G.H.C. Numéro 44 : Décembre 1992 Page 696
L'origine de la paroisse Saint-François
de Basse-Terre à la Guadeloupe
Personnes citées
On remarque qu'au "Terrier" du recensement de 1671,
parmi les habitants voisins de la rivière aux Herbes, on
ne voit ni BLANCHET, ni La FORTUNE, ni CHEROT, ni TABAC;
pas non plus de Capucins.
En revanche, on trouve "M. de La SEINE", qui est le
deuxième nom de PARIZE, propriétaire de plusieurs habi-
tations jouxtant la dite rivière, à la "Montagne de
Beausoleil", habitations de 82 pas de large sur 300 de
haut, 56 sur 120 et 50 sur 300, plantées en vivres pour 50
pas seulement, le reste en savane ou en friche.
Monsieur Jean Baptiste PARIZE dit La SEINE, né vers 1626
(il a 37 ans en 1664) eut de Marie HARDY, décédée à Trois-
Rivières le 3 janvier 1686 à 43 ans, une importante
descendance, tant de leur fils Jean Baptiste époux de
Marie Anne GAUTRAIN que de leur fille Marie épouse de Jean
MARRE. Son origine, d'après cet acte, serait donc à
rechercher à Auxonne, en Côte d'Or (21), sur... la Saône !
Il fut notaire, conseiller du roi, procureur général au
Conseil souverain.
En 1671, on voyait dans la case de Jean Baptiste
PARIZE, notaire, à la ville de Basse-Terre, deux clercs,
Pierre HARDY, sans doute son beau-frère (c'est le "Pierre
HARDY, praticien", un des deux témoins de l'acte ci-
dessus) et Nicolas GALOPIN (recensé à la Montagne Saint-
Robert en 1664), qui deviendra greffier du Conseil
Souverain et, à son tour, notaire royal et collationne
l'acte en 1702. Il sera ensuite juge civil et criminel. De
Marguerite LAURIER, il aura plusieurs enfants dont un fils
greffier et un autre notaire, passé à la Martinique.
L'autre témoin requis, Jean RAGUAU, marchand, est
peut-être Jean RAGOT, recensé en 1664 à la Montagne de
Bellevue, serviteur, âgé de 19 ans, chez Pierre HEBERT et
Guillaume ROUSET, mais c'est peu probable.
Jacques GUESTON, avocat en parlement, "premier
conseiller au Conseil souverain", mourra à Mont-Carmel le
29 septembre 1693, apparemment sans descendance quoique
marié avec Anne LECONTE (marraine à Mont-Carmel en 1687 et
1689), "après avoir laissé plusieurs exemples de piété, de
vertu et de charité". Il est peut-être de Paris, si c'est
bien lui qui engage à Dieppe, le 8 septembre 1660, pour
Paul BOUTEILLER à la Guadeloupe. On ne le voit pas en 1664
mais en 1671, à la Montagne de l'Espérance, on trouve la
"société de M. GUESTON", proche de la rivière aux Herbes,
de 100 pas de large sur 350 de haut, avec "un grand
bâtiment pour faire une raffinerie, plusieurs cazes de
charpente, une cuisine et four", sur laquelle on trouve
des artisans affineur, tonnelier, tailleur, serrurier,
taillandier et 34 nègres.
Dans les registres paroissiaux de Guadeloupe, on
trouve mention de Louis BLANCHET (le donateur) au Gosier
en 1692, au mariage de sa fille Marie qui est bien dite
native de Guadeloupe (Le Gosier étant en Grande-Terre : on
distinguait à l'époque la Guadeloupe et la Grande-Terre,
comme deux îles différentes). La mère de Marie BLANCHET
s'appelait Marie GEORGET. Cette Marie GEORGET, fille de
Pierre et d'Agnès PICAUT et née vers 1650, semble s'être
mariée trois fois : avec Nicolas TITECA vers 1663, avec
Jacques LEMORME et enfin avec Louis BLANCHET. C'est au
Gosier que se retrouvent les enfants des trois mariages.
Un petit-fils TITECA, Etienne, s'appelle d'ailleurs TITECA
PICO (en souvenir de son arrière-grand-mère ?) et a pour
marraine la fille de Jacques LEMORME, tandis qu'un de ses
frères, Louis TITECA ARNOUVILLE, a pour parrain Louis
BLANCHET en 1697.
C'est aussi au Gosier qu'on retrouve le couple de
Jacques CHEROT et Catherine TABACQ qui avaient vendu leur
terre de Basse-Terre à Louis BLANCHET. Ce couple CHEROT
est à l'origine d'une très nombreuse famille guadelou-
péenne notable qui se divisera en branches (La SALINIèRE
et du PAVILLON).
Jacques CHEROT serait originaire d'Avranches, d'après
une généalogie inédite. On trouve au recensement de 1671
un Jacques CHERROT, menuisier, dans un magasin de la
compagnie à Basse-Terre.
Quant à Catherine TABACQ, il semble qu'elle ait eu un ou
deux maris avant lui : Charles GUEN, avec qui, âgée de 16
ans, elle vivait à la Montagne de Bellevue en 1664, tout
en étant recensée aussi, mais âgée de 17 ans, seule, aux
magasins de la Basse-Terre, et avant 1671, NN ALLEGRET,
sur l'habitation duquel elle se trouve, femme mariée, avec
deux filles, en 1671, à la Montagne St-Charles (à moins
que cet ALLEGRET, absent en 1671, ne soit que le proprié-
taire de l'habitation sur laquelle elle vivait).
Le mariage de Jacques et Catherine eut donc lieu après
1671, sans doute à Mont-Carmel dont les registres,
rappelons-le, ne sont conservés que depuis 1679. Au début
du XVIIIe siècle, la famille CHEROT, comme nous l'avons
dit plus haut, est établie en Grande-Terre, au Gosier.
En ce qui concerne Jacques BAGU, à qui DULION avait
acheté l'habitation sur laquelle fut construite "la petite
maison en bois de charpente qui sert à présent de chapelle
et de logement au Père JUSTINIEN", on le connaît, de même
que toute la transaction avec DULION puis avec ses
héritiers, par différents actes recueillis par Moreau de
St-Méry (9) :
Le mardi 25 octobre 1672, devant le notaire PARIZE,
Jacques BAGU, fils de feu Jacques et de feu Françoise
TRIOCOURT, majeur, vend à Messire Claude François DELION
DULION, chevalier, seigneur de Poinson, gouverneur pour le
roi de la Guadeloupe, une portion de terre lui appartenant
comme échu à lui par le décès de ses parents, soit le
tiers de l'habitation des défunts, "au premier étage au
bord de la mer, quartier et proche de la rivière aux
Herbes", de 100 pas environ de large et autant de long, à
partager avec les deux cohéritiers du vendeur.
Ce tiers est borné d'un côté par les représentants de
feu Jean DUPROT (?), de l'autre par la rivière aux Herbes,
d'un bout par les représentants de feu Jacqueline MADOU
veuve de Guillaume BILLAUT et de l'autre bout par Nicolas
NEAU dit TIFFAGNE, comme ayant épousé Jeanne BAGU, à cause
que le dit TIFFAGNE et Jean BOUFFARD (pas nommé avant) et
le dit vendeur sont demeurés d'accord que la portion
d'icelui vendeur se prendra au plus bas de la dite habi-
tation.