G.H.C. Bulletin 93 : Mai 1997 Page 1961
COOPÉRATION
de Georges de Sainte-Marie : La famille d'AGNEAU DOUVILLE
(p.1910 à 1912)
1. Il s'agit bien d'une très ancienne famille : on la fait
remonter à Herbert d'AGNEAUX (Herbertus de Agnis) qui
possédait autour de 1056, outre sa baronnie d'AGNEAUX, les
fiefs de LOUCELLES, PUTOT et SAINTE-CROIX en Calvados. Il
en avait été dépossédé par le duc de Normandie, Guillaume
le Bâtard, pour s'être joint à la révolte des barons menée
par Guy de BRIONNE en 1047. Mais ses terres lui furent
rendues par le duc Guillaume qu'il accompagna en 1066 dans
la conquête de l'Angleterre.
2. La souche de la famille, le fief d'Agneaux, n'est pas
dans le Calvados, mais dans la Manche, à la périphérie de
Saint-Lo. Elle devint une puissante baronnie qui, dès le
XIIIème siècle possédait plus de quarante fiefs nobles en
Manche et dans le Calvados. Outre les trois d'origine, lui
appartenaient, entre autres, Deux-Jumeaux, Saint-Coulest,
Ardennes, Holme, Carneville, Fermigny, Rouvray, Rainville,
La Chaise...
3. La filiation directe est établie dès le début du XIIème
siècle à partir de Ludger d'AGNEAUX, vivant en 1210, qui
avait épousé Cunégonde de BEAUMONT. La branche aînée
s'éteignit avec Frédéric, baron d'AIGNEAUX, né en 1782. La
branche cadette résulte d'une ramification du milieu du
XVIIème siècle, à partir d'Isaac François d'AIGNEAUX. Elle
se poursuivit jusqu'au XXème siècle. J'en ignore la
situation actuelle. Il serait facile de la trouver.
La branche aînée ayant embrassé la RPR (Religion Prétendue
Réformée) en 1618, ce fut la branche cadette qui fut
érigée en marquisat par Louis XV.
4. Dans les anciens chartriers, puis pendant l'Ancien
Régime, le nom s'est écrit AGNUS, AGNIS, AGNELLIS,
d'AIGNAUS, d'AIGNEALS, enfin d'AGNEAUX, et d'AIGNEAUX,
jamais "DAGNEAU". Quant à "DOUVILLE" ou "d'OUVILLE", il ne
figure pas dans les fiefs connus de la famille. En
revanche, il existe aujourd'hui une "OUVILLE LA BIEN
TOURNÉE" à 25 km au sud-est de Caen.
5. Dès le début du XVème siècle, la maison d'AIGNEAUX
n'était plus propriétaire du fief lui-même. Au milieu du
siècle, il appartenait à Richard d'ESQUAI, chevalier
seigneur d'AGNEAUX et de CANCHI (Canchy se trouve à 25 km
ouest-nord-ouest de Bayeux, tout proche des Deux Jumeaux).
En 1460, ces deux fiefs revinrent à Raoul de SAINTE-MARIE,
écuyer seigneur de Saint ANDRIEU près de BRÉOUZE (diocèse
de Sées) par son mariage avec Girette d'ESQUAI, fille de
Richard.
6. Ces SAINTE-MARIE, de noblesse aussi ancienne que les
d'AGNEAUX (on les fait remonter à Guy de SAINTE-MARIE qui
vivait à la fin du Xème siècle) paraissent avoir pris
naissance à Sainte-Marie-l'Outre-l'Eau (à 20 km au nord-
ouest de Vire) dans le Calvados.
Depuis 1460, cette branche porte le nom de "SAINTE-
MARIE d'AGNEAUX". Elle existe toujours.
Pour en revenir au sieur Michel DAGNEAU-DOUVILLE, j'ai des
doutes...
a) Au mieux, il s'agit d'un cadet d'une branche cadette
des d'AIGNEAUX qui a ajouté à son nom celui d'une terre
d'Ouville. Mais, ce n'est pas du tout de ce côté qu'il est
né. Ouville-la-bien-tournée est à plus de cent km des
Deux-Jumeaux.
b) Au pire, ce fut un monsieur DAGNEAU qui...
Le plus simple serait encore de raccrocher ce "Michel
d'AIGNEAUX" à des ancêtres en France.
NDLR Nous avons déjà trouvé le cas de branches de familles
nobles établies aux Antilles, au XVIIe siècle en parti-
culier, et qui sont ignorées des généalogies métropo-
litaines qui ne s'intéressent souvent qu'aux branches
aînées et restées en France... Il faudrait voir aux
archives du Calvados si on retrouve le baptême, le 14
janvier 1666 à Deux Jumeaux de Michel d'AIGNEAUX, fils de
Robert et Jacqueline MAYNE.
de Léo Elisabeth : LANGLOIS de CHANCY - TOUSSAINT
LOUVERTURE (p. 1947)
Pour apporter un commencement de réponse à Pierre Bardin,
en ce qui concerne le nom d'Haïti, je signale la phrase
suivante, tirée de la lettre écrite en février 1494 par le
docteur CHANCA, qui a participé au second voyage de
Christophe Colomb (in "Christophe Colomb, la découverte de
l'Amérique, tome II, Relations de voyage 1493-1504. La
Découverte, 1989, p. 64, traduit par S. Estorach et M.
Lequenne) : "Hispaniola (...) Comme cette île est grande,
elle a un nom par province et cette partie où d'abord nous
avons abordé est appelée Hayti, puis l'autre et plus
prochaine s'appelle Xamana et la suivante Bohio".
Il faut donc chercher dans les sources espagnoles.
de Marcel Chatillon : La famille et la descendance de
TOUSSAINT-L'OUVERTURE (pp. 1874-1875)
Voici un extrait paru dans un journal d'Agen en novembre
1814 :
"On lit dans le Journal de Lot-et-Garonne du 2 novembre :
Le Times contient une lettre de Toussaint-Louverture fils
à sa mère, qu'il a appris être encore vivante en France.
Cette lettre est datée de Chilchester (sic), chez M.
Hobbs. M. Hobbs a servi de second père à ce jeune homme
qui, ignorant le lieu de la résidence de Mad. Toussaint,
emploie la voie des papiers publics pour la découvrir.
Toussaint fils se plaint de ce qu'ayant fait connoître
qu'il étoit en Angleterre au roi Christophe, ce souverain
n'avoit pas daigné l'honorer d'une réponse.
La famille Toussaint nous invite à publier qu'elle fait sa
résidence dans la ville d'Agen. Elle est composée de Mad.
la veuve Toussaint, de ses deux fils, qui ont été élevés à
Paris et de la nièce de son mari, mariée au plus jeune de
ses fils. Il y avoit deux autres frères : l'un d'eux est
mort à Agen; l'autre resta fortuitement à St-Domingue à
l'époque où sa famille fut enlevée de cette île par
trahison; il pouvoit être alors âgé de 27 ans. On présume
que c'est lui qui se trouve maintenant en Angleterre."
J'avais montré cette note à M. Boromé, spécialiste de
TOUSSAINT LOUVERTURE, qui m'a écrit : "A propos de
l'article du journal du Lot et Garonne, j'ai trouvé la
lettre de Chichester citée dans le Times de Londres du 5
octobre 1814 et la réponse à Toussaint Louverture dans le
Times du 15 novembre 1814. Il était logé chez un Mr HOGG,
négociant en grains. S'agit-il d'un enfant légitime de
Toussaint Louverture ? La question reste entière.
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Révision 20/01/2005