G.H.C. Numéro 43 : Novembre 1992 Page 682
La Guadeloupe à l'ordre du jour de la Convention
Pierre Bardin
Il y a deux siècles, le 8 novembre 1792...
"Le citoyen DUVAL, capitaine de la corvette "La Perdrix"
(1), arrivant de la Guadeloupe, est admis à la barre; il
dénonce l'état contre-révolutionnaire des deux isles de la
Martinique et de la Guadeloupe, annonce qu'on y a arboré
le pavillon blanc et la cocarde blanche, donne lecture de
plusieurs pièces relatives à sa dénonciation et remet sur
le bureau un journal des événements, qui est renvoyé au
Comité des colonies et au comité chargé de recueillir les
faits qui constatent les trahisons du cy-devant Roy.
Il est arrêté qu'il sera fait au procès-verbal mention
honorable du discours et de la conduite du citoyen DUVAL
et de son équipage.
La Convention décrète ensuite un projet de décret relatif
à l'état présent des isles françaises sous-le-vent dont
suit la teneur (...).
Sur les motions faites par divers membres, la Convention
décrète d'accusation DAROT et FILTZ MORISE, gouverneurs de
la Guadeloupe, BONNIER, major de la Basse-Terre, CELLERON,
major de la Pointe-à-Pitre, Du BARRAIL, lieutenant colonel
du régiment de la Guadeloupe, MINUT, intendant de la dite
isle, MALLEVAULT, commandant la frégate "La Calypso",
BéHAGUE, gouverneur général des isles du vent, La RIVIèRE,
commandant le vaisseau "La Ferme", VILLEVIEILLE,
commandant "La Didon" et BLANCHELANDE, gouverneur de St-
Domingue, et, sur la dénonciation faite contre l'ex
ministre de la marine LA COSTE, pour avoir mal choisi les
employés dans les dites isles et pour n'y avoir pas passé
des forces suffisantes, la Convention décrète le renvoi au
Comité de marine, lequel en fera son rapport demain et
donc que le dit LA COSTE sera mandé à la barre.
La proposition est faite et appuyée de décret que la loi
qui punit de mort les émigrés rentrant en France s'étende
aux émigrés qui rentreraient dans les colonies de la
République française, mais l'assemblée passe à l'ordre du
jour motivé sur ce que le mot France dans ce décret
comprend les colonies (...).
La séance est levée à quatre heures. Signé LANGUINAIS,
secrétaire." (2)
Le dernier paragraphe mérite qu'on s'y arrête un
instant car il montre l'importance que prennent les
colonies dans les décrets des différentes assemblées et la
place exacte qui doit être la leur dans l'intégrité terri-
toriale de la Nation. C'est flagrant lorsqu'on lit les
comptes rendus de séances de la Constituante du 11 au 15
mai 1791, qui ne portèrent pas que sur les droits des
libres de couleur. Florence Gauthier fait remarquer, dans
un article clair et documenté (3), que le terme "assimi-
lation" y apparaît, prononcé par l'abbé MAURY. Elle
signale également qu'Aimé CéSAIRE fut le premier à
souligner l'importance qui fut celle de ROBESPIERRE dans
ces débats, lequel montrait pour la première fois la
question coloniale dans toute son ampleur. Mais c'est
surtout au cours de la séance du 4 août 1795 que BOISSY
d'ANGLAS parla de diviser les colonies en départements. Ce
qui ne fut réellement effectif qu'avec la départementa-
lisation de 1946.
Signalons enfin que, parmi les actes d'accusation
portés contre Jacques CAZOTTE, guillotiné le 25 septembre
1792, il lui était reproché d'avoir, dans une lettre
adressée à la Martinique, incité les habitants à faire
scission avec la France (4).
(1) "La Perdrix" faisait partie de la station navale de
la Martinique. DUVAL la commandait avec le grade de sous-
lieutenant de vaisseau. Très tôt, il fut acquis aux idées
révolutionnaires ("Etre patriote sous les tropiques" Anne
Pérotin-Dumon, p. 143, Bibliothèque d'histoire antillaise
10, Sté d'Histoire de la Guadeloupe, 1985).
(2) Archives nationales C/238.
(3) "Robespierre et les colonies", Annales historiques
de la Révolution française, n° 288, avril-juin 1992.
(4) Journal "Le Moniteur".
COOPERATION
de Maurice Champavère : REYNOARD, LEGRAND et CHAUVITEAU à
la Dominique (p. 644, 92-177 et p. 646, 92-202)
Louis MAGNAN (o Marseille 24 7 1743 + Aix 16 2 1822)
épousa à Marseille (St-Ferréol), le 25 2 1777, Reine
Françoise REYNOARD (ou RAYNOARD) (o La Dominique 1760 +
Marseille 18 11 1810).
Reine Françoise avait une soeur, également née à la
Dominique, qui avait épousé le 8 12 1772 le jumeau de
Louis MAGNAN, prénommé Philippe, qui fut décapité à
Marseille en 1794.
Toutes deux étaient filles de Charles Paul REYNOARD (o
Toulon 13 12 1721 + Marseille (?) 16 4 1792), négociant à
la Dominique, qui avait épousé, sans doute dans cette même
île, Françoise LEGRAND, dont je ne sais pas grand-chose,
sinon qu'elle était, là-bas, de la paroisse St-Georges.
Au CARAN, j'ai trouvé, dans l'Inventaire de la Corres-
pondance de la Martinique (C/8), des références au nom de
LEGRAND :
- I, p. 487, f° 148 : LEGRAND, sieur, qui commande les
Français établis à la Dominique en 1730.
- I, p. 585, f° 315 : LEGRAND, sieur, ayant rendu de bons
services, faisant fonctions de commandant, d'intendant et
de juge (on demande pour lui la croix de St-Louis).
- I, p. 620, f° 428 : renseignements reçus sur l'impor-
tance de l'escadre anglaise dans les eaux de Ste-Lucie, le
4 1 1741, par le sieur LEGRAND, commandant les Français
établis à la Dominique.
De plus, sur la liste des terres de la paroisse
Saint-Georges de la Dominique, figure Madame RENOUARD,
Madame LEGRAND (sans doute sa mère, dont elle hérite le
bien) mais aussi Louis CHAVITEAU, possédant 37 acres.
C'est sans doute celui dont il est question en 92-202.
NDLR Nous serions heureux d'avoir cette liste pour la
publier. De quelle année est-elle ? La paroisse St-Georges
est celle de Roseau mais, à notre connaissance, les
registres conservés ne remontent pas avant 1769.
(voir aussi les réponses 92-177 et 92-202 plus loin)