G.H.C. Numéro 62 : Juillet-août 1994 Page 1117
Aman SOUQUES ou Un gascon à la conquête du sucre antillais au XIXe siècle
Néanmoins, Armand Budan écrivait en 1863 "De l'Anse-
Bertrand, une grande et belle route mène en deux heures au
Port-Louis. J'engage ceux qui voyagent, à s'arrêter, en
passant à l'habitation Souques (Beauport), les proprié-
taires offrent toujours à ceux qui les visitent une
hospitalité gracieuse et bienveillante. Ils auront
l'occasion de voir le plus bel établissement industriel de
l'île. L'usine Souques, appelée à fabriquer bon an mal an,
une moyenne de trois à quatre mille barriques de sucre,
est dans une situation admirablement faite pour son
succès".
Vers les années 1865, la jeune génération prend la relève.
L'aîné des fils d'Aman Souques, Auguste (1829-1885) devint
à son tour maire du Port-Louis, puis conseiller général de
Guadeloupe. Il avait épousé en 1852, Delphine Iphis
Ruillier (4) et acheta en 1870 l'habitation Sylvain, à
l'abandon depuis la mort de Sylvain Montalègre (1845).
Elle faisait environ 200 ha.
Enfin, un des fils cadet, Ernest Souques (1831-1908),
commençait à faire parler de lui. Après des études en
métropole, il épousa en 1867 Alice Cabre, fille du docteur
Cabre (de Basse-Terre) (5). Il fut un des plus grands
industriels guadeloupéens de la fin du siècle dernier,
mais aussi homme politique et président du conseil général
de Guadeloupe. Sa personnalité très controversée a déjà
fait couler beaucoup d'encre, et il ne semble pas vraiment
pouvoir bénéficier de la même réputation de
"bienveillance" qu'avait son père. Cet euphémisme étant
aussi bien valable dans le public que dans sa propre
famille!
En 1872, la famille Souques achète 4 terrains à Pointe-à-
Pitre au coin des rues d'Arbaud (aujourd'hui rue Achille-
René Boisneuf) et de Nozières pour y faire édifier une
maison de briques et de fer forgé qui serait sortie des
ateliers de Gustave Eiffel. Elle resta dans la famille
jusqu'en 1920, date à laquelle elle fut vendue à l'usine
Darboussier (créée par Ernest Souques en 1864) pour y
loger son directeur. Elle est aujourd'hui le musée Saint-
John-Perse.
Aman Souques s'éteignit à 77 ans, le 29 octobre 1877, chez
son fils Auguste, à Saint-Claude-Matouba. Il fut inhumé
dans un caveau situé sur un morne un peu à l'écart de
l'habitation Beauport qui semble ne plus exister
aujourd'hui.
1877 fut aussi l'année de la vente de l'usine Souques à la
Société Anonyme des Usines Beauport. Cette société, créée
pour l'occasion et dont la famille resta actionnaire au
début, avait son siège à Paris, place de la Bourse. Il
sera plus tard transféré à Bordeaux, 18 place des
Quinconces. La famille resta propriétaire de toutes les
terres.
Le très fort endettement et l'aggravation de la crise
sucrière, forcèrent la famille à se séparer de ce qu'Aman
Souques avait créé. Ils eurent ainsi raison d'une des plus
fortes volontés d'industrialisation de Guadeloupe au XIXe
siècle.
Notes
(1) Elle était la fille de François-Bernard Mamiel de
Marieulle et de Marie-Louise Douillard Mahaudière.
(2) Elle était fille de Jean-Baptiste Lemorne Jumaudière
et de Marie Lemercier de la Clertière.
(3) Emigrés pendant les troubles révolutionnaires, comme
beaucoup de Guadeloupéens, il avait épousé à la Martinique
Anne-Calixte Tascher de la Pagerie.
(4) Née en 1834, elle était fille de Germain-Sauveur Iphis
Ruillier et de Marie-Renette Courdemanche de Boisnormand
(5) Sa mère était Marie-Joseph-Lavinie Gilbert Desmarais.
Bibliographie
* Armand Budan "La Guadeloupe pittoresque" 1863.
* Alain Garnier et Christiane Lenglet-Cuvellier; "Mémoires
de Martinique et de Guadeloupe"; ed. Exbrayat, 1990.
* Claude Hoton "Ernest Souques, le manipulateur de Nègres"
in "Guadeloupe 1875-1914" ed. Autrement, 1994.
* Huguette Ruillier-Voillaume; "Du Nébouzan aux îles du
vent de l'Amérique"; in "Nébouzan", 1993 (revue).
* Huguette Voillaume "La famille Ruillier et ses alliés"
Généalogie et Histoire de la Caraïbe, 1990.
TROUVAILLES
de Pierre Baudrier
Dans "Curés et vicaires des Yvelines au cours de la
ériode révolutionnaire, 1789-1802" par B. Dieudonné, éd.
e l'évêché de Versailles, 1993, on peut probablement en
rouver déportés en Guyane ou nés aux Antilles.
annoncé dans Généalogie lorraine, mars 1994, n° 91)
Le carton AA 394 des archives de la Préfecture de Police
ontient un dossier Auguste JAMMES, pharmacien-docteur, né
Orthez (Basses-Pyrénées), âgé de 30 ans en 1831.
U>NDLR Il s'agit d'un grand-oncle du poète Francis JAMMES,
ont le père était né en Guadeloupe. Voir "Jean-Baptiste
AMMES, docteur médecin et maire de Goyave au XIXe siècle"
ar Daniel-Edouard Marie-Sainte (bulletin de la société
'histoire de la Guadeloupe n° 69-70, 3e et 4e trimestres
986), note 21 page 11.
I>de Jean-Christophe Germain :
A la recherche du passé
L.C. Chassaniol, libraire antiquaire
BP 668, 97169 Pointe-à-Pitre
Catalogue de livres et documents divers. Nous relevons :
- Correspondance de Mr ORRY de LA ROCHE de Nantes avec son
géreur Mr BRECOGNE, aux Cayes de St-Domingue (1783) : 5
pièces, 9 pages.
- Acte de mariage à Pointe-à-Pitre, le 19 2 1827, de M.
LUCAS et Mlle GALBAUD du FORT
- Deux dossiers manuscrits de B. VENDRYES pour l'Indemni-
sation des colons de St-Domingue, concernant la famille
MEROT DU BARRE