste Repey, et datée du 19 décembre 1828.
"Monseigneur,
Agée, infirme et sans moyen d'existence, la veuve
REPEZ (sic) éprouve des besoins journaliers auxquels elle
ne pourra bientôt plus satisfaire qu'en implorant la
bienveillance des personnes charitables.
La malheureuse situation de la veuve Repez fait qu'elle a
recours à son fils; qui est professeur en médecine à
Rochefort.
Elle supplie donc son excellence d'ordonner à son fils
Repez de lui faire une pension qui pourra subvenir à ses
besoins, et de la faire toucher au Trésor Royal à la Basse
Terre."
Et c'est signé "Veuve Repey". Ecriture tremblée qui ne
correspond pas à celle du texte. Ce qui nous fait penser
que la lettre a été dictée, d'où sans doute l'emploi de la
3e personne, et cette faute : REPEZ alors que la signature
comporte un Y.
Dans une lettre du 11 mai 1829, émanant du directeur
du personnel de Rochefort et adressée à monsieur le
ministre, nous lisons : "J'ai fait part à M. Repey,
professeur d'histoire naturelle médicale à Rochefort, de
la réclamation adressée à votre Excellence par mde Veuve
Repey, qui habite la Guadeloupe.
Cet officier de santé se refuse à fixer le secours annuel
qu'il veut accorder à sa mère; il assure avoir déjà
beaucoup fait pour elle et qu'il continuera de lui envoyer
quelques fonds, mais à des époques qu'il se réserve le
soin de fixer."
En novembre 1830, Jean Baptiste Repey fut victime
d'un charivari avec des incidences et différentes impli-
cations; le bruit fait autour vint jusqu'au ministre. Ce
qui nous vaut plus de 25 pages de lettres et rapports.
Nous nous contenterons de les résumer fortement.
A l'origine des faits incriminés, la mise aux arrêts
de rigueur infligé, par Repey, à un élève "chirurgien en
sous ordre" (de 3e classe) qui avait oublié de le saluer
(nous croyons comprendre, en lisant entre les lignes, que
l'oubli fut volontaire) et ceci devant d'autres élèves.
"Quelques jours après, ayant demandé l'officier de santé
puni, pour l'admonester et lever ses arrêts, nous apprîmes
avec étonnement qu'il était absent et que tous les jours
il sortait sous le prétexte d'aller prendre ses repas en
ville."
Le prévôt de l'hôpital, M. SENDEMAYE DULAC, ayant
épousé les intérêts de son jeune camarade, fut remplacé
immédiatement dans ses fonctions, le 19 novembre 1830.
"Cet acte, mal interprété par des officiers de santé
subalternes, a été la cause d'une réunion inconvenante
(...) ayant pour but apparent de prouver à M. le prevost