G.H.C. Numéro 42 : Octobre 1992 Page 662
Famille TROUDE (Guadeloupe)
4 Elisabeth VIVIEN
b La Baye Mahault 3 6 1791, o 28 mois;
p Jean Baptiste Thouar, mulâtre libre;
m Henriette, mulâtresse
5 Etienne VIVIEN, mulâtre
b Sainte Rose 25 5 1794, o 6; p Jacques, mulâtre
libre, habitant la Baye Mahault; m Catherine
Suzanne Boyau Pamphile, mulâtresse libre.
Le nom patronymique
Les enfants de Vivien et d'Elisabeth Françoise DAVID,
sont tous appelés TROUDE à leur naissance, avec des
variations telle que Théroude, Throude, Thourandel. Seule
Rose, née en 1723 sera appelé VIVIEN, première apparition
du prénom du père comme nom de famille. Sa soeur Elisabeth
Françoise, qui décèdera dans le même quartier des Vieux
habitants en 1745 sera également appelé VIVIEN.
Dans le quartier de Sainte Rose, l'évolution est
différente suivant les branches : l'aîné Jean Baptiste
reste appelé TROUDE, parfois TRUDE, ainsi que ses enfants;
le cadet Michel, devient VIVIEN TROUDE lors de son second
mariage en 1752, Vivien pouvant être soit un prénom après
Michel ou faisant partie du nom. Sa fille sera également
nommée VIVIEN TROUDE en 1764, son petit fils seulement
VIVIEN. Enfin le dernier, Manuel, lors de son mariage en
1768, sera inscrit sous le nom de VIVIEN TROUDE, mais
appelé Manuel VIVIEN dans la vie courante, ses enfants
seront nommés sous le seul nom de VIVIEN.
Marie Claire sera dite VIVIEN TROUDE en 1764.
Enfin, le dernier trouvé à Sainte Rose ne porte plus que
le nom de VIVIEN.
LE ROLE DU COMMERCE AMERICAIN SUR L'EUROPE DU XVIII°
Chantal Cosnay (1)
L'essor économique de l'Europe au XVIII° siècle varie
selon les pays, en particulier dans les domaines du
commerce et de l'industrie. On peut se demander quels sont
les facteurs qui ont influencé cet essor. Par exemple,
quel a été le rôle des façades maritimes dans le dévelop-
pement du commerce extérieur ?
Pour la France, l'Espagne et le Portugal, on peut
parler d'une dichotomie entre le commerce intérieur, qui
accompagne une économie de subsistance, et les franges
maritimes, où se développent les grandes villes du
commerce maritime: Cadix, Lisbonne, Bordeaux et Nantes.
En France, les progrès du commerce extérieur sont
très rapides dans la première moitié du XVIII° siècle et
se ralentissent après 1750. Le commerce extérieur est
multiplié par 5 entre 1715 et 1789. Il est significatif de
noter que le commerce avec l'Europe est multiplié par 4
alors que le commerce avec les colonies est multiplié par
10 pour la même période.
En effet, qui dit façades maritimes, dit art de la
voile. Qui dit marine, dit exploration, conquêtes et
colonies, du moins en Europe depuis le Moyen Age. On le
constate depuis Venise au XIII° siècle, le Portugal et
l'Espagne aux XV° et XVI° siècles, la Hollande au XVI°
siècle et la France et l'Angleterre du XVII° au XX°
siècle. Les façades maritimes jouent un rôle essentiel au
XVIII° siècle.
La principale richesse des Portugais était le Brésil.
Les Espagnols possédaient les côtes de l'Amérique du Sud
(sauf le Brésil), l'Amérique centrale, la Californie, une
partie de la Louisiane, l'Arizona et le Texas, mais
également , aux Antilles, Cuba, Saint-Domingue et Puerto-
Rico et, en Asie, les Philippines. Les Pays-Bas avaient
quelques colonies en Asie et en Afrique et ils échangèrent
New Amsterdam, rebaptisée New York, contre le Surinam
(Guyane hollandaise) en 1667.
La France possédait un ensemble disparate : Marti-
nique, Guadeloupe, St-Domingue (actuelle Haïti); Acadie,
l'ensemble de la Terre-Neuve, Louisiane; en Afrique noire,
le Sénégal (1659-1763; 1783-1807 et 1815-1958); dans
l'Océan indien, Madagascar, Bourbon (actuelle Réunion),
Ile de France (actuelle Ile Maurice) et les Indes
françaises.
Le hic était que l'Angleterre et la France commer-
çaient dans les mêmes zones. Sans entrer dans le détail
des guerres entre la France et l'Angleterre au XVIII°
siècle, on peut imaginer que la paix de Paris en 1763 eut
des conséquences sur le commerce international. "Cet élan
fut brutalement interrompu par la Guerre de sept ans,
pendant laquelle le commerce français fut chassé des mers
par la Royal Navy et baissa de 50% (...) et pendant la
Guerre d'Amérique, le trafic tomba de 725 millions en 1777
à 443 en 1779." Le commerce britannique aurait été
multiplié par 5, pendant la période 1745-1800, et la
flotte commerciale britannique aurait quadruplé entre 1763
et 1800.
Le commerce colonial assure de fabuleux débouchés. Il
permet d'écouler les produits européens vers les colonies,
en particulier d'Amérique du Nord et du Sud. Les vins du
sud de la France partent de Marseille, les cotonnades
anglaises partent de Liverpool ou Londres. Il permet
également d'importer des produits coloniaux, tels le
sucre, le cacao, le café qui arrivent à Nantes et
Bordeaux, entre autres. Enfin, il permet un commerce de
réexportation des ports d'arrivée vers les autres pays
d'Europe : c'est ce que François Crouzet appelle le
"commerce d'entrepôt".
Par exemple, pour la France, en 1788, les importations
provenant des Antilles représentent 30 % du total des
importations et les exportations vers les Antilles, 15 %.
A ces exportations s'ajoutent les réexportations vers
l'Europe de produits antillais, qui constituent plus du
quart du total. On cite souvent la phrase de Voltaire à
propos de la perte du Canada en 1763, représentant
"quelques arpents de neige", alors que les Antilles,
restituées à la France après 1763, constituaient une
véritable richesse.
(1) extrait de ma communication sur "L'essor économique de
l'Europe au XVIII° siècle"