G.H.C. Numéro 38 : Mai 1992 Page 575
Biographie de Louis Lézin de MILLY
Elle oblige le débiteur à vendre aux MILLY diverses
terres, situées à Auteuil, La Neuville d'Aumont (district
de Beauvais), Hodent, Abbecourt (venant de la fabrique
d'Abbecourt), St-Sulpice, St-Quentin, Berneuil et
Lequipée, et à leur verser une rente annuelle de 2.125
francs.
2°) Un acte d'association (M° Lenormant, 7 ventôse an 6)
pour l'acquisition de Domaines nationaux en Vendée (biens
immeubles au nom du Sr MILLY à St-Hilaire Levoust).
3°) Chez M° Laurent Borde, avoué, diverses procédures
entre le Sr MILLY et le Sr DE LA BARRE :
- liquidation de leur société pour l'exploitation de
coupes de bois de Montgirard et autres. Reliquat au Sr
MILLY : 23.125 livres.
- jugement de la Cour d'appel de Paris du 24 prairial an
12 entre le dit feu Sr DEMILLY et le dit DE LA BARRE.
A propos de cet inventaire après décès on notera que :
- Parmi les papiers inventoriés, il n'en existe aucun
relatif à la famille de MILLY, ce qui semblerait indiquer
que Louis Lézin avait coupé les ponts avec sa famille, ou
bien qu'il craignait de garder des documents éventuel-
lement compromettants sous la Terreur.
- Louis Lézin est le plus souvent identifié sous le nom
MILLY, mais à plusieurs reprises il est nommé DE MILLY ou
DEMILLY. Il est qualifié de "jurisconsulte".
- Comme dans la déclaration de succession, il n'est aucu-
nement question des actions ou des propriétés détenues par
Louis Lézin au jour de son décès, bien que l'on ait fait
état de cessions de terres et d'acquisitions qui ont eu
lieu dans les années précédentes.
3°) Publications
Les publications de Louis Lézin, conservées à la
Bibliothèque nationale, concernent deux discours :
- Discours (8) prononcé le 20 février 1790, par M. de
MILLY, avocat en parlement, l'un des commissaires nommés
par le district des Filles St-Thomas, pour l'examen de la
"Question relative à la liberté et à l'abolition de la
Traite des Nègres" :
"(...) L'Assemblée ayant désigné M. de MILLY pour commis-
saire, et comme "Américain" en état de donner des rensei-
gnements, il a annoncé son refus (...)", puis, sur
l'insistance de l'Assemblée, il a fini par accepter.
Ce discours est un exposé sérieux, documenté et pondéré,
sur la condition des esclaves noirs à la Martinique et met
fortement en garde contre une libération trop brutale, qui
amènerait des troubles sociaux et économiques de façon
dramatique, et dont on a eu un avant-goût après une
annonce prématurée de ces mesures. Il préconise une libé-
ration très progressive et mesurée.
Citons une phrase caractéristique de l'état d'esprit de
son auteur et de son époque encore modérée "pénétrons-nous
de ces paroles du meilleur des rois (...)".
- Discours et Réquisitoire (9) du citoyen MILLY, commis-
saire du Pouvoir Exécutif près l'Administration Municipale
du VII° Arrt de Paris, prononcé à la Fête des Epoux, le 10
floréal an V (29 avril 1797).
C'est un discours de circonstance, paternaliste et mora-
lisateur, devant le Conseil municipal du 7° Arrt, dans le
style de l'époque.
Conclusion
Les documents qui viennent d'être présentés font
apparaître Louis Lézin de MILLY comme un personnage mesuré
et de bon sens, mais non dénué d'ambition. Il semble avoir
quitté la Martinique peu après sa majorité, afin de tenter
sa chance à Paris, peut-être aussi en raison du remariage
de sa mère en 1766. Un des moyens de faire carrière était
de s'affilier à la Franc-Maçonnerie, dont la puissance
s'affirmait et qui contribuait dans l'ombre à l'avènement
de la période révolutionnaire. Une partie importante des
rénovateurs furent des avocats et des hommes de loi, dont
faisait partie Louis Lézin. Comme beaucoup de gens de
diverses provenances, il souhaitait sans doute une réno-
vation libérale de la société et une monarchie constitu-
tionnelle.
Sans doute avant 1789, il choisit de faire carrière
dans l'Administration. On le voit dans plusieurs fonctions
successives : membre de l'Assemblée du District des Filles
St-Thomas en 1790; chef de correspondance au Département
de la Justice en 1793-1794; commissaire du Pouvoir exé-
cutif près l'Administration municipale du VII° arrondis-
sement de Paris (ancien découpage) en 1797; administrateur
du Bureau central du Canton de Paris en 1799, poste qu'il
ne détient plus en 1802, alors qu'il sollicite le poste de
sous-préfet à St-Denis.
En ce qui concerne les "réductions" apportées à son
nom, il semble que Louis Lézin en ait d'abord retranché la
seconde partie "de LA CROIX", qui du reste n'a pas
toujours été portée par les membres de sa famille. Il a
ensuite supprimé la particule "de", sans doute à l'époque
de la condamnation de Louis XVI (16 janvier 1793). Il est
probable que son appartenance à l'Administration d'Etat
ait été la cause décisive.
On a remarqué sans surprise qu'il a souhaité le
succès du Coup d'Etat du 18 brumaire (9 novembre 1799),
pour mettre fin à l'anarchie, et qu'il y a participé avec
ses moyens. Malgré le retour à une situation plus stable,
il ne reprit pas son nom initial.
En dehors de son action politique et administrative,
l'inventaire après décès nous révèle le côté entreprenant
du personnage, créant des sociétés éphémères, pour des
opérations spéculatives (on manque d'éléments pour en
apprécier le succès), et le côté procédurier à la
liquidation de ces opérations et aussi dans le cadre
familial.
On peut penser qu'il a légué plusieurs aspects de son
caractère à son fils, Louis Adolphe, qui développa une
grande activité dans ses relations et dans ses entreprises
industrielles.
Sources d'Archives
(1) A.N. Col E314 Dossier de François MILLY, juge
(2) A.P. V.2E.8162 : mariage de Louis Lézin MILLY
(3) A.N. MC/LXXVIII/991 : contrat de mariage de L.L. MILLY
(4) A.N. F/1d/II/M9 : MILLY au Ministre de l'Intérieur
(5) A.P. V/2E/10891 : décès de Louis Lézin MILLY
(6) A.P. D.Q./7/1771 : déclaration de succession de MILLY
(7) A.N. MC/XCIX/782 : inventaire après décès de L.L.MILLY
(8) B.N. Lb/40/1403 : discours de M. de MILLY (1790)
(9) B.N. Lb/42/1385 : discours et réquisitoire du citoyen
MILLY (1797)