G.H.C. Bulletin 95 : Juillet-Août 1997 Page 2037
Autour de VERNEUIL et FOURNIER
Pierre Baudrier
En 1890 l'historien Alphonse Aulard a publié les
"Mémoires secrets" de Claude Fournier, dit l'Américain,
d'après le manuscrit des Archives Nationales et signalé en
page VI l'achat par Claude Fournier d'un jardin à Verneuil
(Seine-et-Oise), au début de la Révolution. Le vendeur
était Pasquier, marchand de vins, rue de Thionville, à
côté du club des Cordeliers.
Or le catalogue général des livres imprimés de la
Bibliothèque Nationale nous apprend également que Fournier
écrivit en collaboration un "Mémoire pour les citoyens
Verneuil, Baillio jeune, Fournier et Gervais, déportés de
Saint-Domingue, contre Léger-Félicité Sonthonax" (8° Fm.
3845), mémoire auquel, à la rubrique Verneuil par exemple,
le catalogue sur fiches des factums de la Bibliothèque
Nationale mentionne des suppléments et autres pièces
annexes cotés 8° LK12 425, 428-431, 446, 455. Verneuil
figure aussi à la rubrique "Verneuil, colon à Saint-
Domingue" du catalogue précité de la Bibl. Nationale.
Ainsi donc Fournier connaissait à la fois Verneuil en
Seine-et-Oise et le citoyen Verneuil. Jusqu'à "Fournier-
Verneuil", auteur de la Restauration, qui, lui aussi, se
soucie comme d'une guigne de notre santé. Mais nous allons
les remettre en place, tous autant qu'ils sont, Fournier,
Fournier-Verneuil et Verneuil, les distinguer d'autres
Verneuil et Fournier, les situer tous à la Caraïbe ou en
métropole.
La publication de Mr Aulard nous apprend de surcroît :
P. V : "dénoncé et surveillé, il [Fournier] fut l'objet,
en mars 1793, d'un rapport de police où il est traité de
chevalier d'industrie et associé à une coquine, la femme
Marthe Fonvielle, dite Pujol, sa maîtresse, et à une
prétendue marquise de Saint-Giran (Voir ses papiers, aux
Archives)."
Pp. XIV-XV : "il fut enfermé au fort de Joux avec les
nommés Château, Michel et Brisavin, le 2 fructidor an XI
(20 août 1803). Le 20 novembre suivant, tous quatre furent
transférés à l'île d'Oléron, puis embarqués (10 ventôse an
XII) pour Cayenne. Fournier y séjourna jusqu'au moment où
les Anglais s'emparèrent de cette colonie. A cette époque,
il revint en France (1809). Il fut mis en surveillance à
Auxerre, et arriva dans cette ville le 16 octobre 1809. Il
y fut surpris, deux ans plus tard, préparant contre les
droits réunis une sorte d'émeute, qui faillit éclater dans
la nuit du 7 au 8 juillet 1811. L'Empereur ordonna qu'il
fût déporté au château d'If, avec Calendini. Délivré à la
chute de Napoléon, il revint à Paris en avril 1814 et alla
demeurer chez sa femme (il s'était marié à St-Domingue),
rue Perdue, n° 6."
Le "Répertoire du personnel sectionnaire parisien en
l'an II" (Paris, 1985) d'Albert Soboul et Raymonde Monnier
évoque Château (p. 117), Michel (p. 343) et Brisavin (pp.
32-33, 302-303). Le "Répertoire" connaît plus exactement
"Jean, Michel Brisevin", précisant entre autres qu'il sera
déporté à Cayenne, et cite cinq Fournier de prénoms
inconnus, en dehors de ceux qui ne se prénomment pas
Claude.
P. 4 : "Tout Paris, toute la France a vu en 1785, 6, 7 et
8, mes mémoires imprimés contre le gouvernement de Saint-
Domingue, qui ont provoqué la chute de tous les agents qui
jusque-là y exerçaient impunément la plus criante
tyrannie."
P. 19 : le 15 juillet 1789, il aurait sauvé les archives
de la Bastille en les faisant porter à l'Hôtel de Ville.
P. 68 : comme il est de toutes les journées révolution-
naires, la Cour en la personne du duc de Cossé-Brissac,
aurait essayé en vain de le corrompre. Il situe l'épisode
en juillet 1792 alors que le duc avait été décrété
d'accusation le 29 mai 1792.
P. 90 : fin août, début septembre 1792, il est à Orléans
pour prendre en charge les prisonniers d'Etat. Il se
trouve "qu'Il était arrivé à Orléans un régiment qui
venait du Port-au-Prince et qui dirigeait sa marche vers
les frontières."
Quelques pages plus loin, il prétend qu'à Versailles il
fut empêché de sauver les prisonniers.
NOTES DE LECTURE
Pierre Baudrier
Bulletin de la Société des Archives Historiques de la
Saintonge et de l'Aunis VII.- Paris : A. Picard; Saintes :
Mme Z. Mortreuil, 1887.- 462 p.
P. 7 : "La Société a annoncé, il y a quatre ans (Bulletin,
III, 213), son projet de publier l'armorial de d'Hozier,
généralité de La Rochelle. Nous ne nous sommes jamais fait
illusion sur la valeur de cet armorial, affaire fiscale,
où seules l'ignorance et la vanité s'obstinent à chercher
des titres de noblesse. Mais il contient une foule de noms
et de personnes qu'on ne trouve que là, et des armoiries
que sans lui on ne saurait attribuer. Le manuscrit a donc
son importance. Aussi, quoiqu'il ait déjà été publié, le
rééditerons-nous, mais avec des notes généalogiques consi-
dérables qui en feront un livre tout nouveau; et ce vaste
travail de renseignements sur les personnes nommées par
d'Hozier ne se fait pas en un jour."
P. 29 : Mr de Maurepas, ministre de la marine de 1727,
visite alors Rochefort. Il visite entre autres deux
vaisseaux en rade et la note 2 précise "L'Eléphant",
commandé par M. de Tilly, était armé à destination de
Québec, et le "Dromadaire", commandé par M. de La
Saussaye, devait porter des troupes et des munitions
navales à Cayenne et à la Martinique."
Pp. 52-55 : dans un compte rendu des "Familles française à
Jersey pendant la Révolution", par le comte Régis de
l'Estourbeillon (Nantes, Grimaud, 1886, in-8°, 680 p., on
mentionne le mariage, le "14 août 1798, de Claude-Etienne-
Joseph Carré de Margorie, ancien officier de dragons, né à
La Rochelle le 23 mai 1759, de François-Charles Carré,
écuyer, seigneur de Candé, et de Charlotte-Marie Couzin du
Lieutel, avec Marie-Louise Guillouet d'Orvilliers, née à
Cayenne, fille de Louis-Gilbert, chevalier de Saint-Louis,
gouverneur de Cayenne, et de Justine de Brach..." et plus
loin "On lira les lettres de Charles-Alexandre Bidé de
Maurville, qui avait épousé à Saintes Eustelle de Lataste,
soeur de la marquise de Bremond, et celles de sa cousine
germaine, Mme d'Orvilliers, nièce de l'amiral, sur qui se
passait en Saintonge et à Jersey". Est évoqué "M. de
Beaucorps de l'Epineuil (Jean-Jacques de Beaucorps, sous-
lieutenant au régiment du roi-cavalerie, capitaine au 15e
régiment de dragons, chevalier de Saint-Louis, mort à
Saintes...".
P. 99 : généalogie Chasseloup du 17ème siècle.
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