G.H.C. Bulletin 22 : Décembre 1990 Page 232

NOUS AVONS RECU

Saint-Martin carrefour des Antilles, XVII° et XIX° siècles
                 Etude  socio-économique
          de la partie française de Saint-Martin
        par Gérard Lafleur, Professeur d'Histoire,
       Docteur en Histoire Moderne et Contemporaine
           1990, édité par la mairie de Marigot
  60F. Chez l'auteur, chemin de la Cascade, Morne Houël
                    97120 Saint-Claude

Une monographie de 74 pages,  sur un sujet peu connu,  qui
apporte  beaucoup de renseignements inédits,  reproduit ou
retranscrit  plusieurs  documents d'archives  et  cite  de
nombreux  noms d'habitants de cette île de l'archipel gua-
deloupéen.

COMPTE RENDU DE LECTURE

             J'ai assassiné la Sultane Validé
                 Jacques Petitjean Roget
         Société d'Histoire de la Martinique 1990
                      (voir GHC 21)

     On reconnaît dans ce titre volontairement provocateur
l'humour  parfois  "assassin" de l'auteur,  humour qui  se
manifeste  à  plusieurs reprises dans le  texte  lui-même,
éclairant le sérieux d'un étude qui fait une fois de  plus
la preuve et de l'extraordinaire érudition et connaissance
de   l'histoire  sociale  de  la  Martinique  de   Jacques
Petitjean  Roget  et  de son talent d'artilleur  dont  les
coups atteignent toujours leur but.
     L'ouvrage  se compose de plusieurs éléments très  di-
vers,  dont la logique d'organisation n'apparaît pas  tou-
jours :
- L'analyse  critique (oh combien!) des divers textes  qui
sont  à la base de la légende d'Aimée DUBUC de  RIVERY  au
XIX°  siècle et de tous les récits qui ont suivi  jusqu'au
livre à succès de Michel de Grèce "La nuit du Sérail".
- La présentation de la famille DUBUQ,  en distinguant  là
aussi légende et réalité dans les origines et l'anoblisse-
ment de la famille, et en donnant de nombreuses précisions
sur  la situation sociale tant des DUBUQ que de  plusieurs
familles alliées en Martinique.
- Des  éléments  et tableaux de généalogie dont  l'utilité
est évidente, mais qui ne suffisent peut-être pas pour que
le  lecteur  s'y  retrouve dans la  complexité  des  liens
familiaux.
- Des  chapitres  passionnants sur  Alger,  ses  corsaires
barbaresques et ses esclaves (on découvre au passage l'in-
terprète du roi de France,  Jean Michel VENTURE de PARADIS
-voir GHC 21 p. 222-), Smyrne et, bien sûr, Istamboul, son
histoire,  ses  sultans,  son Sérail et le harem (vous  ne
confondrez plus les deux mots) à la période concernée (fin
XVIII° début XIX°).
- D'autres  chapitres  fort utiles de présentation  et  de
jugement sur les historiens de la Martinique, Sidney DANEY
(lui  aussi  "assassiné")  et  Adrien  DESSALLES  dont  le
sérieux est salué.
     Qu'il  nous  soit permis une fois de  plus,  tout  en
admirant  la masse de faits et documents étudiés,  de  re-
gretter  qu'il n'y ait pas d'index :  on se trouve  devant
une  mine de renseignements mais sans outil pour l'exploi-
ter.
                                       B. et Ph. Rossignol

ZOEL AGNèS ET EDOUARD ALEXANDRE
LES NOMS DES LIBRES AU DEBUT DU XIX° SIECLE
Bernadette et Philippe Rossignol

             
     Jean-Baptiste  ZOEL  AGNèS  naquit  au  Moule  le  14
février  1848.  Matelot,  il s'établit à Guernesey  et  sa
descendance  vit en Angleterre.  Son acte de naissance est
le seul au nom de ZOEL AGNèS au Moule.  Heureusement,  une
lectrice avait repéré ce nom peu courant à Pointe-à-Pitre;
c'est  bien dans ces registres que nous avons retrouvé  la
famille et l'ascendance.

     Le père de Jean-Baptiste, Charlemagne, était huissier
au Moule et âgé de 30 ans à la naissance de son fils. Nous
avons  donc  commencé  la recherche  dans  les  Tables  de
Pointe-à-Pitre  en 1815 et nous avons effectivement trouvé
la naissance de Charlemagne :
- Le  4  mars 1818 a comparu Zoel Agnès,  commis de  négo-
ciant,  35  ans,  métif libre,  suivant la patente  à  lui
accordée  par  le préfet colonial LESCALLIER en date du  9
vendémiaire an XII (2 10 1803),  domicilié en cette ville,
lequel nous a déclaré que le 31 décembre dernier,  à  deux
heures du matin,  Luce Françoise,  âgée de 31 ans,  métive
libre,  suivant  la patente à elle accordée par le général
KERVERSEAU,  en date du 14 janvier 1806,  sous le n° 1163,
et domiciliée en cette ville, est accouchée dans la maison
de M. NOIRTIN, notaire, rue de Peynier, d'un garçon auquel
il a donné le nom de Charlemagne.  Déclare de plus le  dit
comparant  qu'il  reconnaît le dit enfant comme né  de  sa
cohabitation  avec  la dite Luce Françoise,  pour  le  dit
enfant  jouir  des droits que la loi accorde  aux  enfants
naturels reconnus.
     Deux autres enfants naîtront du couple,  toujours non
marié, Jean Baptiste René, le 12 novembre 1819 (déclaré et
reconnu  le  10 décembre) et Marie Joséphine,  le 10  juin
1822 (déclarée le 10 juillet).  Cette dernière meurt  deux
ans  après,  le 26 juillet 1824.  On trouve tous ces actes
répertoriés au nom de ZOEL AGNèS, qui est donc bien, en ce
début du XIX°, passé de nom du père à nom de famille.
     Et  le 13 juillet 1825,  Spiridion (enfin  un  prénom
apparaît)  ZOEL AGNèS,  commis de négociant âgé de 41 ans,
homme  de couleur libre selon son acte de naissance  du  3
décembre  1783,  à  Saint-Pierre de  la  Martinique,  fils
naturel  de  Marie  Françoise,   femme  de  couleur  libre
demeurant à Saint-Pierre,  épouse Luce Françoise,  38 ans,
femme  de couleur libre selon son acte de naissance du  14
12 1786,  à Basse-Terre de Guadeloupe,  fille naturelle de
feu Félicité, femme de couleur libre.
   Les époux présentent sept enfants, deux garçons et cinq
filles,  "qu'ils reconnaissent pour être nés de leur coha-
bitation  hors mariage et entendent les légitimer  par  le
présent acte,  pour les dits enfants pouvoir jouir de tous
les  droits  des enfants légitimés conformément à la  loi,
attendu  qu'ils ne sont ni adultérins ni incestueux."  Ils
sont tous nés à Pointe-à-Pitre. Ce sont :
1 Anne  Louise Josèphe,  née le 27 germinal et inscrite le
12 thermidor XIII (17 4 et 31 7 1805)
2 Luce Françoise, née le 10 7 et inscrite 13 11 1810
3 Anne Sophie Zoeline, née le 19 4 1812, inscrite 5 1 1813
4 Louise Jeanne Elmina, née le 24 2, inscrite 13 8 1814
5 Luce  Léocadie Emeline,  née 18 12 1815,  inscrite 11  3
1816
6 Charlemagne Zoel Agnès, né 31 12 1817, inscrit 4 3 1818
7 Jean Baptiste René Zoel Agnès,  né 12 11,  inscrit 10 12
1819


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Révision 26/08/2003