G.H.C. Numéro 42 : Octobre 1992 Page 663

LE ROLE DU COMMERCE AMERICAIN SUR L'EUROPE DU XVIII°

     Chaque pays avait instauré  l'exclusif,  c'est-à-dire 
le  monopole  entre les colonies et la Métropole,  ce  qui 
n'empêchait  pas les négociants aux colonies de  faire  du 
commerce  entre eux,  soit sous forme d'échange,  soit  en 
contrebande : le commerce interlope.
     Les  plus  gros  bénéfices  étaient  assurés  par  le 
commerce  triangulaire  :  les navires emportaient  de  la 
verroterie  qu'ils échangeaient au Sénégal,  en Guinée  et 
sur  les  côtes  de  l'Angola  contre  des  esclaves;  ils 
vendaient  ces  derniers aux colonies  de  l'Amérique.  La 
traite  au  XVIII° siècle portait sur plus de  6  millions 
d'Africains.  Par le traité d'Utrecht (1713), l'Angleterre 
avait  obtenu  de  participer  à  l'Asiento,  le  monopole 
espagnol de la traite négrière avec l'Amérique. 

     L'Angleterre bénéficiait d'une autre loi, établie par 
le Parlement britannique en 1651,  l'acte de navigation  : 
les  marchandises  arrivant  des  colonies  en  Angleterre 
devaient être tranportées exclusivement sur des bateaux de 
la  même  nationalité que les marchandises.  En  revanche, 
l'Angleterre   "louait"  ses  navires  aux   autres   pays 
moyennant  finances,   y  compris  celles  de  l'assurance 
maritime  (à  partir de 1727).  L'Angleterre  s'est  ainsi 
assuré  une  place de premier plan dans le  commerce  avec 
l'Amérique  espagnole,  tandis que les Français  expédient 
d'abord leurs marchandises à Cadix,  d'où elles sont réex- 
pédiées vers l'Amérique latine.  La France et l'Angleterre 
restent  alors  les  deux rivales en ce  qui  concerne  le 
commerce maritime.

     L'industrie  a  été stimulée par l'essor  commercial. 
L'industrie  textile,   en  particulier  celle  du  coton, 
devient  la première activité du système  protoindustriel. 
D'une part,  en tant que nouvelle activité, elle échappe à 
la   réglementation  professionnelle   des   corporations. 
D'autre  part,  la  demande de vêtements se trouve  accrue 
tant par l'augmentation de la population en Europe que par 
celle du peuplement des colonies : il faut habiller colons 
et esclaves.

     En France,  "Bordeaux,  Nantes ou Rouen fournissaient 
aux  colonies  non  seulement des textiles mais  aussi  du 
matériel  pour  les moulins  à  sucre,  des  voiles,   des 
cordages,  des  canons  pour les  navires  longs-courriers 
(...). Les exportations françaises d'articles manufacturés 
ont   triplé   entre  1715  et  1787  et   la   production 
industrielle  aurait  augmenté à des rythmes très  voisins 
entre 1700 et 1789."

     En  conclusion,  l'essor  de la  population  puis  le 
commerce  extérieur  appuyé par la puissance  navale,  ont 
joué un rôle moteur sur  l'essor économique de l'Europe au 
XVIII° siècle. Y ont été plus sensibles les pays possédant 
une longue façade atlantique, à l'époque où se développait 
le commerce avec les Amériques.

Sources :
 1. François Crouzet "Croissances comparées de  l'Angleterre 
et  de  la France au XVIII° siècle" (Annales, 1966)
 2. François  Lebrun  "L'Europe  et le monde  du  XVI°  au 
XVIII° siècle" (Collection universitaire, 1987)

TROUVAILLES

de Pierre Baudrier :

En  1959  et  1963,   M.   Henri  Forestier,   archiviste-
paléographe,  publia  "L'Yonne  au  XIXe siècle"  en  deux 
parties dont les index valent le détour.
 Les  rubriques "Cayenne" et "St-Domingue",  par  exemple, 
donnent le résultat suivant :

1ère partie (en deux tomes à pagination continue) 
- p.7,  30  fructidor  X (17 9 1802) "rentré également  un 
jeune  O'GORMAN,  dont le père avait épousé une  soeur  de 
DéON;  il a l'intention de s'embarquer pour St-Domingue ou 
autres colonies."
- p.41,  28  7 1807 "LOHIER-DESPERIERS (Henry),  a servi à 
St-Domingue  comme aide-de-camp de Martial  BENE,  général 
mulâtre,  arrêté  lui-même  plusieurs fois  comme  suspect 
d'intelligence avec les noirs révoltés."
- p.41,  1810 :  FOURNIER l'Américain (Claude),  déporté à 
Cayenne.  L'index  le  signale encore à  plusieurs  autres 
pages  mais il n'apparaît pas dans l'index de  la  seconde 
partie.
- p.45,  Joseph CHATEAU, compagnon d'infortune de FOURNIER 
à Cayenne.
- p.47  :  RICHARD-DUPLESSIS  (David Jean  André)  prétend 
avoir  exercé  la  médecine à St-Domingue et  à  Nantes  : 
pièces  attestant  l'authenticité des titres  de  RICHARD-
DUPLESSIS,  reçu docteur de la Faculté de Montpellier le 2 
6 1789."
- p.278  :  "Secours  aux colons réfugiés de  St-Domingue, 
réclamations   (1806-1820)  concernant   Marie   Madeleine 
VINCENT  veuve  RAYMOND,   puis  JACQUESSON,  à  Epineuil; 
Jacques  Victor BOURGET,  à Avallon;  la veuve BEHOTTE,  à 
Sens,  belle-soeur de MALOUET, commissaire général du port 
d'Anvers,  Sophronie et Noémi AUDIGé,  ses nièces;  Daniel 
Pierre BELBEDER, à Courgenay; Anne BERNARD, veuve CHOISEL, 
à  Joigny;  Luce  Françoise FERRAND,  femme  de  Dominique 
BOSCUS,  à Cézy;  de NARP, née de FONTENELLE, à Vermenton; 
veuve DAUGY, à Courlon; dame de LAMBERT, à Courson; MASSé, 
femme  MONTIGNY,   à  Perreux;   THIERRY,  veuve  RAYMOND; 
BEAUDEQUIN,  femme FESQUET; Marie Adélaïde DUMESNIL, veuve 
de  J.B.  Hilaire Jérôme MéAUME,  à  Cézy;  FOURNIER  (dit 
l'Américain),   déporté  de  Cayenne,  en  surveillance  à 
Auxerre;   Marianne  AUBOURG,   à  Sens;  Nicolas  Gabriel 
BARROIS,  à Tonnerre; DASSIER, femme DECOURTIGIS, à Soucy; 
EYSSAUTIER, veuve RAMADON, à Tonnerre; SOUTY, femme OCHER, 
à Cézy;  SOQUET,  veuve CHARDON,  à Auxerre;  SAUSSAY, née 
LABORIE, Ancy-le-Franc."
- p.314 :  24 pluviôse XIII (13 2 1805) "CHALUMEAU,  maire 
de  Coulanges-la-Vineuse,   plaide  la  cause  de  Nicolas 
BERNARDIN,   officier  de  santé,  dénoncé  pour  exercice 
illégal,  et  vante  au  préfet  ses  services.  Il  s'est 
distingué  à St-Domingue,  ce qui lui vaut une pension  du 
gouvernement. Il a réussi des opérations difficiles..."
2ème partie :
- p.163 :  2 12 1845 "Le ministre demande l'avis du préfet 
sur  Louis  Henri  DELAPLANE,   officier  de  santé,   ex-
chirurgien  de la marine à Cayenne,  qui désire être auto- 
risé  provisoirement  à  exercer  à  Vallery  jusqu'à   la 
prochaine  réunion  du  jury." 9 12  1845  "Renseignements 
transmis  sur  DELAPLANE par Armand  de  SADES,  maire  de 
Vallery." 





Page suivante
Retour au sommaire
Lire un autre numéro





Révision 24/09/2003