G.H.C. Bulletin 87 : Novembre 1996 Page 1780

César Dominique DUNY

repousse leur assaut "après 26 jours de tir sur  la  ville
avec des boulets rouges. Son patriotisme va  plus  loin  :
avec  60  matelots  français,  il  surprend  la   corvette
anglaise le "Surinam". Telle est du moins la  version  que
G. Bruley donne de cet épisode mouvementé de  la  carrière
de DUNY. S'en trouvera-t-il un jour confirmation dans  les
archives françaises, néerlandaises ou britanniques ?           
     Cependant, DUNY "abandonné à son  initiative  indivi-
duelle, sans communications avec le gouvernement français, 
voit ses fonctions de consul lui devenir  inutiles,  (...)
tant le gouvernement  hollandais  a  conservé  de  rancune
contre la propagande révolutionnaire tentée jadis par  les
agents du Directoire. A bout de ressources, sans nouvelles 
et devant se croire oublié, DUNY finit par  (...)  rentrer
en France".                                                    
                                                               
     Sur sa nomination  comme  consul  à  Curaçao,  Carmen
Vasquez, dans sa préface, déclare n'avoir rien trouvé dans 
les archives du  Ministère  des  affaires  étrangères.  En
revanche, "des recherches effectuées dans les archives  de
la famille BRULEY de VARANNES indiquent que DUNY  fut,  en
effet, envoyé à Curaçao où il séjourna quelque  temps.  La
lettre du 6 thermidor An XI (25 juillet 1803) constate  sa
nomination sinon en tant que consul, au moins  en  qualité
d'agent représentant les intérêts français dans la colonie 
hollandaise.                                                   
Ce fut le préfet colonial LESCALLIER  qui  lui  communiqua
cette nomination venue directement de Bonaparte, encore  à
l'époque Premier Consul".                                      
                                                               
     A peu près ruiné, DUNY prend le parti de revenir à la     
Guadeloupe 
où  il  arrive  avant   le   1er   août   1808.   Il   vit
mal, à partir de 1810, le retour de l'occupant britannique 
et de ses amis "bourbomanes, anglomanes" dont  il  se  dit
"la bête noire". Le 18 août 1812, il donne "deux coups  de
pistolet à un sot, effréné bourbomane de  la  paroisse  du
Moule, nommé Alexandre LA CLÉMENDIèRE". Quatre jours  plus
tard, en duel, il "envoie  avec  passeport  chez  Pluton",
selon  sa  propre  expression,  "un  mauvais  sujet  (...)
l'espion  CHRISTLICH",  l'un  des  quatre  Français   "qui
avaient quitté la colonie pour appeler les Anglais".  Mais
les témoins et amis de CHRISTLICH, qui sont aussi les amis 
du  préfet  colonial  d'alors,  DUBUC   de   SAINT-OLYMPE,
déclarent que la victime est décédée de mort naturelle, si 
bien que DUNY, qui est "officier de l'état-civil pour (se) 
soustraire à la milice anglaise", s'en tire avec une  mise
sous surveillance.                                             
     Il apparaît qu'il est alors propriétaire d'une  habi-
tation sucrière au quartier du Petit-Canal,  non  loin  de
celle de madame LAPALUN.                                       
                                                               
     En juin 1815, DUNY est "en mission à Porto Rico où il 
avait  obtenu du gouverneur,  en dépit des  lois  prohibi- 
tives,   l'autorisation  d'exporter  4.000  boeufs,  4.000
moutons et  beaucoup  d'autres  produits  locaux.  C'était
pour lui une opération de 1.200.000 francs". Le  transport
devait se faire sous pavillon blanc. Or, en arrivant à  la
Guadeloupe, "DUNY vit flotter le pavillon  tricolore"  que
l'adjudant général BOYER avait fait arborer le 18 juin,  à
l'annonce du retour de l'île d'Elbe, ce  qui  provoqua  le
retour des Anglais le 8 août suivant.  L'histoire  ne  dit
pas ce qu'il advint des bestiaux achetés par DUNY.             

     Pour avoir protesté contre "les vexations, les persé- 
cutions et les injustices commises par les Anglais",  DUNY 
est emprisonné puis expulsé aux États-Unis d'où il gagne 
la France, qu'il atteint en juin 1816. Apparemment 
"converti aux principes monarchiques",  il écrit  alors  : 
"La longue existence d'un roi instruit,  vertueux et  sage 
peut seule consolider la paix et la tranquillité d ans  le 
royaume".                                                  
                                                           
     A  une date qui n'est pas précisée,  la mort  de  son 
fondé de pouvoir oblige DUNY à revenir à la Guadeloupe. 

     Après  avoir  rétabli une situation  financière  très 
compromise,  il décide de vendre son  habitation  dont  on 
nous dit "qu'il pouvait espérer arriver prochainement à un 
revenu annuel de 100.000 francs". Malheureusement, à peine 
rentré à Paris (décembre 1821), DUNY "apprend qu'un navire
chargé  par lui de sucre à son départ de la  Guadeloupe  a 
sombré ...  et  que  plusieurs  sinistres  financiers  ont 
englobé la majeure partie de ses capitaux".                
     Il place alors "les débris de sa fortune en un  fonds 
de  terre  bien  situé",  à  Camarsac,  a ux  environs  de 
Bordeaux,  dans  la propriété de  la  Mazère,  aussi  dite 
Bellevue,  soit 50 hectares de terres labourables,  vignes 
et bois, sur lesquelles il se fixe en 1827. En 1830, il se 
félicite  de "l'établissement d'une royauté  tempérée  par 
l'intervention nationale".                                 
     Le 15 février 1834, il meurt chez le curé de Caumont- 
sur-Garonne (Tarn-&-Garonne) "dans une visite qu'il  était 
venu  faire à cet ancien compagnon d'infortune"  qui  "lui 
ferma  les  eux après l'avoir réconcilié avec  Dieu  qu'il 
avait été si souvent tenté de méconnaître".                

TROUVAILLES

                                                           
de Bernadette et Philippe Rossignol : A Rueil-Malmaison    
                                                           
     Ces  "trouvailles"  n'en sont probablement  pas  pour 
certains d'entre vous :  en faisant visiter la Malmaison à 
des  cousins belges,  nous y avons vu deux  portraits  qui 
concernent  les Antilles,  celui du général  LECLERC,  par 
François Joseph Kinson, pour le salon de 1804, sur fond de 
paysage de bataille de Saint-Domingue,  et celui de Lucien 
BONAPARTE,  "attribué à Lefebvre" d'après la cartouche  du 
tableau,  mais du peintre guadeloupéen Guillaume  GUILLON- 
LETHIERE, d'après la liste, récente, des objets du salon.  
Puis,  dans le choeur de l'église  Saint-Pierre-Saint-Paul 
de  Rueil-Malmaison,  le très beau tombeau  de  Joséphine, 
bien sûr,  mais aussi celui de sa fille Hortense et  celui 
de son oncle Robert Marguerite TASCHER de LA PAGERIE. Cela 
nous  permet  de corriger des  informations  données  dans 
notre  article  "Les TASCHER  de  LA PAGERIE,  famille  de 
l'Impératrice"  (GHC 54,  pp. 890 à 898),  sur la  foi  de 
diverses publications (pour les actes non antillais) :     
- Hortense,  reine de Hollande,  est bien morte en Suisse, 
mais ce serait le 5 et non le 3 octobre 1837.              
- Quant  à   Robert  Marguerite  TASCHER  de  LA  PAGERIE, 
qualifié à tort sur les panneaux explicatifs dans l'église 
de  "gouverneur de la Martinique",  nous ne  pouvions  pas 
trouver  son  décès à  Fort Saint-Pierre ni  au  Mouillage 
puisque  c'est à Paris qu'il est décédé  en  1806 !  C'est 
sur le désir de Joséphine qu'il fut inhumé à Rueil.        


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Révision 28/12/2004