G.H.C. Bulletin 99 : Décembre 1997 Page 2111
François Charles Louis marquis de LAJAILLE (1822-1889)
Est-ce par jeu politique ? Le gouvernement de l'époque
décide de supprimer un des deux représentants de la Guade-
loupe à la chambre; par contre, pour la première fois, la
Guadeloupe sera représentée au Sénat (décision prise dans
le cadre du décret du 24 décembre 1875). Pour la première
fois des élections sénatoriales vont se dérouler dans
Karukéra. Depuis quelques mois, la 3ème République vient
d'être réconfortée par l'amendement Wallon.
Le monarchiste duc de Mac Mahon est président de la
République (3).
Ces élections sénatoriales sont fixées au 27 février
1876. Elles suscitent de nombreux commentaires. C'est
ainsi que le député LACASCADE intervient dans le journal
" L'Avenir de la Guadeloupe ", du 18 février, en demandant
aux électeurs de "bien placer leurs votes". L'Echo de la
Guadeloupe annonçait, dans le même temps, les candidatures
de M. Agénor de BEAUPEIN DUVALLON et de Gabriel LAURIOL;
plus tard M. A. ROLLIN (4) se mit sur les rangs.
Finalement deux candidats sont en présence, le général
de brigade LAJAILLE et le colon, ex-député, Rollin.
A l'occasion de ces sénatoriales, on a coutume de
dire que "les notables" représentent la quasi totalité du
corps électoral pour ces élections. La majorité des
électeurs est issue des conseils municipaux. La bataille
électorale fut serrée, puisque, sur 56 votants, 29 voix
vont à LAJAILLE et 27 à Rollin. LAJAILLE est déclaré élu
et sera le premier représentant de la Guadeloupe à la
chambre haute.
Le déroulement de ces élections entraîna plusieurs
contestations. Dès le 29 février, des recours en annu-
lation sont déposés. En effet, les conseils municipaux de
la Guadeloupe n'avaient pas été renouvelés dans le délai
légal. En vertu de l'article 4 de la loi du 22 juillet
1870, les conseils municipaux sont arrivés à leur terme
depuis les 22 et 29 janvier 1876, puisque les deux tours
de scrutin pour les élections précédentes ont eu lieu les
22 et 29 janvier 1871. Les électeurs issus de ces conseils
n'étaient plus représentatifs, légalement.
Malgré ces réclamations, le conseil privé et le gouverneur
Couturier décident de valider le résultat de ces
élections. En conséquence, LAJAILLE est élu sénateur.
Notre général monarchiste prend place au Sénat à l'extrême
droite.
Nous assistons, dans cette période, à une tension
entre la chambre et le Président de la République, le duc
de Mac Mahon. Après la crise du 16 mai 1877, les deux
chambres sont consultées. Au Sénat, le représentant de la
Guadeloupe vote pour la dissolution de l'Assemblée,
décidée par le Président. En tant que monarchiste,
LAJAILLE ne pouvait agir autrement, d'ailleurs tous les
votes qu'il a émis vont dans le même sens; c'est ainsi
qu'il se prononce contre le rétablissement du divorce.
Nous ignorons les conclusions que ce grand militaire,
devenu un politique, a tiré de son expérience vécue au
palais du Luxembourg; à 63 ans il ne demande pas le renou-
vellement de son mandat, il ne se représente pas aux
élections de 1879 (6) (7). Nous apprenons qu'il a été
conseiller général des Côtes du Nord pour le canton de
Callac (8).
Ce Guadeloupéen, d'origine angevine, reçoit comme
couronnement de sa carrière une 3ème étoile, en tant que
général de division. Il est mis à la réserve le 4 octobre
1884 et se retire, pour bénéficier d'une retraite
paisible, dans la commune de Ploujean (9), à proximité de
la ville de Morlaix. Là notre saint-cyrien meurt quelque
4 ans après, le 23 mars 1889 (9).
Une partie du camp militaire Dugommier à Baie-Mahault
est dénommée LAJAILLE; la commune a voulu rappeler que cet
enfant du pays a été un grand soldat et le premier
sénateur de la Guadeloupe.
Sources :
(1) Filiations Bretonnes; tome 3; pages 158, 159.
(2) Service Historique de l'Armée de Terre à Vincennes,
dossier n° 3756/GB2.
(3) Almanach Guadeloupéen de 1993, A. Combe, Editions
L'Harmattan pages 150, 151, 152.
(4) Voir A. Rollin - de R. Enoff - Généalogie et Histoire
de la Caraïbe, juin 1997, page 1993.
(5) La Guadeloupe dans l'Histoire, O. Lara; pages 278,
279.
(6) Cabinet du gouverneur Couturier.
(7) Dictionnaire des Parlementaires de 1789-1889, tome 3,
page 543.
(8) Il est élu conseiller général du canton de Callac en
1871 et 1877. Archives des Cotes d'Armor (Cote 3M152).
(9) Mairie de Morlaix; service d'Etat-civil 1889 n° 21.
(Depuis l'arrêté préfectoral du 20 février 1959, la
commune de Ploujean est rattachée à la commune de
Morlaix)
Le "fichier Houdaille"
A la suite d'une question d'une lectrice de GHC, nous
rappelons ce que nous avons dit sur ce fichier (cf. page
2093, NDLR à la réponse 97-172 et, dans le Thesaurus 1996
que vous avez reçu avec le numéro précédent, p. 40, 8.2) :
"ce fichier restera un outil pour l'association mais ne
sera pas mis à disposition du public car il est d'un
maniement difficile". Il ne s'agit pas d'un "manuscrit" ni
d'un "document" mais de fiches qui constituent en fait un
index qui renvoie à divers documents d'archives et qui
était la base, à l'origine, d'un travail de démographe et
non de généalogiste. En règle générale, on y trouve des
patronymes, des prénoms abrégés, des dates, des noms de
lieu abrégés et des références qui sont parfois diffici-
lement interprétables.
Tel quel, il est très précieux et, vous l'avez vu,
souvent utilisé, grâce au travail de saisie informatique
des seuls patronymes fait par Philippe Marcie qui à chaque
numéro, au vu des questions posées, vérifie si les noms
des "Domingois" recherchés y figurent, nous envoie photo-
copie des fiches où ces patronymes apparaissent et nous
faisons ensuite le travail d'interprétation nécessaire,
dans la mesure de nos moyens et pour le plus grand intérêt
des questionneurs. Il suffit donc que des questions soient
posées sur St-Domingue pour que ces questions soient
confrontées au fichier.
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Révision 27/01/2005