G.H.C. Bulletin 10 : Novembre 1989 Page 74

L'ETAT CIVIL DES ANTILLES
Chantal Cosnay

(Plusieurs lecteurs,  intéressés  par  l'article  sur  les
BLANCAN, se sont néanmoins étonnés  de  la  complexité  de
cette recherche et ont éprouvé  quelque  difficulté  à  en
suivre le cheminement; l'article que nous a  envoyé  Made-
moiselle Cosnay vient à point pour rappeler la spécificité 
de la recherche généalogique antillaise)

     Les recherches dans l'Etat civil des Antilles ne sont 
pas toujours aussi simples qu'en métropole en  particulier
quand il s'agit de rechercher  des  familles  de  couleur.
Prenons l'exemple des actes de naissance :
   Deux cas sont possibles : ou bien les enfants  ont  été
inscrits ou bien ils ne l'ont pas  été.

- DANS LE CAS OU ILS  SONT  INSCRITS  dans  les  registres
d'état civil, les références de  ces  actes  peuvent  être
inscrits dans les tables, soit à la lettre de leur nom  de
famille et à l'année de leur naissance, c'est  le  cas  le
plus simple; soit à la lettre de leur prénom et à  l'année
de leur naissance; ou bien encore ils  peuvent  avoir  été
reconnus plus tard  et  dans  ce  cas,  ils  peuvent  être
inscrits, soit à la lettre de leur nom de famille, soit  à
la lettre de leur prénom, soit à la lettre  du  prénom  de
leur mère, ou de leur père, et ceci dans un délai  pouvant
varier entre un an et vingt-cinq ans après leur naissance. 
     A cela s'ajoute quelque chose  qui  est  typique  des
Antilles, les changements de prénom ou  de  nom  au  cours
d'une vie : ils sont déclarés à  leur  naissance  avec  un
prénom; ils s'ajoutent un nom de famille à  un  moment  de
leur vie, changent de prénom et donc meurent avec un autre 
prénom.
     C'est donc le prénom qu'ils portent de façon  usuelle
à un moment qui est inscrit dans les actes d'état civil où 
ils sont cités, soit en  tant  que  nouveau-né,  marié  ou
décédé, soit en tant que père, frère ou témoin... Je  vous
laisse imaginer les divers cas et hypothèses possibles.

- DANS LE CAS OU NE SONT INSCRITS ni les actes de naissan- 
ce, ni de reconnaissance, avant de le savoir il faut faire 
toutes les recherches citées ci-dessus; bien sûr  ces  re-
cherches sont plus longues que dans le premier  cas  cité,
le plus simple, et elles restent vaines. Ce cas de recher- 
ches vaines est plus fréquent avant 1848 (1833  pour  cer-
taines îles) qu'après (1).
     Ce dernier cas de recherche  n'arrive  pas  tous  les
jours, mais il faut savoir que cela est possible,  que  ce
risque existe et qu'on ne peut  le  savoir  avant  d'avoir
cherché. Il n'est peut-être pas inutile de rappeler  qu'a-
vant 1848, seulement 25 % de la  population  des  Antilles
était inscrite dans l'état civil : les blancs,  les  mulâ-
tres et noirs libres. On retrouve plus rarement des regis- 
tres concernant les esclaves. 
     Ce sont les actes de décès ou de mariage, après 1848, 
qui peuvent pallier ces difficultés.  Alors  la  recherche
est divisée en deux parties,  en  fonction  des  lieux  de
conservation des documents : avant 1882, l'état civil  des
Antilles est conservé à Aix-en-Provence;  après  1882,  il
est conservé à Paris, rue Oudinot.  

     En résumé, les recherches dans l'état  civil  d'Outre
Mer présentent deux risques de difficultés, le premier  dû
à l'histoire de la population de couleur, le second dû  au
hasard de la conservation des documents  dans  les  diffé-
rents dépôts d'archives.

(1) Rappel historique : abolition de l'esclavage  en  1848
et  établissement  d'un  état  civil  pour  les  "nouveaux
libres". Les registres de l'inscription  des  anciens  es-
claves qui leur tenait lieu d'acte  e  naissance  s'appel-
lent "nouveaux libres" en Guadeloupe; ils vont de  1848  à
1862 et les microfilms des registres sont consultables  au
C.A.R.A.N. (472 Mi 1 à 20). En Martinique ils  s'appellent
"actes d'individualité" mais  ne  sont consultables  qu'en
Martinique, n'ayant pas été microfilmés.  

ANNONCES BICENTENAIRES : Novembre 1789

* * * * * * * * * * * * * ****** * * * * * * * * * * * * *
* Dimanche 8. On apprend par les "Lettres d'Espagne" que * 
* M. CESPEDES,  capitaine d'un bataillon  de  milice  du * 
* Pardo, est mort le 29 mai dernier, à Caracas,  âgé  de *
* 110 ans.  Evènement très remarquable dans ce climat où *
* les hommes arrivent rarement à l'âge de 60 ans. Il est * 
* mort aussi à Tesontla, juridiction de Tezences dans la * 
* Nouvelle Espagne,  un indien nommé  Jean  CAYETAN  qui * 
* avait atteint sa 130° année.  Il avait eu à 60 ans  un * 
* fils qui est encore vivant.                            *
* Jeudi 12.  Avis divers  : Opinion de M.  de  COCHEREL, * 
* député de St Domingue,  sur l'admission des nègres  et * 
* mulâtres  libres  aux   Assemblées  Provinciales.   De * 
* l'impr. de Clousier, rue de Sorbonne, 4 p. in 8°.      *
* Réclamation des nègres libres, colons américains, chez * 
* les Mds de Nouveautés, 3 p. in 8°.                     *
* Samedi 14. La compagnie de la Garde Nationale dite "la * 
* Colonelle"  de Moret près de Fontainebleau,  commandée * 
* par M. le marquis de GOUY d'ARSY, colonel de cavalerie * 
* et  membre de l'Assemblée Nationale,  a fait  célébrer * 
* une messe du Saint Esprit pour le Roi, la tranquillité * 
* du  Royaume et le succès des armes de la Nation.       *
* Samedi 20.  Annonce particulière :  On désirerait con- *
* naître les héritiers du sieur COISPEAU,  natif de Ver- * 
* sailles,  qui demeurait en 1761  ou  62  à  Paris  rue * 
* Grenier St Lazare,  où il faisait le commerce de  vins * 
* et qui depuis a passé à St Domingue  où  il  est  mort * 
* avec une fortune honnête.  S'adr. à M. BOURSIER,  not. * 
* rue Dauphine.                                          *
* * * * * * * * * * * * * ****** * * * * * * * * * * * * *
B.N. V 28327 : Affiches Annonces et Avis divers ou Journal 
Général de France. Relevé par P. Bardin

"Vêtir ceux qui sont nus"
Projet d'un philanthrope de Saint-Domingue en 1780

B. et Ph. Rossignol

     Dans de nombreux fonds d'archives des colonies, et en
particulier dans les dossiers de la Série  E,  fleurissent
les mémoires et projets les plus variés, des plus élaborés 
et intéressants aux plus farfelus, remis  aux  gouverneurs
ou, le plus souvent, envoyés directement  au  Ministre  ou
même au Roi. En règle générale il semble qu'il  n'y  avait
même pas de réponse!  
     Celui que nous vous proposons ici  venait  de  Saint-
Domingue. Nous avons cherché à  identifier  le  signataire
par une étude des registres paroissiaux de Cavaillon. Nous 
n'avons trouvé que l'acte de baptême le 19 mai  1781  d'un
fils du sr Jean DECOUT, maître chirurgien du  quartier  et
de demoiselle Geneviève  Faustine  LEGENDRE,  laquelle  ne



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Révision 26/08/2003