le Chevalier Noir
Pierre
Bardin
Guénégaud, décembre 2006, ISBN 2-85023-126-6, 30€
de Willy Alante-Lima :
Le chevalier de Saint George nouveau est arrivé !
Que le lecteur se rassure, je ne vais pas lui faire l'éloge
d'un vin ou d'un spiritueux célèbre ! J'entends simplement parler du livre
de Pierre Bardin paru en décembre dernier, Joseph de Saint George, le
Chevalier Noir.
Il s'agit d'une socio-biographie de cet homme célèbre au
XVIIIème siècle, dans laquelle l'auteur, non seulement retrace sa vie mais
aussi celle de la société où il s'est trouvé plongé. Ainsi offre-t-il une vue
cavalière de l'époque, décrivant celle-ci avec son cortège d'événements
ordinaires et mondains, où le marivaudage, coteries et cabales ont pignon sur
rue, mais également un survol de l'Histoire de France : aide-mémoire
remarquable de précision et d'éclectisme.
Mais c'est surtout du Chevalier dont il est question, qui vécut
tous les événements qui ont secoué son siècle, notamment la Révolution
française. L'ensemble de vérités révélées ne peut laisser imaginer les soins et
peines - comme l'on dit au Palais - qu'ont demandé celles-là au
biographe pour les mettre à jour. Des nombreuses découvertes que fait le
lecteur (et que nous ne voulons pas déflorer ici), une leçon à tirer : le
biographe ne doit pas produire en fin de compte une accumulation de gloses sur
lesquelles in fine il assoit ses rêveries...
Le livre comporte une riche iconographie pour le caractère
inédit de certaines reproductions, notamment un quasi inédit paru voici de
nombreuses années, le portrait du Chevalier portant trois roses à la
boutonnière indiquant son grade maçonnique de Rose-Croix, un autre de son oncle
littérateur Pierre de Bologne en médaillon, également le cliché par l'auteur de
la maison dans laquelle Saint George est décédé et, entre autres fac-similés,
deux titres de rente, l'un pour Anne Nanon, l'autre pour Joseph de Saint
George.
Une discographie de l'œuvre du compositeur y figure, un index,
un appareil copieux de notes bibliographiques où l'auteur a poussé la
magnanimité jusqu'à citer les références des ouvrages consultés et leur
origine. Je dirai, pour ma part, que, métaphoriquement, il en a fait un éloge
de la paresse pour les heureux bénéficiaires de son travail !
L'ouvrage se termine par une liste des hommes engagés dans la
Légion de Saint George et la "Liste des hommes et des femmes de couleur
colons américains". Manière sans doute de dire que la société française
commençait déjà à prendre de la couleur et à (déjà) s'en inquiéter !
Le lecteur aura compris qu'il est en présence d'un excellent
maître-livre, tant par la forme que pour la perfection et l'authenticité des
sources visitées par Pierre Bardin. Une vie complète en quelque sorte de la
personne de Saint George, des siens, et de la société qu'il a frayée : milieu
musical, d'hommes d'armes, des Salons, des Aristocrates.
Bref, ce Chevalier de Saint George de référence fera le bonheur
de tout lecteur car il y trouvera sa provende en quelque chapitre que ce soit.
Vraiment, le Chevalier de Saint George nouveau est arrivé.
de Bernadette et Philippe
Rossignol :
Depuis plus de vingt ans, les amis de Pierre l'entendaient
parler de "son" Chevalier sur lequel il avait réuni une documentation
considérable. Il diffusait d'ailleurs généreusement les informations qu'il
avait découvertes au prix de longues recherches et d'autres ne se sont pas
privé, au cours des dernières années, de les utiliser dans des publications ou
pour des spectacles et autres manifestations. Comme il le dit lui-même en
avant-propos, ce livre était devenu "l'Arlésienne" mais enfin le
voilà et c'est une belle réussite.
Les membres ou lecteurs de GHC connaissent bien les qualités de
chercheur et d'écrivain de Pierre Bardin, mises au service de cette
étude remarquable qui fait le point, de façon définitive, sur le Chevalier de
Saint George, ses origines, sa famille, son destin. Que l'on s'intéresse à
l'histoire et à la société des Antilles, à celles de la France au temps crucial
de la fin de l'Ancien Régime et de la période révolutionnaire, aux Noirs en
France à la même époque, à l'escrime, à la musique, aux rues et monuments du
vieux Paris, on sera comblé.
On ne peut qu'être impressionné d'ailleurs par la liste des
sources compulsées, qui apparaissent dans les 314 notes et dans la longue
bibliographie (centres d'archives et bibliothèques, livres sur la musicologie,
l'escrime, la franc-maçonnerie, les hussards américains, les journaux et
périodiques). Il s'y ajoute la discographie complète, les listes des hommes de
la "Légion de Saint George" et des "hommes et femmes de
couleur, colons américains" en 1789 à Paris, et un index de 17 pages
(consultable sur le site de GHC), sans oublier l'iconographie : portraits,
fac-similés de documents d'archives essentiels, uniforme des hussards de
Saint George, etc.
Quant à ceux qui croient "déjà tout savoir" sur le
Chevalier de Saint George, ils découvriront, par de nombreuses mises au
point documentées, des réponses à des questions jusqu'ici non résolues. Rien
n'est avancé sans en donner les preuves et les élucubrations ne reposant que
sur une imagination fertile ou des assimilations abusives sont réduites à zéro.
Révision 01/02/2007