G.H.C. Bulletin 99 : Décembre 1997 Page 2114
Joseph d'ANTIN de ST-PÉE
Pierre Bardin
Joseph d'ANTIN de ST-PÉE est de Dax en Béarn; capi-
taine dans le régiment de St-Pée (son père), du 1er
janvier 1734 jusqu'au licenciement en 1737, il fut ensuite
enseigne dans celui de Brissac le 18 avril 1740; capitaine
dans Asfeld cavalerie le 1er août 1743; réformé le 12
avril 1749; remplacé le 24 juin 1757; capitaine réformé
sans régiment le 30 mai 1760.
Une note indique qu'il est fils de feu le lieutenant
du roi à Dax : "Il est fort dérangé, mais il a remis de
l'ordre dans ses affaires. Il a été marié, sa femme est
morte en lui laissant deux fils. Il ne manque pas d'esprit
et d'intelligence." En mai 1760, il est à Versailles où il
est reçu par "Monseigneur" (que je n'ai pas identifié). Il
lui écrit deux fois. Dans la première lettre, il accuse
son colonel de le persécuter, d'obliger les hommes à faire
l'exercice dès 5h du matin, ce qui cause des désertions,
etc. Dans la seconde, que nous allons lire, il semble plus
calme, ayant obtenu l'audience désirée.
"Monseigneur,
Je feus si sensible aux témoignages de bonté avec
laquelle vous me parlates avant hier que j'en feus emeu au
point de n'avoir plus la faculté de parler ny de pencer.
Le dezir de faire quelque chose que vous me conceilles de
faire, lamour d'un metier que je fais depuis etre sorti du
berceau, le danger et l'amertume de servir dans un corps
ou le bon esprit est presque perdeu m'ont on ne peut pas
plus agité. Jay cherché a retablir en moy une partie de la
confiance que jay eu pour les etendars du regimant, plus
jy ay reflechy plus je m'en suis eloigné.
Les soins que messieurs de Voyer et de Cortries se
donneront pour y retablir le bon ordre ne peuvent etre
aussi suivis qu'il le faudroit pour guerir le mal que par
un chef qui ne seroit occupé que du detail de ce corps et
qui ne le quiteroit ny nuit ny jour.
Je me gete a vos genoux Monseigneur pour vous suplier
de ne pas vous opposer a ce que je ne serve plus au
regimant ou je suis, ne me refusez pas la comition de
capitaine reformé, je ne demande poin d'apointements,
jyrai servir auprès de quelque oficier general puisque
vous ne voules pas me faire servir dans l'etast major de
la cavalerie, il seroit si flateur pour moy Monsiegneur
que vous vouleussiés me faire la grace de prier Mr le
comte de St Germain ou Mr de Castries de me recevoir
auprès deux; si cela netoit pas praticable, jen yray
trouver quelquun des autres qui ne sont pas dans le meme
rang, au moien de quoy rien ne soposera plus a lefet de la
bonne volonté ou vous etes Monseigneur de me donner un
regimant a la premiere promotion.
Je suis avec le plus profond respect, Monseigneur,
votre très humble et très obeissant serviteur
Dantin.
Le 16 may 1760"
C'est la dernière trace écrite que Joseph d'ANTIN de
ST-PÉE a laissée dans les archives militaires. Les généa-
logistes de l'époque ne le citent pas. Et pourtant la
famille est connue en Bigorre depuis 1060. En comparant
les dates données par Jacques de Cauna d'un éventuel
départ à 50 ans pour St-Domingue en 1772 et celles
trouvées à Vincennes, il pourrait être le fils de Jean
Paul d'Antin de St-Pée, major d'infanterie espagnole pour
l'expédition de Majorque, lieutenant pour le Roy de Dax et
St-Sever, qui avait épousé à Dax en 1718 Françoise de
PAISSAN, fille de Jean, commandant pour le Roy à St-
Domingue, au Rochelois. Je n'ai rien trouvé dans les
archives des paroisses de St-Domingue.
Indiquons encore que son père réclame et obtient une
pension, en 1720, pour avoir effectué des dépenses "lors
du passage des princesses d'Espagne à Dax, l'Infante
s'intéressant à Mr de St-Pée, qui serait parent de Mr le
duc d'Antin." Une demoiselle de St-Pée, vraisemblablement
sa tante, fut reçue à St-Cyr en 1698. Enfin, on peut
suivre la carrière d'autres d'Antin de St-Pée, soit
officier de marine, soit lieutenant pour le roi en Corse
et à Brest.
Quels sont les éléments qui permettent de dire q'il
est parti pour St-Domingue en 1772 ?
Sources :
- YB 130 et Y1F A/R 396 (Vincennes)
- Chérin 7 (Bibliothèque nationale)
NOTES DE LECTURE
Danielle Maudet
Le naufrage de la Méduse Georges Bordonove
(Robert Laffont)
- un lieutenant de vaisseau MAUDET (famille originaire de
La Rochelle, sans lien avec celles que j'ai déjà étudiées)
- la corvette (navire-école) L'Echo, qui accompagnait la
Méduse, était commandée par le capitaine François Marie
CORNETTE de VÉNANCOURT; ses rapports sur les circonstances
du naufrage seront de grande importance lors du jugement
de l'affaire. Ce capitaine "était né à la Martinique en
1777 d'une famille de colons (...) avait préparé au
collège de Sorèze (cf. GHC pp. 989-1026, etc.) le concours
d'entrée dans la marine (...) les brevets qui lui furent
décernés par le jury en 1790 (pilotage, manoeuvre des
voiles et canonage) figurent dans son dossier et attestent
de haut niveau des connaissances exigées..." Suivent de
nombreuses références à ses attitudes politiques ou
ambitions personnelles.
Est-il possible de relier ce François Marie CORNETTE de
VÉNANCOURT et Victoire Delphine CORNETTE de VÉNANCOURT
épouse de Charles Michel LE TERRIER d'ÉQUAINVILLE dont le
fils Charles Elie a épousé en 1ères noces le 19 juillet
1854 Marie Sophie Uranie LEMOINE MAUDET (GHC p. 623) ?
Quel lien avec Antoine CORNETTE (GHC p. 1939), ancêtre de
la famille CORNETTE de VÉNANCOURT ?
NDLR Sauf erreur, Victoire Delphine est sa nièce, fille de
son frère Charles Marie Joseph. François Marie, capitaine
de vaisseau, officier de la Légion d'Honneur, vicomte à
titre personnel par lettres patentes de Charles X du 16
décembre 1826, mourut sans postérité. C'était la quatrième
génération après le premier CORNETTE, Antoine.
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Révision 27/01/2005