G.H.C. Numéro 34 : Janvier 1992 Page 480

Recherches sur la famille de Louis Adolphe de MILLY
André Detape

     De  nos jours,  c'est une tradition bien ancrée  dans 
nos  familles issues de Louis Adolphe de MILLY ou  de  son 
frère  Adrien Gustave,  de considérer que cette branche de 
MILLY procède bien de l'ancienne famille de MILLY dont  on 
peut  retrouver les traces,  il y a mille ans  passés,  en 
Picardie, et qui s'est illustrée aux Croisades, à l'apogée 
de sa gloire (de cette ancienne famille subsistent actuel- 
lement les "de THY de MILLY" de la branche de Bourgogne).

     Cependant,  si on veut étayer cette tradition par une 
recherche  précise  et sérieuse,  ce qui a été  tenté  par 
Louis Adolphe de MILLY lui-même en son temps, on se heurte 
à de nombreuses zones d'ombre et de contradictions.  C'est 
pourquoi une nouvelle tentative a été faite pour clarifier 
cette  question,  malgré  la  difficulté  de  trouver  des 
documents  fiables  sur l'ascendance de Louis  Adolphe  et 
Adrien Gustave et de leur père Louis Lézin.

Origine de la tradition de MILLY

     Cette tradition de continuité avec l'ancienne famille 
de  MILLY a sans doute pour origine Louis Adolphe lui-même 
qui,  sous  le règne de Charles X,  a remué ciel et  terre 
pour  "retrouver"  la noblesse  de  sa  famille,  laquelle 
aurait été abandonnée par son père,  Louis Lézin,  sous la 
Révolution,  en  même temps que sa particule.  Cela  s'est 
déroulé en plusieurs épisodes rapprochés :
1°) Acquisition  de la charge de gentilhomme ordinaire  de 
la  Chambre  du Roi  (1),  charge  vénale,  entérinée  par 
Charles X en 1828.
2°) Jugement du tribunal civil de la Seine le 26 septembre 
1829,  certifiant  l'existence de la particule "de" devant 
le nom "MILLY", que Louis Lézin avait seul conservé.
3°) Anoblissement  de  Louis  Adolphe de MILLY  et  de  sa 
descendance  par ordonnance de Charles X (2) en date du 15 
avril 1829.

     L'objectif  initial  de  Louis  Adolphe  était   bien 
d'obtenir une confirmation de noblesse qui aurait rattaché 
officiellement  sa famille à l'ancienne famille de  MILLY, 
par  sa  branche de Bourgogne,  mais il ne put  jamais  en 
fournir la preuve et les recherches de M.  d'HOZIER, grand 
maître  d'armes,  dans ce but,  n'aboutirent pas.  On peut 
lire  une note de ce dernier  ("Nouveau  d'Hozier",  pièce 
238, à la BN) dans ce sens :
"MILLY (de),  Martinique et "Canada", le 3 septembre 1828; 
venu le dit jour,  mais sans aucune pièce qui justifie  le 
moindre droit au nom de MILLY"
  Cependant, Louis Adolphe prétend présenter à M. d'HOZIER 
son "tableau généalogique" ...
  Toujours  est-il  que Louis Adolphe dut  se  "contenter" 
d'un  anoblissement  sans rapport avec les racines  de  sa 
famille  (peut-être  en raison de la  charge  qu'il  avait 
acquise ?)

     Notons  au  passage  que  l'enregistrement  du  titre 
d'anoblissement,  du  6 janvier 1830,  comporte la qualité 
d'écuyer  et  des armoiries qui,  à la  demande  de  Louis 
Adolphe, se rapprochent des armes de l'ancienne famille de 
MILLY.  Plus  tard,  ce  dernier  prendra  la  qualité  de 
"vicomte" et son frère aîné, ou du moins le fils de celui-
ci, Léon, la qualité de "comte".

     C'est  en 1888 que la tradition de continuité  de  la 
famille  de MILLY sera confortée par l'ouvrage d'Oscar  de 
Poli  "Inventaire des titres de la Maison de  MILLY".  Cet 
inventaire  concerne notamment le chartrier du château  de 
Berzé,  dans  le  Mâconnais,  auquel l'auteur a ajouté  un 
document provenant du château de Canenx,  dans les Landes, 
résidence du comte Léon de MILLY.  Ce document, sous le n° 
1103, énonce ce qui suit :     
"Alexandre de MILLY de THY,  chev., sgr de CLAVEISOLLES et 
THOIRIAT,  mort en 1758, eut de son all. avec Christine de 
LA FAGE, baronne de ST-URIèGE, dix enfants, entre autres : 
Thomas,  enseigne  des vaisseaux du Roi,  aide-major de la 
marine,  marié  à la Martinique à "Suzanne" LE  GAL,  dont 
Louis Lézin, né à la Martinique en "1755", père de :
1° Adrien Gustave, qui suit;
2° Adolphe de MILLY,  gentilhomme de la chambre de S.M. le 
Roi Charles X, officier de la Légion d'Honneur, ..."

  Cette  pièce  est  une note  extraite  des  archives  du 
château de Canenx,  dont on ne connaît pas l'auteur.  Elle 
est le seul document qui fasse mention d'un "Thomas", fils 
d'Alexandre de MILLY de THY et de Christine de LA FAGE. La 
description  des fonctions de ce personnage dans la marine 
fait  penser  qu'il  y  aurait  amalgame  avec  Alexandre, 
troisième fils d'Alexandre Antoine de THY,  comme on  peut 
le  voir dans le dossier de Chérin (3) (1784),  ainsi  que 
dans  les  ouvrages  généalogiques de  Fr.  Aubert  de  La 
Chesnaye-Desbois  (4) (avant la Révolution) et  de  H.  de 
Jouvencel (5) (1911) :  c'est,  en tous cas,  le seul fils 
qui ait fait carrière  dans la marine. Des relevés récents 
dans  les  registres paroissiaux de Claveirolles (près  de 
Cluny) font apparaître les prénoms : Alexandre Hugue.
 
Documents de base

     Les documents de base sont d'abord constitués par les 
actes  d'état  civil de la ville de  Paris,  qui  ont  été 
reconstitués après les destructions de la Commune en 1871. 
Nous disposons des extraits d'état civil reconstitués pour 
les actes suivants :
- l'extrait  de naissance (6) de Louis Adolphe  MILLY,  en 
l'an 7, nous indique les noms de ses parents : Louis Lézin 
MILLY et Adrienne DOUILLON.
- l'extrait  de naissance (7) d'Adrien Gustave  MILLY,  en 
l'an 4, donne les mêmes renseignements.
  (Dans  les deux cas,  le nom MILLY a été rectifié en "de 
MILLY" par jugements du tibunal civil de la Seine en  1829 
et 1876)
- l'extrait  de l'acte de décès (8) de Louis Lézin  MILLY, 
en l'an 12,  comporte son âge,  48 ans (faux!), le lieu de 
sa   naissance,   St-Pierre  de  la  Martinique,   et   sa 
profession, ancien avocat.
- l'extrait  de  mariage de Louis Lézin MILLY et  Adrienne 
DOUILLON,  en l'an 2,  révèle notamment la date et le lieu 
naissance  de Louis Lézin,  le 13 février 1752 à la Marti- 
nique,  et les noms de ses parents,  Thomas MILLY, décédé, 
et  Jeanne LEGAL,  demeurant à la Martinique.  Un acte  de 
notoriété  passé  devant  le juge de paix  de  la  section 
Lepelletier  (malheureusement introuvable aux archives  de 
Paris) a tenu lieu d'extrait de naissance de l'époux :  ce 
dernier n'a pu être transmis depuis la Martinique à  cause 
de l'état de guerre avec l'Angleterre.




Page suivante
Retour au sommaire
Lire un autre numéro



Révision 27/07/2003