G.H.C. Numéro 33 : Décembre 1991 Page 447
TAVEAU de CHAMBRUN de CHATEAUBLOND
ou la phobie de l'empoisonnement
avril 1786 contre son mari.
- "Cette mort fait de même jouir Madame de CHAMBRUN, sa
belle-soeur, ou son mari comme associé du sieur de
CHATEAUBLOND dans une habitation indépendante de sa commu-
nauté avec sa veuve actuelle, de la moitié de cette habi-
tation que le dit sieur CHAMBRUN gouverne depuis un an à
son gré."
- "Cette mort laisse M. LA TOISON de ROCHEBLANCHE, oncle
du défunt, le maître de demander compte au sieur LA TOISON
de LABOULE, son second neveu, résidant à Port-au-Prince
habitation du Varreux, de sa gestion de la curatelle dont
il a été chargé lors de l'interdiction du sieur de
CHATEAUBLOND."
La famille répond, le 7 avril 1787, que M. PAILLETTE
(sic) a déjà touché plus qu'il n'a déboursé mais qu'il
suffit de vendre les effets des deux malles de M. de
CHATEAUBLOND pour le payer.
Fou ? Sûrement ! Gravement malade ? Oui, sans aucun
doute. Empoisonné ? Qui sait ? Mais la réaction de la
famille laisse un goût bien amer !
Sources :
- Relevé des décès des îles de Lérins, par K. Gaudais
- Registres paroissiaux de St-Domingue
- Colonies E376, trois dossiers TAVEAU
- France généalogique 1964, p. 239 : TAVEAU de CHAMBRUN
par Etienne Arnaud
COMPTE RENDU DE LECTURE
Pierre Bardin
La Guyane
Patrice Mouren-Lascaux
Karthala, 22-24 Bd Arago, 75013 Paris, 90 F
5.4.3.2.1.0. Mise à feu !! Le 24 décembre 1979, ce
décompte envoyait dans l'espace Ariane I; Kourou devenait
l'une des capitales, pour longtemps, des voyages dans
l'univers, permettant du même coup à la Guyane d'avoir la
tête dans les étoiles et de regarder avec fierté, mais
sans commisération, un monde qui, jusqu'alors, considérait
ce département entre Surinam et Brésil, comme une terre
maudite, dévoreuse d'hommes et d'espérances, l'échec y
étant une permanence de l'existence. Il est vrai que ce
projet d'avancée technologique, indispensable pour jouer
dans la Cour des Grands du Cosmos, avait soulevé bien des
réserves et des scepticismes chez les tenants d'une Guya-
nité originale pure et dure, réticences pas toujours
infondées, il faut le reconnaître, car on risquait d'avoir
deux entités pour ce département : d'un côté, Kourou et
son centre spatial (à l'intérieur duquel pourrait tenir la
Martinique), de l'autre, le reste de la Guyane. Il n'en
est rien, heureusement, mais, douze ans après, quel est le
bilan ? La Guyane a-t-elle enfin trouvé ses assises,
économiques entre autres ? A-t-elle les pieds sur terre ?
Va-t-on lui permettre de réussir son entrée dans le XXI°
siècle ?
Ce livre intelligent, documenté, argumenté, nous
permet de faire le point, les passions calmées, sur l'évo-
lution des choses et des esprits. En dix chapitres, 180
pages, une bibliographie sérieuse et sa propre expérience
sur le terrain, P. Mouren-Lascaux, sans verbiage inutile,
comme un peintre aquarelliste, par touches successives
jouant sur les tons et les couleurs (qui sont ici
"l'histoire", "la forêt", "les populations", etc.), fait
connaître un pays passionnant dont l'histoire avec la
France commence en 1603, grâce à M. de LA RAVARDIèRE, qui
la nomma "France équinoxiale". Elle fut longtemps "Pays de
l'Eldorado", "Contrée des Amazones guerrières", chimères
tenaces nées des fantasmes cupido-érotiques des marins
découvreurs.
L'auteur propose une analyse juste, chaleureuse, très
fine, d'un département ultra-marin, pluri-ethnique s'il en
fut, qu'il a aimé. Il montre que le décollage économique
(avec et à cause des Guyanais ombrageux de leur guyanité
"créole") semble avoir réussi, qu'il est fragile, mais
réel. Des interrogations subsistent, comme pour le barrage
indispensable pour la fourniture de toute l'électricité
nécessaire au centre spatial. Situé sur la rivière
Sinnamary, au lieu nommé Petit Saut, son importance ne va-
t-elle pas créer de sérieuses perturbations dans l'éco-
système ? A propos, a-t-on sauvé les pierres grattoirs,
polissoirs, affutoirs, qui faisaient le charme de ce site?
Il est vrai également que le proche environnement
international ne facilite pas les choses. Entre un Brésil
appauvri et un Surinam en rébellion, la Guyane sert de
refuge à des milliers d'exilés. Doit-on les intégrer ou
les rejeter ? Les Guyanais semblent avoir montré "patience
et tolérance", même s'il est vrai que 65% des 72.000
habitants vivent surtout dans l'île de Cayenne et ses
environs, alors que le pays représente 90.000 km2 où la
forêt règne en maîtresse exigeante, ne se laissant pas
conquérir aisément.
Il n'est sans doute pas inutile de rappeler que cette
terre guyanaise si malmenée a vu naître deux hommes dont
la vie a marqué notre Histoire : Gaston MONNERVILLE,
président du Sénat pendant près de 25 ans, et Félix EBOUé,
qui repose au Panthéon. Le 26 août 1940, sa loyauté répu-
blicaine a fait basculer la France des colonies dans le
camp du Droit et de la Liberté. J'en ajouterais un autre,
moins illustre sans doute, mais cher à ma jeunesse, le
poète Léon Gontran DAMAS. Au détour de la page 143, il est
bon de lire qu'un de vos amis (Serge PATIENT, futur
député) "est un homme politique très brillant" ou que,
page 95, parmi ceux qui étudient la faune et la flore, un
homme que nous estimons possède la plus importante
collection d'insectes. Il s'agit du Père BARBOTIN.
Ne cherchez pas le nom de Patrice Mouren Lascaux dans
l'annuaire du téléphone. C'est un pseudonyme, qui exhale
les rupestres senteurs du Sud-Ouest, sous lequel se cache
un haut fonctionnaire tenu par le devoir de réserve. Son
livre sera pour beaucoup la découverte d'une Guyane mécon-
nue. Celle que j'ai connue et aimée pendant quatre ans.
NOUS AVONS RECU
Centre généalogique de l'Ouest
26 rue Léon Jamin 44000 Nantes
n° 68, 3° trimestre 1991, 40 F
- "Le fichier des émigrants vers les îles d'Amérique" :
dépouillement systématique des registres d'armement de
Nantes (1692-1770); 16.000 fiches manuscrites consultables
dans la salle des catalogues des AD de Loire Atlantique.
- "Guide des sources de recherches généalogiques au Centre
des Archives diplomatiques de Nantes" : archives des
Français à l'étranger, ouvertes au public depuis 1987.
Révision 26/08/2003