G.H.C. Bulletin 88 : Décembre 1996 Page 1826
Une lignée d'enfants naturels Sylvain Poujol
Quatre générations d'enfants illégitimes, c'est impen-
sable en France ! Par contre, ce n'est pas exceptionnel en
Martinique au XIXème siècle. L'esclavage et une certaine
liberté de moeurs ont facilité les liaisons hors mariage,
et donc la naissance d'enfants naturels. En voici une
illustration.
Constance vivait au Cul-de-Sac du Robert dans la
seconde partie du XVIIIème siècle. C'était une mulâtresse,
c'est-à-dire descendante d'un blanc et d'une noire.
N'ayant pas de nom de famille, elle était sans aucun doute
née illégitime. Elle n'est pas soumise à l'esclavage, mais
libre, soit après affranchissement, soit par sa naissance,
sa mère ayant été libérée par son géniteur.
Il y avait alors au Robert deux registres : l'un
réservé aux blancs, l'autre pour les "personnes libres",
c'est-à-dire, les gens de couleur, et aucun pour les
esclaves.
Constance eut une fille, née au Robert en mars 1791,
et ondoyée en août 1793. C'est indiqué dans son acte de
baptême du 9 février 1795. Dénommée Marie-Aimée, l'enfant
est déclarée "mestive", c'est-à-dire issue d'un blanc et
d'une mulâtresse, fille naturelle de Constance; elle est
libre comme sa mère.
Marie-Aimée est parrainée par du beau monde : Jean-
Philippe Athanase Marie POTHUAU DESGATIèRES, son parrain,
est le marguillier de la paroisse Sainte-Rose du Robert;
la marraine, Élisabeth Aimée RENCARD BELAIR, est l'épouse
de Charles SIMONET, marguillier honoraire, ce qui laisse à
penser que le père n'était pas n'importe qui !
Nous retrouvons Marie Aimée, en 1817, dans les regis-
tres de Fort-Royal (devenu depuis Fort-de-France) : le
jeudi 17 juillet, elle déclare la naissance "d'un enfant
de sexe féminin, né d'elle le 4 may, à laquelle elle donne
les prénoms d'Anne Marie"; elle est domiciliée "sur
l'habitation de M. ALINGRIN, quartier de Fort-Royal".
En 1820, Anne Marie décède "en la maison de sa mère à
l'habitation de M. ALINGRIN (il s'agit d'un magistrat,
veuf depuis 1816 et décédé en 1824). En 1822, Marie Aimée,
métive libre par jugement du Tribunal de 1ère instance de
Fort-Royal, daté du 13 février 1816, reconnaît pour sa
fille, Andrine Victoire. Enfin, le 16 mars naîtra Auguste.
Ces enfants sont dénommés quarterons, terme employé en
Martinique pour désigner les enfants d'une métive et d'un
blanc.
Nous connaissons la descendance d'Andrine Victoire,
MARIE AIMÉE pour l'état civil, mais "dite en famille"
Alingrin : elle a un fils le 5 décembre 1859, à Fort-de-
France. Il sera déclaré par sa mère, qui le reconnaît pour
son fils en l'appelant Louis François Henri.
Andrine Victoire avait eu une fille en 1853; elle fut
reconnue par son père, Arthur LEMERLE, greffier au
Tribunal, dans son testament du 12 juillet 1866 auprès de
Me. Godissart.
Par contre, Louis François Henri ne sera pas reconnu
et il portera le nom de MARIE AIMÉE. C'est ainsi que sa
thèse de médecine a été classée sous ce nom, Alingrin
étant considéré comme prénom.
Cette lignée d'enfants naturels sur 4 générations
s'arrêtera là, car il se marie en 1885 sans avoir procréé
(du moins à notre connaissance) et il aura des enfants
légitimes.
A 52 ans, il obtient par décret du Président de la
République le changement de son nom pour celui d'ALINGRIN.
Sources
Dépôt des Papiers publics des colonies au Centre des
Archives d'Outre-Mer.
État civil de Fort-de-France.
RÉPONSES
90-91 MOUSSON (Guadeloupe, 19°-20°)
Pour ma part, je sais que Pierre Hypolite MOUSSON (mon
grand père) né à Pointe Noire le 1/04/1858 avait pour père
et mère Alexandre Delogie MOUSSON et Marie Angélique Oriza
ou Louisa CAPDEVILLE. Ses grand-parents paternels : Jean
Baptiste MOUSSON et Marie Jeanne DERENNE ou de RENNE;
grand-parents maternels : Saint Léon CAPDEVILLE et Marie
Charlotte ROLAND. Eléonore Arthémise MOUSSON née 4/10/1818
était la soeur aînée d'Alexandre Delogie MOUSSON né le
3/06/1820. PAGÉSY a une place dans mon arbre, mais au
court de mes recherches, je n'ai rien trouvé au sujet de
Nancine ou Joseph Gabriel PAGÉSY. Les MOUSSON, CAPDEVILLE
et PAGÉSY intéressant Jean Bonnet ne son sûrement pas les
mêmes que miens, les dates ne correspondent pas. L. Roger
95-135 LANSOGE, (Martinique 19°)
La version de ma grand-mère est qu'il y avait trop de
"SOLANGE" à St-Pierre, d'où l'anagramme. M.P. Meslé
96-124 d'ARCY de LA VARENNE (Martinique)
Les seuls autres renseignements que j'ai concernant Marie
Rossoline d'ARCY de LA VARENNE sont, d'une part, que sa
mère est Claudine Thérèse de VILLENEUVE de VENCE et,
d'autre part, qu'elle a épousé le 21 juillet 1747 Claude
Mathieu de DAMAS. S. de Vilmorin
NDLR Nous vous signalons que Claude Charles vicomte de
DAMAS de MARCILLAC fut gouverneur de la Martinique de 1783
au 12 mars 1789 puis en 1790.
96-125 de SALIGNAC de LA MOTHE FÉNELON (Martinique, 18°)
Pour répondre à la question en NDLR, voici ce que je sais.
Marie Jeanne Laure de SALIGNAC (o St-Pierre ca 1781 +
Paris 6e 21 12 1860) était fille de Gabriel et de Marie
Agathe BOISFERMÉ. Elle épousa (où et quand ?) Durand
Etienne François Victor de VERDONNET (o Vic le Comte, 63,
8 9 1779), fils de Paul et J. de COUTAUREL de ROUZAT.
S. de Vilmorin
96-125 de SALIGNAC de LA MOTHE FÉNELON (Martinique, 18°)
Jacques de Cauna nous envoie des éléments d'ascendance
SALIGNAC ou SALAIGNAC, en Dordogne, remontant au XVe
siècle, que nous envoyons directement au questionneur.
Il signale également, à St-Domingue, mais sans rapport
apparent avec la famille recherchée :
- habitation caféière SALAGNAC (appartenant au XVIIIe
siècle à Jean-Pierre SALAIGNAC), sur le plateau du
Rochelois; cf. article in Conjonction 172, 1987)
- Jean-Baptiste SALAIGNAC, employé de l'administration à
St-Domingue (1773-1785), natif de Tarbes (Colonies E364).
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Révision 28/12/2004