G.H.C. Numéro 39 : Juin 1992 Page 597
Quelques précisions sur l'origine parisienne
des POCQUET de la Martinique
tard le tenancier du fameux cabaret parisien à l'enseigne
de "La Pomme de Pin" (15). Les meilleurs crus d'Anjou et
de Loire étaient alors servis chez CRESNE et "La Pomme de
Pin" était devenu, vers la fin du XVII° siècle, le lieu à
la mode où il était de bon ton d'aller "s'enivrer au moins
deux fois la semaine." CRESNE a pu ainsi servir à boire
aux plus grands auteurs de son temps, parmi lesquels
MOLIèRE, RACINE, LAFONTAINE et BOILEAU (16). Cela se
savait d'ailleurs à la Martinique et le gouverneur général
de BLéNAC lui-même a mentionné le nom de CRESNE dans sa
correspondance adressée au ministre (17). On s'étonne
toutefois que le Père LABAT, cet éminent oenologue, n'ait
fait aucune allusion à CRESNE, dont l'établissement était
particulièrement apprécié des ecclésiastiques (18). Une
question enfin mérite d'être posée : pouvait-on alors
déguster aussi chez CRESNE les meilleurs punchs de la
Martinique ?
Notes et Sources :
(1) LABAT (Père J.B.) Nouveau voyage aux Iles de l'Amé-
rique, T. I, p. 95, Ed. Horizons caraïbes, Fort-de-France,
1972.
(2) Voir à ce sujet :
- Titres POCQUET, Arch. Dép. de la Martinique, Conseil
Souverain, 10 mars 1768.
- Hayot (Emile) Les officiers du Conseil souverain de la
Martinique, Soc. d'Hist. de la Martinique, n° 1, notice
biographique Claude POCQUET, pages 215 à 219.
- Petitjean Roget (Jacques) et Bruneau-Latouche (Eugène)
Personnes et familles à la Martinique au XVII) siècle,
Soc. d'Hist. de la Martinique, Fort-de-France, 1983, Tome
II, pages 667-668.
- Taillemite (Etienne) (Inventaire de la Série Colonies C8
Martinique, Arch. Nat., Paris, 1984, Tome III, page 457 et
renvoi.
- du Motey (Vicomte) Guillaume d'Orange et les origines
des Antilles françaises, Parie, 1908, pages 403-404.
(3) Arch. Nat. MC, ET/XIII/14.
(4) Il s'agit de Claude POCQUET père.
(5) Marie ROGUISSART et non HOQUISART (Hayot, op. cit.,
p. 216) ni HOGINSART (Petitjean Roget et Bruneau-Latouche,
op. cit., p. 667).
(6) Marie a une soeur cadette, prénommée Jeanne, âgée de
16 ans.
(7) Arch. Nat. MC ET/XIII/14 : 1er octobre 1631 "inven-
taire des biens demeurés après le décès de ladite défunte
(Pasquette BERTHIN) étant dans une chambre et bouge
dépendant d'une maison sise en ladite rue du Pied-de-Boeuf
à l'enseigne de la Teste de Mouton..."
(8) Elle se nomme Berthélemye BONNEVAL (cf. note 11).
Jean BONNEVAL, cité plus haut, parmi les témoins du futur,
est donc son frère.
(9) C'est donc leur fils, Pierre AVELINE, qui se trouve
nommé le 20 mars 1680 dans la Compagnie LE VASSOR
(François LEVASSOR, également originaire de Paris), case
64 (Petitjean Roget et Bruneau-Latouche, op. cit., Tome I,
page 290.
(10) Arch. Nat. MC ET/VI/379.
(11) Jean PELLEGRIN, maître pâtissier oublaier° (sic),
demeurant rue Saint-André-des-Arts, paroisse Saint-
Séverin, fils de Christophe PELLERIN, vivant marchand
demeurant à Beaumont, et de Rachel JAMOT, épouse à Paris,
par contrat du 1er octobre 1646, par devant Me Parque
(Arch. Nat. MC ET/VI/368), Espérance POCQUET, fille de
Claude et de défunte Berthélemye BONNEVAL. Témoins de la
future : Gilles de ROGUISSART, allié; Jean POCQUET, maître
chandelier en suif, son frère; Michel LHUILLIER, cousin
paternel (est-il parent d'Antoine LHUILLIER, de Capesterre
en Guadeloupe ?); Claude BOTTE, mesureur de sel, cousin à
cause de sa femme; Isaac COLLET, procureur au Châtelet de
Paris, ami des futurs. Dot de la future : 2.500 livres t.
° oublaier pour oublieur (on prononce ou-bli-eû), nom
donné jadis à des garçons pâtissiers qui, sur les huit
heures du soir, allaient criant à Paris des oublies. Une
oublie était une pâtisserie mince et de forme ronde,
ordinairement roulée en cylindre creux; on lui donne le
nom de plaisir quand elle a la forme d'un cornet. (Littré,
Dict. de la langue française, Tome 3, pages 4360 et 4362)
(12) Il signe Jules CRENEY. D'après Jal (Dict. de biogr.
et d'hist. page 456), il avait épousé Anne POCQUET vers
1648, d'où 6 enfants, baptisés paroisse Sainte-Madeleine-
en-la-Cité:
1 Agnès CRENEY b 26 7 1649
2 Pierre CRENEY b 12 4 1654
3 Marie CRENEY b 15 10 1656
4 Jean Baptiste CRENEY b 12 3 1658
5 Nicolas CRENEY b 9 6 1659
6 Anne CRENEY b 11 11 1662
L'un de ceux-ci aurait-il séjourné à la Martinique ?
(13) Egalement présent au contrat de 1646, ci-dessus
note 11. J'ignore s'il s'agit d'un parent de François
BOTTE, dont le nom apparaît dans le recensement de la
Guadeloupe en 1664, folio 18 recto.
(14) Son père est cependant présent devant le notaire;
il certifie que "ledit AVELINE fils est franc et quitte de
toute dette." Il signe AVELYNE.
Une autre famille AVELINE est connue à Paris à cette
époque. Elle résidait sur la paroisse Saint-Séverin et a
donné de nombreux peintres et graveurs (cf. Jal, Dict. de
biogr. de d'hist., page 89). Etait-elle apparentée à
Charles et Jacques AVELINE sieurs DESMARETS, tous deux
avocats au Parlement de Paris et frères de Jean AVELINE
sieur de MAISONPRé, capitaine d'une Compagnie au Régiment
de la Marine, de François AVELINE sieur de SAINT-VAL,
mousquetaire de la Garde du roi et de Catherine AVELINE
épouse de Philippe de GAILLARBOIS chevalier seigneur de
SAINT-DENIS, qui se partagent la succession de leurs
parents, Jacques AVELINE, conseiller du roi et contrôleur
général et alternatif des 400.000 livres de rentes sur le
sel, et Catherine SEGUIN (MC ET/XXXVIII/2, Me Ferret, 30
septembre 1662) ?
Je trouve enfin Pierre AVELINE, notaire au Châtelet, qui a
instrumenté rue Saint-Martin-des-Champs de 1689 à 1708
(Etude XXXVIII également !).
(15) "La Pomme de Pin" était, semble-t-il, situé rue de
la Juiverie, vis-à-vis de l'église paroissiale de Sainte-
Madeleine, près du pont Notre-Dame. S'agit-il de ce
cabaret du même nom qu'ont fréquenté en leurs temps
François VILLON et Pantagruel ? Sur l'emplacement de "La
Pomme de Pin", démolie vers le milieu du XVIII° siècle, se
trouve aujourd'hui édifié l'un des pavillons de l'Hôtel-
Dieu.