G.H.C. Numéro 39 : Juin 1992 Page 602

Une famille LEMERLE de Martinique
Sylvain Poujol

     Il  y eut au moins trois familles LEMERLE  en  Marti- 
nique  :  l'une,  installée  au début de la  colonisation, 
compta parmi ses membres un procureur général, à la fin du 
XVII°  siècle  (1);  une branche prit le nom  ronflant  de 
LEMERLE  de  BEAUFOND,   une  autre  ajouta  LAMARRE.  Une 
deuxième  famille  descendit de  Patrice,  mulâtre  libre, 
exerçant  la  profession  de  boucher  à  Fort-Royal,  qui 
s'adjugea ce patronyme après 1790 (2).

     Celle que nous étudions arriva en Martinique dans  la 
deuxième  moitié du XVIII° siècle;  elle est originaire du 
pays nantais,  province de Bretagne.  Mathieu LE MERLE est 
le plus lointain maillon que nous connaissions.  Il  était 
apothicaire  à  Monnières,  paroisse située à 4 lieues  de 
Nantes, dans la vallée de la Sèvre nantaise. 
     De Louise CAPOT,  son épouse,  il eut un fils baptisé 
le 19 octobre 1722 avec les prénoms de René  Augustin.  Ce 
dernier devint chirurgien et, à 25 ans, épousa à Monnières 
Prudence PEIGNé,  de cette paroisse; c'était le 10 janvier 
1747.  Le couple s'installa à la Chapelle Heulin,  à moins 
d'une lieue au nord de Monnières.
     Le  premier  enfant que nous ayons relevé  naquit  en 
1749;  dénommé  Augustin  Mathieu,  il a pour parrain  son 
aïeul  paternel  qui,  d'apothicaire,  est  devenu  maître 
chirurgien.  Les naissances se succèdent : Joseph Marie en 
1752,  François l'année suivante et Jacques en 1756. Voici 
le baptême de ce dernier, fondateur de la branche martini- 
quaise.


     A noter que la famille LEMERLE habite Juyon, lieu-dit 
dépendant  de la Chapelle Heulin;  parrain et marraine  ne 
signent pas : en effet, Augustin, le frère aîné, n'a que 7 
ans.  Les naissances se poursuivent : Jean Baptiste, né en 
1757,  décède l'année suivante;  puis Prudence Lucie, dont 
le baptême nous apprend que Louis, frère de René Augustin, 
est, lui aussi, maître chirurgien (cela fait trois dans la 
famille).  La  dernière naissance que nous  ayons  relevée 
dans  les registres paroissiaux de la Chapelle Heulin  est 
celle  de Victoire en 1764.  René Augustin meurt en  1778, 
dans sa 56° année; sa veuve décèdera en 1790, à 69 ans.

      De la Bretagne aux îles françaises d'Amérique

     François LEMERLE,  le deuxième garçon, entra dans les 
Ordres et s'expatria.  De lui, nous savons seulement qu'il 
s'embarqua  le  2 octobre 1792 sur le navire  "Les  quatre 
frères". 
     L'état de sacerdoce ne favorise pas les généalogistes 
car les actes d'état civil les concernant sont rares :  le 
mariage,  il  n'en  était pas question;  la  naissance  de 
progéniture  (il y en eut parfois) fut  ignorée;  quant  à 
trouver l'acte de décès, c'est bien aléatoire.
     Venons-en  à Jacques,  dont nous ignorons la date  du 
départ de France.  le premier acte le concernant est du 12 
décembre 1793,  jour de son mariage à Grand-Bourg, une des 
trois paroisses de Marie-Galante, avec Adélaïde AZéMAT.

                        Les AZéMAT

     Ce patronyme,  comme ceux d'AZéMA ou AZéMAR, provient 
du   prénom   Adhémar;   il  est  répandu  en   Languedoc, 
en particulier dans l'Hérault.  Adélaïde était la fille de 
Pierre AZéMAT,  commerçant à Marie-Galante. Voici son acte 
de  baptême :  "Aujourd'hui 24 du mois de janvier 1777,  a 
été  baptisée  Adélayde,  née le 8  du  présent  mois,  du 
légitime  mariage du sieur Pierre AZEMAT,  négociant en ce 
bourg, et de demoiselle Bibiane GUESNON. Parrain, le sieur 
Antoine MARTIN, marraine demoiselle Margueritte ROCHE, qui 
ont signé avec nous."

     Pierre AZéMAT s'était marié le 8 novembre 1774, en la 
paroisse  de Grand-Bourg.  Bibiane GUESNON était née à St-
Pierre de la Martinique,  fille de feu Joseph et de  Marie 
Anne  MERCIER.  Dans l'acte est portée l'autorisation  par 
"le subdélégué de l'intendant en cette isle."

     Un  premier  enfant  naquit  et  fut  baptisé  le  1° 
septembre 1775, sous le prénom de Sophie.
     Pierre AZéMAT était natif de Montpellier,  baptisé en 
l'église  de Notre Dame des Tables,  la plus ancienne  des 
paroisses de la ville : 




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