G.H.C. Bulletin 94 : Juin 1997 Page 1994
Louis Adolphe ROLLIN (1836 - 1909)
forces de l'ordre. Si bien que le maréchal des logis,
SOCIE, est blessé d'une balle à la tête et succombe à ses
blessures, quelques jours après.
M. LABIQUE est arrêté, il était porteur d'un revolver avec
de nombreuses balles. M. ROLLIN est déclaré élu, malgré
tout, avec 349 voix contre 112 à son adversaire.
"Le tribunal a examiné ce qu'on a appelé " l'affaire des
émeutiers de Vieux-Habitants ", M. LABIQUE a été condamné
à 10 mois de prison, ses partisans à des peines moindres.
Pour calmer les rancoeurs une amnistie leur sera accordée
plus tard par le ministre des colonies M. LEYGUES, sur
rapport du gouverneur BOULLOCHE" (d'après C. FABRE père
dans "Vieux-Habitants", page 119).
Le père ROLLIN
Le père ROLLIN, comme on avait coutume de l'appeler
à Vieux-Habitants avait un côté paternaliste, ce qui le
rendait sympathique, mais il restait, malgré tout un colon
qui, à la session du conseil général de décembre 1884,
souhaitait que l'immigration se prolonge; ainsi il
s'oppose à Alexandre ISAAC qui préconisait le contraire.
Notre Mosellan a considéré la commune des Vieux-
Habitants, durant toute sa vie, comme étant sa chose.
Pendant plus de 45 ans, ROLLIN a été fidèle à Vieux-
Habitants avec des colères d'enfant gâté, il supportait
mal la tutelle des gouverneurs. Son dernier mandat a été
le plus soutenu (5 ans); l'âge avançant, il avait acquis
une certaine sérénité. On peut penser qu'il s'est trouvé
face à des difficultés financières à la fin de sa vie; il
avait beaucoup misé sur le roucou jusqu'à avoir pour sa
production, en 1892, une médaille d'argent au concours
agricole. A partir de 1900 cette denrée se vendait mal, du
fait de l'arrivée des teintures chimiques sur le marché.
Le père ROLLIN meurt le 29 janvier 1909 sur sa propriété
"le Petit Parc" au Matouba à Saint-Claude, à l'âge de 73
ans. Pour lui rendre hommage, une rue non loin de la
Mairie des Vieux-Habitants porte son nom. Cette figure
lorraine a marqué un tournant dans la vie de la cité
habissoise.
NOTES
(1) On assiste à l'essor économique de la Guadeloupe, le
café et le roucou se vendent bien mais la crise économique
s'accélère à partir des années 1880, avec la découverte
des colorants artificiels en 1859, découverte faite par
Perkins au Royal of Chemistry de Londres (d'après le Sang
de l'arbre, de Saint-Martin, Ed. Caribéennes).
(2) Commune où se sont retirés les premiers colons (les
engagés de trente-six mois). La désignation des habitants
a évolué au cours du temps : "Vieils Habitants",
"Habitanais", "Vétustes", "Viducasses", "Habitants", et
enfin aujourd'hui "Habissois".
(3) Le sieur BOUCHU, dont l'habitation se trouvait à
Vieux-Habitants, est enlevé par les Anglais le 3 mai 1702
(d'après le Père Labat). La propriété sucrière a été
achetée par Rollin en 1878 des mains de PÉRIOLLAT. Le 28
juin 1888 il achète aussi au propriétaire Périollat "La
Grivellière", là on cultive le café. Cette dernière
propriété a été mise en vente après la mort de Mme Rollin
le 4 avril 1896 à une société anonyme; le 15 mai 1919 la
société est liquidée par CARMICAEL et Maître DOUENEL,
actionnaires et représentants, et vendue à François
CRESCENT PAGESY, qui y vivra jusqu'à sa mort en 1940.
Le domaine est resté très longtemps la propriété des
PAGESY. La Région Guadeloupe est aujourd'hui propriétaire
des lieux.
ROLLIN avait acheté aussi à PÉRIOLLAT la propriété "le
Petit-Parc" au Matouba où il cultive le roucou; en 1885, à
l'exposition d'Anvers, il reçoit la médaille d'argent pour
le roucou et la médaille d'or pour le café (d'après les
archives départementales de la Guadeloupe).
(4) D'après des témoignages, ROLLIN serait le grand-père
de l'avocat Gaston FEUILLARD, l'ex député de la Guade-
loupe. Son père est Ferdinand FEUILLARD, l'enfant naturel
d'une demoiselle FEUILLARD avec ROLLIN. Ferdinand est né
en 1864. ROLLIN s'est marié à une demoiselle Jeanne Marie-
Claire BOREUX, originaire de l'Aude, peut-être en 1868.
Ferdinand FEUILLARD, sous-chef de bureau de 1ère classe
des secrétariats généraux en 1911, étant à la retraite,
devient secrétaire de la mairie de Basse-Terre, avec un
traitement de 2.700 frs par mois.
(5) voir annexe 2.
SOURCES
- Archives départementales de la Guadeloupe
- Archives Assemblée Nationale
- Mairie de Saint-Claude, service état civil
- "La Guadeloupe dans l'histoire" de O. Lara
- "Le Sang de l'Arbre" de Saint-Martin, Ed. Caribéennes
- "Esclaves et Citoyens - Les noirs de la Guadeloupe au
19ème siècle" de J. Fallope
- "Vieux-Habitants" de C. Fabre (père)
- "Guide historique des noms de rue à Basse-Terre et à
Pointe-à-Pitre" de Rodolphe Marie Emile Enoff
- Archives départementales de la Moselle
- "Corny sur Moselle, son histoire", p. 40 de M.J. Marchal,
ed. Mairie de Corny (voir annexe 1).
Annexe 1
Dans "Corny-sur-Moselle, son histoire" de Mme Marie-José
Marchal, on peut lire : (p. 40)
ROLLIN Louis Adolphe
o Corny 17 8 1836, de Jean Nicolas et de Madeleine Sophie
de LA CONDAMINE. Il quitta son pays natal et s'établit à
la Guadeloupe où il acquit une grande popularité; surtout
parmi les gens de couleur où il comptait de nombreux et
dévoués amis. Maire de la commune des Vieux-Habitants
depuis 1865, élu conseiller général du canton de la
Pointe-Noire en 1866, réélu en 1868. Il fut un des plus
ardents promoteurs de l'application du suffrage universel
aux colonies. Il fut élu conseiller général du canton de
la Basse-Terre. En 1871, à l'Assemblée nationale, ROLLIN
siégea à l'extrême gauche".
Annexe 2
LISTE DES MAIRES DES VIEUX-HABITANTS (1840-1995)
Maires nommés par le gouverneur :
1° sans élection municipale
2° ou choisis parmi les conseillers élus
Page suivante
Retour au sommaire
Révision 22/01/2005