G.H.C. Numéro 37 : Avril 1992 Page 562

DESCRIPTION DE JACMEL
Transmis par François Daudré-Vignier

                                        Jacmel, avril 1789

 "(...)  Les  opinions  sont partagées  sur  l'origine  de 
Jacmel,  que les uns prétendent avoir déjà subsisté,  lors 
de l'arrivée des Européens, sous le nom de Yaquimo, et que 
d'autres  font dériver de l'Espagnol Jacques de MALO,  qui 
en  fut  le  premier  habitant.  Quoiqu'il  en  soit,  cet 
Espagnol  ne  se  doutait guère,  en  élevant  son  humble 
"ajoupa" (1),  au fond d'une petite baie,  qu'un jour  son 
nom  se métamorphoserait en celui de Jacmel et sa hutte en 
une  ville commerçante,  port de mer,  chef-lieu de  trois 
paroisses  et  la  résidence  d'une   sénéchaussée,   d'un 
commandant militaire, etc. Quand j'honore Jacmel du nom de 
ville, il ne faut pas prendre cette expression à la lettre 
car  jamais une centaine de baraques de planches répandues 
sur  la  grève ou éparpillées sur le talus ou  le  plateau 
d'un  monticule  rocailleux n'ont constitué  ce  que  l'on 
nomme  une ville et c'est pourtant,  à l'exception du Cap-
Français,  l'histoire de toutes celles de St-Domingue.  Un 
seul  particulier  riche a eu l'audace de  bâtir  ici  une 
maison  passable,  au risque de la voir crouler au premier 
tremblement  de  terre (2).  Quoiqu'il en soit,  cet  amas 
irrégulier de "cases" (c'est ainsi que l'on nomme ici  une 
maison),  intersecté  par  quelques  lacunes  de  verdure, 
forme,  en arrivant de la mer, un coup d'oeil assez pitto- 
resque.
     Une  baie  très  sûre dans la belle  saison,  un  bon 
mouillage,  des  défrichements qui ont beaucoup  accru  la 
culture  de  ce  quartier,  y attirent tous  les  ans  une 
vingtaine  de  navires qui y trouvent leur  chargement  en 
sucre, café, et coton. Le soin extrême qu'exige la manipu- 
lation  de  l'indigo,  son succès toujours  incertain,  le 
risque de perdre en ces moments le fruit d'un long travil, 
ont décidé les colons à abandonner cette culture précaire. 
On y a,  en revanche, beaucoup étendu celle du café, moins 
lucrative  que  celle du sucre,  mais sujette à  moins  de 
vicissitudes et moins chère,  plus dispendieuse que  celle 
du  coton mais plus sûre et soutenant mieux son  prix.  la 
culture  du  quartier  de  Jacmel  est  susceptible   d'un 
accroissement considérable car, quoique tout le terrain en 
soit concédé, il s'en faut qu'il en soit tout en valeur et 
encore  plus  que  la culture existante soit au  degré  de 
perfection où on pourrait la porter.  Cela ne serait point 
si, en donnant aux concessions une moindre étendue, on eût 
multiplié   le  nombre  des  habitants.   Les   propriétés 
médiocres sont toujours les mieux cultivées, ne fût-ce que 
par la seule raison que l'oeil du maître les embrasse plus 
aisément (...)."
  
  (1) On  nomme ainsi l'espèce de hutte en feuilles ou  de 
cabane où logent les colons qui commencent à défricher une 
concession.
  (2) "La  basse ville où est la Grande-Rue  contient  les 
maisons  qu'occupent  les  marchands,  les  capitaines  de 
navire  vendant leurs cargaisons et les personnes qui  ont 
des  affaires commerciales.  Ces maisons sont bâties  dans 
une gorge étroite dont on a même été obligé d'escarper les 
flancs.  L'air  y  est  étouffé et malsain et  la  chaleur 
excessive,  surtout  dans  les mois de  juillet,  août  et 
septembre.  Comme  ces  mois sont aussi ceux  des  grandes 
pluies, l'humidité contribue à augmenter les maladies dans 
la  basse ville qui ressemble alors à une  infirmerie,  le 
long  de laquelle se promènent les convalescentts à  teint 
hâve  et  plombé.  On n'a rien fait pour  améliorer  cette 
situation.  Les rues sont inégales comme le sol : elles ne 
sont  pas  propres et quelquefois les pluies  y  font  des 
trous  où versent les voitures.  Une seule de ces rues est 
pavée.  Les emplacements y sont si étroits qu'il est  rare 
de  voir une maison avec une cour un peu considérable.  On 
n'y a ni place publique ni marché. La place d'armes, qu'on 
a  décoré de ce nom parce que le commandant pour le roi  y 
passe la milice en revue,  n'a pas soixante pieds dans  sa 
plus grande largeur.  La haute ville est plus heureusement 
située.  Aussi  l'appelle-t-on  Belair.  Elle est  sur  la 
hauteur et contiguë à la basse ville. Elle offre d'un côté 
la  vue de la mer,  de l'autre celle de la campagne,  dont 
l'aspect  est assez riant.  La température y est douce  et 
l'air  pur et la santé sont communément le partage de  ses 
habitants.  Mais  elle a aussi ses inconvénients dans  des 
rues étroites et des maisons mal bâties."
(Moreau   de   Saint-Méry   "Description    topographique, 
physique,  civile,  politique et historique  de  la partie 
française de l'île Saint-Domingue" II, 511-512)

Extrait de : 
 Souvenirs de Stanislas baron de WIMPFFEN :
 Saint-Domingue à la veille de la Révolution
        (recueillis par Albert Savine) 
 Collection historique illustrée, Paris 1911)

                 

PUBLICATIONS

             de Winston De Ville (GHC p. 479)
Ramona Smith, P.O. Box 894, Ville Platte, Louisiana 70586
           (chèques en dollars à Ramona Smith) 

- Rapides post on Red river :  census & military documents 
  for Central Louisiana, 1769-1800 ($10)
- Opelousas post : the census of 1771 ($5.50)
- Attakapas Post : the census of 1771 ($4.50)
- French  troops  in the Mississipi valley  and  the  Gulf 
  coast : 1745 ($8.75)
- The Acadian families in 1686 ($4.50)
- British  burials and births on the Gulf coast :  records 
  of  the church of England in  West  Florida,  1768-1770) 
  ($4.50)
- English land grants in West Florida : a register for the   
  states  of Alabama,  Mississipi and parts of Florida and 
  Louisiana, 1766-1776 ($12.50)
- Louisiana ... en passant : newspaper writings, 1966-1970 
  (12.50)
- Opelousas : the history of a french and spanish military 
  post in America, 1716-1803 ($15)
- Southwest Louisiana families in 1777 : census records of 
  Attakapas and Opelousas post ($ 5)
- St  James in the province of  Louisiana  :  genealogical 
  abstracts from the 1777 census ($5)
- St  Gabriel  settlers  :  the 1777 census  of  Iberville 
  district in the province of Louisiana ($5)
- Saint-Domingue,  1688-1720 : census records and military 
  lists ($15) (voir GHC page 479)
- Winston  De Ville :  a bibliography of genealogical  and 
  others writings, 1959-1988) ($6)




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