G.H.C. Numéro 38 : Mai 1992 Page 574
Biographie de Louis Lézin de MILLY
André Detape
(voir GHC n° 34 page 480 et suivantes : "Recherche sur la
famille de Louis Adolphe de MILLY")
Louis Lézin (de) MILLY est né à Saint-Pierre de la
Martinique le 13 février 1752, fils de Thomas et Jeanne
LEGAL. On ne reviendra pas ici sur tout ce qu'on a déjà
exposé sur l'origine de sa famille et sur les détails de
son appartenance à diverses loges de Franc-Maçonnerie
parisiennes et on s'intéressera à ses activités à partir
de la Révolution.
Pour commencer la période révolutionnaire, on ne peut
tout-à-fait négliger de consulter la liste des "Preneurs
de la Bastille", où on découvre un certain "DEMILLY", sans
autre précision, mais qui correspondrait éventuellement au
profil de Louis Lézin.
Nous retrouvons ensuite la trace de L. MILLY, homme
de loi, chef de correspondance au département de la
Justice, place du Piquet (1). Il écrit à son collègue du
département de la Marine, le 13 février de l'an 2 (1793),
pour lui demander l'adresse de sa "parente" la citoyenne
MILLY, qui demeure à Paris. La réponse, du 27 février
1793, renvoie le demandeur au ministère de l'Intérieur.
Nous arrivons maintenant au 16 thermidor an 2 (3 août
1794), date du mariage de Louis Lézin MILLY (2), âgé de 42
ans, chef de correspondance, domicilié à Paris, rue de la
Michodière, section Lepelletier, avec Adrienne DOUILLON,
âgée de 29 ans, née à Senlis (Oise) le 2 octobre 1764,
fille de Jean Baptiste Rieul DOUILLON, décédé, et
d'Adrienne Maxence LEBRASSEUR, domiciliée à Sacy-le-Petit.
On notera que le père de la mariée correspond proba-
blement à un membre de la loge maçonnique de la "Noble et
Parfaite Unité" en 1774-1775, "Jean-Baptiste DOUILLON des
SANGUINS, officier de la Connétablie, officier au tribunal
de Mrs les Maréchaux de France".
Par ailleurs, le contrat de mariage (3), passé à
Paris le 8 thermidor an 2, devant M° Guillaume, stipule la
communauté de biens meubles et immeubles acquis ("suivant
la Coutume de Paris"). L'apport de l'époux se monte à
45.000 livres et celui de l'épouse à 41.000 livres, dont
40.000 dûs par son oncle, Augustin DOUILLON (dette qui
fera ultérieurement l'objet d'un procès).
Au bas du contrat, la signature est L. MILLY.
Deux ans avant son décès, en l'an 10 (1801/1802),
Louis Lézin sollicita le poste de sous-préfet de Saint-
Denis, devenu vacant : cette administration avait été
créée tout récemment sous le Consulat.
La lettre de candidature (4) était ainsi conçue :
"MILLY, ex administrateur du Bureau central. Je propose
pour la place de sous-préfet de Franciade (ex Saint-Denis)
actuellement vacante.
20 ans de travail et d'expérience dans diverses parties
administratives et judiciaires, une bonne réputation et la
conduite qu'il a tenue dans les cirsconstances difficiles
qui ont préparé le succès de la journée du 18 brumaire,
tels sont les titres du citoyen MILLY et les garanties du
zèle qu'il mettra à justifier la confiance du Gouvernement
Signé L. MILLY rue St-Avoie n° 160"
Il semble bien qu'il n'ait pu obtenir ce poste (ce
qui serait à vérifier), car la mort le surprend toujours
au même domicile.
Le 6 fructidor de l'an 12, Louis Lézin MILLY est
déclaré décédé la veille (23 août 1804), âgé de 48 ans, né
à St-Pierre, Isle de la Martinique, ancien avocat,
demeurant à Paris rue St-Avoie n° 160, division de la
Réunion, marié à Adrienne DOUILLON, même demeure (5).
Louis Lézin laissait deux enfants : Adrien Gustave,
âgé de 8 ans 1/2 et Louis Adolphe, âgé de 5 ans juste.
Plusieurs documents nous permettent maintenant de
compléter son portrait moral, sa situation et ses
activités :
1°) Déclaration de succession du 3° bureau, 24 pluviôse 13
(6)
Elle a été effectuée au nom d'Adrienne DOUILLON,
veuve et tutrice de ses enfants, suivant l'inventaire
après décès de M° Le Normand, notaire à Paris, le 11
fructidor an 12. Elle détaille ce qui suit :
mobilier 5.260
(crue) 1.315
argenterie 430
deniers comptant 252
créance DELABARRE 5.000
Total 12.257 livres
dont la veuve possède une demi-part.
On est surpris par la modicité du capital déclaré au
décès de Louis Lézin, si on compare aux apports des deux
époux le jour de leur mariage (45.000 livres + 40.000
livres). Mais il n'est apparemment pas question de capital
immobilier.
2°) Inventaire après décès (7) par M° Le Normand, le 11
fructidor an 12
Cet inventaire rappelle les termes du contrat de
mariage de Louis Lézin MILLY, jurisconsulte, demeurant à
Paris, rue St Avoye n° 160, division de la Réunion, dans
une maison qui semble être un logement de fonction et
comporte également le local de la municipalité du 7°
arrondissement de Paris.
L'inventaire du mobilier montre que la famille de
Louis Lézin jouissait d'une bonne aisance. La maison
comportait six pièces principales, réparties sur deux
étages et bien meublées. La bibliothèque était constituée
de 196 volumes reliés et brochés, dont "Les soirées litté-
raires; histoire philosophique" d'Helvetius, "Voyages" de
Levaillant, "Le spectacle de la nature", un "Dictionnaire
de Droit", "Origine des cultes", etc.
La lingerie est particulièrement bien fournie : entre
autres, 51 chemises de femme, 55 chemises d'homme, 50
caleçons, 46 paires de bas de soie, fil de coton, 18
tabliers de chambre, 156 serviettes, 10 paires de draps de
maître, etc.
Il est aussi question des gages de la bonne
d'enfants, de la cuisinière et du jardinier.
Mais le plus intéressant concerne l'inventaire des
papiers, qui permettent de mieux cerner la personnalité et
les activités de Louis Lézin MILLY. Entre autres, on y
trouve :
1°) Une transaction en date du 29 brumaire an 9 (20
novembre 1800) entre les époux MILLY et l'oncle de
l'épouse, Augustin DOUILLON et son épouse, qui avait une
dette de 40.000 livres envers sa nièce au moment de son
mariage : cette transaction porte sur un reliquat de
77.314 francs au profit de la dame MILLY. Elle fait suite
à deux jugements du 22 thermidor an 7 et 2 germinal an 8.