G.H.C. Bulletin 86 : Octobre 1996 Page 1756

Joseph Patrice FOUCHARD et Hugues Frédéric Robert DUBOURG
Pierre Baudrier

          Le 6 février 1780 naquit à La Rochelle, paroisse 
Saint-Sauveur,  Joseph Patrice FOUCHARD,  de Patrice-Jean- 
Pascal et Marie-Magdelaine DIONEAU,  son épouse.  C'est le 
même, Hugues Frédéric Robert DUBOURG, natif du Cap, île de 
Saint-Domingue, qui fut élevé au grade de maréchal de camp 
par  Louis-Philippe en date du  2 octobre 1830.  C'est  le 
même !? Comment vous l'expliquer ? C'est malaisé, d'autant 
que le dossier des Archives de la Guerre est volumineux. 
Mais c'est à vrai dire pour cette raison qu'il contient un 
rapport du maire de Rennes, du 14 novembre 1825,  qui fait 
l'essentiel de notre travail. Voici donc ce rapport : 

   Le Maire de Rennes Chev. de la Légion d'honneur etc.
       à Monsieur le Préfet d'Ille & Vilaine

       Monsieur le Comte,
     J'ai l'honneur de vous adresser les renseignemens que 
désire S. Ex. le Ministre de la Guerre et que  j'ai   fait
prendre avec le plus grand  soin,  sur  le  compte  du  S.
Dubourg Colonel d'Infanterie entré au Service sous le  nom
de Fouchard.
     Le 3 février 1777 un Sr Patrice Jean Pascal  FOUCHARD
DUBOURG, maître d'écriture, natif  de  la  paroisse  Saint
Nicolas du Mans, épousa à la paroisse  St  Sauveur  de  La
Rochelle, Dle Marie Magdeleine Dioneau. Le 6 février 1780, 
ils eurent un fils à La  Rochelle,  paroisse  St  Sauveur,
nommé Joseph Patrice.  Depuis  lors  ils  vinrent  habiter
Rennes où ils ne  sont  morts  que  depuis  peu  d'années,
savoir le père, le 30 déc 1820 et la mère le 15 9bre 1822. 
Leurs actes de décès donnent au premier les noms réunis de 
Fouchard Dubourg, ils moururent pauvres et, disait-on,  de
chagrin. On savait qu'ils avaient un fils qui,  d'aspirant
de Marine, était devenu Colonel de la Légion de la  Loire.
On assure  qu'ils  lui  écrivirent  plusieurs  fois,  pour
obtenir de lui des secours et qu'ils n'en reçurent  aucune
réponse. On l'avait vu à Rennes lorsqu'il n'était qu'aspi- 
rant; on ne l'avait pas revu depuis.
    On est très porté à croire que c'est le même  officier
supérieur que celui qui fait l'objet de la lettre ministé- 
rielle, d'autant plus que rien n'annonce qu'il ait  existé
à Rennes d'autre Marie Magdeleine Dioneau que  celle  dont
je viens de parler, ni de  Jean  Patrice  Robert  Dubourg,
ancien propriétaire à St Domingue; on n'a connu  en  cette
ville que Patrice Jean Pascal Fouchard-Dubourg,  époux  de
la dénommée ci-dessus et père de Joseph Patrice.  Il  faut
observer que  Patrice  Jean  Pascal,  dans  les  actes  de
naissance et de décès de plusieurs enfants qu'il a eus  et
perdus à Rennes, ne leur donnait que le nom  de  Fouchard,
ce qui prouve que Dubourg n'était qu'un  surnom;  mais  ce
second nom, il le tenait de son père et il le portait  lui
même, ainsi que le constatent son acte de décès  et  celui
de  sa  femme  déjà  cités.  Enfin  une  demoiselle  Julie
Fouchard, leur fille, est partie  de  Rennes  pour  Paris,
vers la fin de juin dernier; elle  doit  demeurer  rue  St
Denis et les personnes qui la connaissent sont  persuadées
qu'elle  a  dans  la  capitale  ce  même  frère   officier
supérieur, dont leurs père et mère communs se  plaignaient
de ne pas recevoir de nouvelles.
   Je suis &
              Pr le maire absent, le 1er adjoint
                  signé Rapatel

     Que dire d'autre ? Le dossier énumère  une  liste  de
vaisseaux sur lesquels Joseph Patrice avait servi. On  lit
que, lieutenant de vaisseau, il aurait été destitué  le  3
octobre 1810. En 1812, alors qu'il  était  prisonnier  des
Russes, Joseph  Patrice  avait  proposé  au  feld-maréchal
Koutouzov la levée  d'un  corps  de  prisonniers  français
prêts à se battre  contre  "le  tyran"  Napoléon.  Il  fut
libéré à la fin de la  guerre  et  son  laissez-passer  en
russe et en allemand figure au dossier. En bonne  logique,
il accompagna le roi Louis XVIII  à  Gand.  Il  fut  nommé
colonel le 11 9bre 1818 et eut droit à  un  traitement  de
réforme de 1.200 francs par  décision  royale  du  10  mai
1820. Le 21 octobre 1843, il épousa  à  Fontenay-aux-Roses
(Seine) Rose Marguerithe RATHE, née le 6 novembre  1808  à
Frécocourt (Meurthe). Il  n'avait  ni  sollicité  ni  donc
obtenu d'autorisation. Joseph Patrice avait été mis  à  la
retraite par arrêté du 30 mai 1848.  Il  mourut  à  Paris,
8ème, le 17 février 1851. Il avait eu  un  fils,  Georges,
qui écrit en date du 15  décembre  1852  alors  qu'il  est
hussard au 2ème régiment, 2ème  escadron,  en  garnison  à
Carcassonne.   
    A cinquante mètres de là, aux Archives de  la  Marine,
le feuilleton  e  poursuit  dans  le  dossier  de  Joseph-
Frédéric FOUCHARD-DUBOURG,  lieutenant  de  vaisseau.  Sur
deux centimètres d'épaisseur, Joseph  Patrice  prend  tous
les noms et prénoms que nous lui connaissons. De plus,  il
peut signer Cte duBourg, Defouchard, fourchardduBourg, Jh. 
fouchardDubourg, etc.  Sa  mère  est  à  l'occasion  Marie
Madeleine d'IONNEAU-de-MONTTÉON.
    Il a commencé à naviguer dans la marine de commerce  à
Lorient, le 5 avril 1791,  sur  "La  Sensible",  capitaine
chevalier Fouchard de Bourg. Il  était  volontaire  et  le
voyage se termine à Lorient le 8 novembre  1793.  Le  même
capitaine le garde comme second lieutenant sur la goélette 
"L'Aventure" partant de Morlaix le 4 germinal an 2 pour  y
revenir le 28 vendémiaire an  3.  Peut-être  le  chevalier
Fouchard de Bourg ne faisait-il qu'un, quoique sans malice 
de sa part, avec l'oncle de Joseph Patrice qui écrivait de 
Rennes au ministère de la Marine, en date du 8  mai  1812,
pour obtenir des nouvelles de son neveu. L'une des lettres 
de Joseph Patrice lui-même évoque  son  retour  de  Saint-
Domingue. Pourquoi n'y serait-il pas allé, comme son  père
et son oncle d'ailleurs, mais sur quel navire de  commerce
ou de guerre ? Il  faudrait  étudier  les  trajets  de  la
vingtaine de navires  cités  dans  le  dossier  pour  s'en
assurer. Toujours est-il que Joseph Patrice fut  rayé  des
listes de la marine par décret du 28 mars 1805 et  rétabli
dans son grade et rang le 11 juillet. Il était à  Brest  à
l'époque et  avait  tué  en  duel  le  Sr  HOULLE,  ancien
officier de marine, d'après les dires rapportés de Houlle. 
Ailleurs, on lit "HOULÉ,  garçon  chapelier  et  orfèvre".
Auparavant Joseph Patrice avait déjà tué en duel à  Toulon
un officier d'artillerie de la marine.
     Joseph Patrice sera à nouveau destitué par décret  du
3 octobre 1810 alors qu'il aurait été  adjudant  supérieur
de la flotte de l'Escaut, à Anvers. C'est un certificat de 
1816 qui lui attribue ce grade et le disculpe  de  l'accu-
sation de contrebande.  L'année  1816,  il  est  vrai,  se
prêtait spécialement à  une  disculpation  pour  faits  de
1810. Des motifs de destitution variés sont invoqués  dans
le dossier mais  notre  homme  sait  rédiger  et  pour  se


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