G.H.C. Bulletin 85 : Septembre 1996 Page 1714

De VAN SUSTEREN et quelques autres huguenots guadeloupéens
Bertrand Van Ruymbeke, Bernadette et Philippe Rossignol

   Voici les informations reçues de Bertrand Van Ruymbeke, 
que nous avions rencontré au colloque de Poitiers  et  qui
enseigne maintenant à Charleston :

"John VANSUSTEREN, marchand, est en Caroline en 1691 :  il
vend "my negro Sambo" pour 22 livres sterling.
Il décède en novembre 1693, entre le 2 (rédaction  de  son
testament) et le 30 du mois (inventaire de ses  biens  par
le huguenot Pierre LASALLE).
Il est marié à une certaine Perena (Pryna, Piene)  RUBBENS
(RUBINS, RUBENS), qui est à la Barbade lors  du  décès  de
Vansusteren.
Il a deux filles mineures (moins de  21  ans)  en  1693  :
Alice (Aleta) et Elisabeth.
Dans son testament,  il nomme son épouse exécutrice testa- 
mentaire; absente, elle est remplacée par Pierre Lasalle.
Je souhaiterais savoir si on a trace de lui  aux  Antilles
françaises." 

     Nous avons donc rassemblé  ce  que  nous  avions  sur
cette  famille  de  Guadeloupe  et  fait  quelques  autres
recherches. Nous en livrons ici le résultat, dans l'espoir 
que d'autres trouveront  d'autres  pièces  du  puzzle,  en
Hollande, Allemagne, îles hollandaises, Surinam, etc.

   Signalons qu'on trouve les graphies les plus diverses : 
Vansusteren ou Van Susteren,  Van  Susterien,  Vansustren,
Vansustre, Vansulstein,  Vanjustre,   Vanguste,  Vanjuste,
Vauxestren... 
 
     Le 5 août 1685,  plusieurs  "brevets  de  naturalité"
sont délivrés, à Versailles, pour  des  étrangers  établis
aux îles.  Le  premier  est  transcrit  intégralement;  il
concerne "le nommé Laurens de  GRAFF,  natif  de  Dort  en
Hollande et  sa  femme,  Françoise  Pretuline  de  GUSMAN,
native de l'île de  Tenerif",  "établis  depuis  plusieurs
années  à  la  coste  St-Domingue".  Ce  brevet  leur  est
accordé, à charge pour eux "de  finir  leurs  jours  audit
pays ou autres de son  obéissance  et  de  n'estre  entre-
metteurs d'aucuns estrangers". 

  A la suite et à la même date viennent  plusieurs  autres
brevets, pour  des  individus  ou  des  familles,  qui  ne
donnent que les noms  et  prénoms,  lieu  d'origine,  lieu
d'établissement : St-Domingue, Ste-Croix,  la  Guadeloupe,
la Martinique et, parmi eux :
  - Alida MICHAN, natif (sic) de Hambourg, habitué (sic) à 
     la Guadeloupe,
  - Jean VANSULSTEIN, natif d'Eysberge en Allemagne,
  - Matias VANSULSTEIN, natif de la Terre ferme de  l'Amé-
     rique,
  - Henry VANSULSTEIN, natif de la partie anglaise de  St-
     Christophe;
  Nota : ces trois derniers en un seul brevet,  envoyé  au
     conseil souverain de la Guadeloupe.
(Colonies B/12, f° 193, 194)     

     En 1686, Jean VANSUSTEREN, hollandais,  fait  partie,
avec femme et enfants, des membres de la RPR enfuis de St- 
Christophe. (SOM, recensement G/1/498)

Le  4 mars 1687,  au  recensement  de  la  RPR  en  Guade-
loupe, on trouve le sieur Mathieu   VANSUSTREN,  marchand,
natif de la Terre Ferme de   l'Amérique, 27 ans, et  Isaac
RUBINS, natif  de    Flascingue  (sic),  22  ans,  avec  2
nègres.

  On trouve aussi le  sieur  Hubert  de  LOOUER,  sucrier,
capitaine de cavallerie,  âgé  de  50  ans;  Madlle  Aleda
MICHANS,  sa  femme,  50  ans;  Hubert  CNACK,   15   ans;
Christophle VALLÉE, 28 ans; 40  nègres,  17  négresses,  5
négrillones, 13 négrittes.
(SOM   G/1/469).

Le 23 11 1688,  à  Capesterre de  Guadeloupe,  se  marient 
  - le sieur Mathieu VAN SUSTEREN, marchand en  cette  île
     demeurant à la  Basse-Terre,  natif  de  Boronie  (ou
     Borome?), fils de feu le sieur Corneille VANSUSTEREN, 
     aussi marchand en cette  île,  et  demoiselle  Alette
     MICHEMY, épouse à présent du sieur de  LORMES,  capi-
     taine de cavalerie, et
  - la demoiselle Anne Elisabeth CLASSEN, native de  cette
     île, fille de feu sieur Nicolas  CLASSEN,  lieutenant
     colonel d'infanterie au Brésil et depuis habitant  de
     cette paroisse, et demoiselle Agnès GANSPOEL.

Le 12 mai 1697,  Mrs  d'AMBLIMONT  et  ROBERT  (gouverneur
et intendant) écrivent au ministre qu'ils ont promis au sr 
de LOOUER, "ancien habitant de  la  Guadeloupe,  qui  y  a
toujours vécu honorablement et avec  estime"  de  demander
des lettres de naturalité pour "deux petits-enfants de  sa
femme, créolles de ladite île Guadeloupe, nommés Hubert et 
Allette VAN SUSTEREN, fils de Jean et Henry  VAN  SUSTEREN
et de Perrine et Barbera RUBENS, leurs  pères  et  mères."
Ils espèrent que le roi accordera cette grâce  qui  "enga-
gera ces jeunes enfants à demeurer toujours  à  la  Guade-
loupe et à s'y faire habitants." 

  Mais, le 20 février de l'année suivante,  en  remerciant
des lettres de naturalité, le  gouverneur  et  l'intendant
ajoutent : "ledit sr de Loouer est mort il y a près de six 
semaines; c'était un  des  plus  riches  habitants  de  la
Guadeloupe." Les lettres avaient été expédiées  de  France
en septembre 1697. 
(Colonies C/8a/10 et B/18, f° 545 v°).

Le 1er mai 1709,  le  ministre  écrit  à  M. BÉGON  :  "Je
n'ai pas bien entendu le projet du Sr VAN SUSTERIEN (sic), 
habitant de la  Guadeloupe,  mais  dès  qu'il  se  propose
d'acheter une frégate en Zélande où elle sera chargée pour 
venir passer dans les rades de La Rochelle et de l'envoyer 
à l'Amérique, je puis vous dire que le Roi ne le permettra 
point et que le Conseil  de  commerce  s'est  opposé  avec
vivacité à de pareilles propositions qui ont  été  faites.
Il allègue avec fondement que ce sera un contrat de  vente
simulé et que les hollandais feront un commerce  aux  îles
sous le nom de cet habitant. D'ailleurs,  vous  savez  que
les colonies sont faites pour la consommation des  denrées
et marchandises du Royaume et non  pour  celles  des  pays
étrangers."    (Colonies B/31 f° 447 v°)


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