G.H.C. Numéro 39 : Juin 1992 Page 603
Une famille LEMERLE de Martinique
"L'an que dessus (1751) et le 29° jour du mois de
novembre, a été baptisé Pierre, né le 27° du même mois,
fils légitime et naturel du sieur Laurens AZéMAT et damoi-
selle Margueritte CARENET, mariés dans cette paroisse. le
parrain a été sieur Pierre CARENET, la marraine Jeanne
BOURDOU, illiterée."
Laurens AZéMAT s'était marié trois ans auparavant
dans une autre paroisse de Montpellier, St-Denis. Il était
fils d'un maître perruquier et son épouse, Marguerite
CARENET, fille d'un maître de poste. Au bas de l'acte de
mariage, il y avait du beau monde : Gabriel Gimon, docteur
en médecine, Guillaume Bouques, greffier. Notons que
l'épouse a signé, ce qui n'était pas si fréquent à
l'époque.
Les LEMERLE à Fort-Royal
Jacques LEMERLE et son épouse ne semblent pas avoir
vécu à Marie-Galante; en effet, nous n'y avons pas trouvé
de descendance. La première naissance est de 1808 mais,
comme nous le verrons plus loin, il y avait un fils aîné,
Augustin Gustave, dont nous ignorons le lieu de naissance.
Jacques n'a pas repris le métier de chirurgien de son
père : il était homme de loi et devint avoué à Fort-de-
France (4).
Voici les enfants dont nous avons connaissance :
- Charles Louis Emile (né ca 1808) : notaire à Fort-de-
France.
- Achille Louis Prudent (1813) : percepteur, marié avec
Marie Louise FROUST, dont une fille née le 16 novembre
1846, Louise Marie Hermance (similitude de prénoms avec
Marie Louise Hermance, fille de Victoire Marie Aimée).
- Rose Adélaïde Luce, née le 28 décembre 1814, épouse
d'Antoine ALIVON.
- Jean François Arthur l'avait précédée d'une année.
Jacques LEMERLE décède en son domicile, rue Saint-
Louis, le 7 septembre 1827; sa veuve, Adélaïde AZéMAT
meurt à 58 ans, le 6 octobre 1835, à Fort-de-France.
Arthur LEMERLE
Il est qualifié dans les actes de "praticien"
(juriste) et devint clerc principal chez un avoué. Il
collabora au "Courrier de la Martinique" et fut conseiller
municipal de Fort-de-France (4).
Par arrêté du 21 mai 1840, il est nommé avoué près de
la cour royale et du tribunal de Fort-de-France (5).
Il défraya la chronique par son duel avec un certain
Adolphe MAUGEAIS. Le conseiller GARNIER, dans son journal,
écrit à propos de ce duel de juillet 1849 : "Chacun d'eux
a tiré deux coups de pistolet à dix pas et ils ne se sont
pas blessés." (4)
Il resta célibataire mais, dans son testament, il
reconnut comme sa fille Marie Louise Hermance ALINGRIN,
née le 30 octobre 1853 au domicile de sa mère, demoiselle
Victoire Zeïla ALINGRIN, rue des Capucins à Fort-de-
France. Cette dernière, âgée de 20 ans, l'a déclarée le 8
décembre suivant et a signé.
Devenu greffier en chef du tribunal de Fort-de-
France, Arthur LEMERLE y mourut le 24 octobre 1867, à
l'âge de 55 ans. Il avait fait un testament olographe le
12 juillet 1866. Il y reconnaît formellement Marie Louise
Hermance pour sa fille et lui donne une partie de maison,
16 rue Sainte-Elisabeth, partie contigüe à une autre qui
appartient déjà à Marie Hermance. De plus, il lui donne la
somme de 20.000 francs, dont les revenus serviront aux
frais de son éducation.
Victoire Zeïla, mère et tutrice d'Hermance, est
réduite à la portion congrue : il lui sera remis le
surplus des revenus de la somme de 20.000 francs, lorsque
les dépenses de l'éducation auront été couvertes. Arthur
prescrit que la somme sera donnée à sa fille lors de sa
17° année ou à son mariage. D'ici là, elle sera gérée par
son frère Achille.
Le testateur ajoute 2 legs de moindre importance :
2.000 francs pour son neveu et filleul Arthur ALIVON et
2.000 francs pour la veuve de Charles LEVANA (Louise
Théodorine Alexina, née à Fort-de-France le 24 mars 1834,
fille naturelle de Rose Théodorine Emilie. Serait-ce la
remplaçante de Victoire Zeïla?).
Le reste de la fortune ira à ses héritiers naturels.
Ce testament fut déposé chez Maître Godissart, notaire, en
présence de 6 témoins, dont Gustave PEUX, avoué.
Après le décès d'Arthur LEMERLE, un inventaire de ses
biens fait le 30 octobre 1867 n'a pas été conservé dans
les minutes du notaire. Le mobilier a été vendu le 9
novembre par les soins de François PEUX, commissaire
priseur, pour 4.330 francs (Mademoiselle Zeïla en a acquis
pour 68 francs qui seront payés à la succession).
Le notaire procède au partage le 24 février 1869 :
l'actif s'élève à 96.335 francs; l'office d'avoué avait
été vendu en 1862 40.000 francs et Arthur possédait des
parts dans une société créée en 1866 "pour un commerce de
cargaison et de commission", nous dirions aujourd'hui
import-export. De cette somme, il faut déduire la masse
passive de 6.601 francs (dont un trimestre au pensionnat
du Saint-Sacrement à Paris pour Hermance, 569 francs).
Il revient à Hermance la moitié des avoirs, soit
24.000 francs (en plus de la maison et de la somme de
20.000 francs).
Les quatre autres héritiers se partagent l'autre
moitié : ils auront chacun 16.433 francs. Ce sont :
- Achille, frère d'Arthur, receveur des postes à St-Pierre
- Emile, autre frère, ancien juge de paix, domicilié à
Nantes
- Jules LEMERLE, fils d'Augustin Gustave décédé (Jules est
employé à la direction de l'intérieur à Basse-Terre en
Guadeloupe)
- Arthur ALIVON, fils d'Adélaïde LEMERLE, commerçant à
Fort-de-France.
Arthur LEMERLE fut enterré dans un caveau du cime-
tière de la Levée, dont il avait obtenu la concession à
perpétuité en 1842 (dans les comptes, il est mentionné la
dépense de 38 francs pour travaux sur le tombeau par
Louison, maçon).
Hermance LEMERLE y sera enterrée après son décès à
Fort-de-france, le 10 août 1938.