G.H.C. Numéro 55 : Décembre 1993 Page 912
LA PAGE DE LA LOUISIANE
de la Guadeloupe à Santiago de Cuba et de la délégation de
St Domingue à Baracoa (Cuba)... qui s'étaient vu recon-
naître le droit de recevoir des déclarations de mariages,
naissances et décès. Ces archives ont été remises sur
ordre au consulat général de France à la Nouvelle Orléans
après le 26 mars 1814.
Les articles 34bis-45, à peu près identiques par leur
contenu, proviennent des consulats de France aux Etats-
Unis : Baltimore, Charleston,New-York,Norfolk,La Nouvelle
Orléans, Philadelphie.
Nous ne savons pas si la possibilité de consulter ces
microfilms existe en dehors du CARAN et des Archives d'Aix
et en particulier si on peut les faire venir dans un autre
centre d'archives départementales... sans démunir ni Aix
ni le CARAN.
Le Fonds Tousard
(extraits des bulletins IV-4 p 22, V-2 p 11, V-4 p24)
La bibliothèque Clements de l'Université du Michigan
à Ann Arbor qui s'intéresse à l'histoire de l'Amérique
depuis Christophe Colomb, possède, parmi 300.000 lettres
et documents conservés dans la division des manuscrits au
deuxième étage, les "Tousard papers" acquis en 1955.
Ce fonds contient la correspondance d'Anne-Louis de
TOUSARD (1749-1817) qui était officier et ingénieur
militaire dans les armées françaises et américaines. Il
participa à la guerre d'indépendance américaine et servit
au Cap Français de 1787 à 1793. Plus tard, redevenu civil,
il fut consul de France et passa une partie de son temps à
la Nouvelle Orléans.
Bien que la plus grande partie des lettres soient
privées, entre sa femme, ses filles et lui, certaines
ont un intérêt plus général, entre autres la feuille
suivante qui, bien que sans lieu ni date, peut être datée
de novembre 1791 d'après le Dr. Geggus. Il s'agit
d'habitants du Limbé qui ont été captifs des esclaves
révoltés pendant deux mois. Le Père PHILEMON était un
capucin, curé du Limbé. Il fut pendu peu après , le 11
novembre, au Cap Français pour complicité (certains disent
participation) dans le viol des prisonnières. On ne sait
rien d'autre sur le Père PHILEMON qui figure dans
l'ouvrage de Jacques Thibau "Le temps de Saint Domingue"
Paris JC Lattes 1989.
Liste des personnes sauvées et délivrées des mains des
brigands par la division aux ordres de M. de Tousard.
MM. THOMAZEAU; ARNAU; Père PHILEMON; LAREGIEUX, chirurgien
ayant été longtemps chez les brigands, intéressant à faire
causer; CHEVALIER; AUZON aîné; Louis BASTILLE; DELILLE;
VIAU; BRULÉ.
Mesdames DANICOURT; de BERTE et son enfant; PELLETIER et
six enfants; SEVELINGE et trois enfants; BOYER; BEROUETTE
et deux enfants; Eugène THOMAS, trois enfants; CAZALLE;
veuve SOURZAC (JOURZAC ?), deux filles; LAROUSSELIERE;
SCHNEIDE.
Mlles LEMAZURIER; AUZON; FAURE cadete; PLUMEAU, deux;
CHEVALIER, trois enfants; LAMBERT; sa soeur; ROTUREAU
(TOTUREAU ?); BRULEY; CHASSEY; LAFLEUR; CAZAMAJOR et sa
fille; MARSAN; BARRIERE.
Le chevalier Anne-Louis de TOUSARD
Né en 1749 à Paris dans une famille de tradition
militaire, il était fils du général Charles-Germain de
TOUSARD et d'Antoinette de POITEVIN de LA CROIX.
Après des études à l'école d'artillerie de Strasbourg
il fut lieutenant dans le corps royal d'artillerie.
Sur la (fausse) promesse d'une commission dans l'armée
américaine, il rejoignit l'expédition DU COUDRAY à
Portsmouth en 1777. Il servit LAFAYETTE dans la malheu-
reuse campagne canadienne et dans deux autres batailles.
Lors d'une bataille dans le Rhode Island il fut gravement
blessé au bras droit et fut amputé sur sa demande pour
pouvoir reprendre plus rapidement son service. Le Congrès
le remercia en le nommant lieutenant-colonel et en lui
octroyant une pension à vie de 30 dollars par mois.
A cause de sa blessure, TOUSARD retourna en France où
il fut fait chevalier de St Louis et nommé major dans le
régiment de Toul.
En janvier 1784 il devint membre de la "Society of the
Cincinnati". Six mois plus tard il fut nommé lieutenant-
colonel au régiment du Cap et partit pour St Domingue. Là
il épousa Marie-Françoise-Reine JOUBERT SAINT MARTIN,
veuve d'un riche planteur.
Ils eurent deux filles : Caroline et Lorette.
En 1792, à la suite de conflits politiques, le commis-
saire civil fit arrêter TOUSARD et l'expédia en France où
il passa plusieurs mois dans les horribles prisons de
l'Abbaye, écrivant sa défense jusqu'au moment où il fut
libéré (février 1793) sur la demande du représentant des
U.S.A.
TOUSARD rejoignit alors sa femme et ses deux filles
aux U.S.A. Sa femme mourut en juillet 1794 et, l'année
suivante, il épousa Anna Maria GEDDES. Il fut réintégré
dans l'armée des Etats-Unis en février 1795 et, malgré ses
autres occupations, il fit les plans des fortifications
des côtes de Pennsylvanie, Rhode Island et New York, et en
supervisa la construction.
Sa principale contribution à la formation militaire
fut un plan pour la création d'une académie militaire qui
aboutit en 1801 à la création de West Point.
Blessé de ne pas avoir été nommé à la tête de cette
académie, TOUSARD donna sa démission de l'armée américaine
en 1802 et rejoignit la malheureuse expédition du général
LE CLERC contre les esclaves révoltés de St Domingue.
Après cela il retourna en France et Napoléon le nomma
au consulat de La Nouvelle Orléans. Il y servit de 1805 à
1816, avec un bref séjour à Baltimore. En 1816 il retourna
à Paris, le lieu de sa naissance, et y mourut moins d'un
an plus tard.
TOUSARD écrivit, au départ avec les encouragements de
Georges WASHINGTON, un ouvrage en 2 volumes "The American
Artillerist's Companion" et un volume de gravures très
soignées qu'il avait faites de la main gauche.
Pour en savoir plus on peut consulter le "Dictionnary of
American Biography" vol 18 édité par Dumas Melone et "The
Assaults on New Orleans, 1814-1815" édité par Norman B.
Wilkinson dans "Louisaiana History" vol 3 n° 1. Des
gravures de Tousard se trouvent dans le livre "La Société
de Cincinnati de France" par Contenson, Paris 1934.