G.H.C. Bulletin 83 : Juin 1996 Page 1651

Loÿs L'HERMINIER, homme de plume énigmatique

"Les pa-ésseux, riposta-t-il, avec son accent martiniquais 
(sic) qui ne prononçait jamais les "r",  heu-eusement  que
je suis pa-ésseux !
Voyez-vous, chè ami, et -etenez bien ça  :  les  pa-ésseux,
chè ami, les pa-ésseux c'est la -ésè-ve de la France".
Il vécut et mourut dans la paresse".
    Est-ce sans doute là une conclusion abrupte de  Maurice
DREYFOUS ou une belle  chute  de  propos  pour  amuser  son
lecteur ? A moins  qu'il  n'ait  retenu  de  son  compagnon
qu'une image de leur lointaine jeunesse ?
     Car, le moins  que  l'on  puisse  dire  est  que  Loÿs
L'HERMINIER fut un paresseux qui avait  l'esprit  d'initia-
tive.  Il  fut  le   créateur   et   rédacteur-en-chef   du
"Portefeuille", revue diplomatique dont le  premier  numéro
parut le 30 mars 1846, et  le  journaliste   Edmond  TEXIER
"rédacteur principal". Ce journal publia un entrefilet  sur
le Salon de 1846 de Baudelaire.  On  a  conjecturé  sur  la
paternité de cet  article  :  était-il  de  L'HERMINIER  ou
d'Edmond  TEXIER,  qui  se  faisait  alors  appeler  TEXIER
d'ARNOUT (ARNOULT, du nom de sa mère) (7).

     Avec Loÿs L'HERMINIER,  nous  nous  trouvons  en  face
d'une  même  énigme,  tout  comme  pour  Alexandre   PRIVAT
d'ANGLEMONT : des écrivains qui demeurent incognito,  comme
s'ils n'avaient pas entendu  ce  précepte  de  Théodore  de
BANVILLE : "Il faut tout signer, même  la  feuille  que  le
vent emporte" (8).
     La disparition du "Portefeuille" sera signalée  le  13
juin 1847, par "La Silhouette".
 Qui saura jamais les traces laissées par Loÿs  L'HERMINIER 
dans les Lettres françaises du XIXème siècle ?

NOTES
(1) LEVALLOIS, Jules. Mémoires d'un critique, pp. 93-94.
(2) PICHOIS, Claude ; ZIÉGLER, Jean  (*),  chap.  XII-XIII,
note 54. Baudelaire
(3) Ne s'appelait pas encore Baudelaire tout court. Dufaye 
étant le nom de sa mère. L'orthographie varie.
(4) Op. cit., note 2, chapitre XV, p. 297.
(5) BANVILLE, Théodore de. Odes funambulesques, 1845-1859, 
p. 166 ; p. 350.
(6) Personnage récurrent  dans  l'oeuvre  de  Balzac.  Voir
"Beatrix", par  exemple.  Mon  intuition  me  dit  que  "La
Palférine" est aussi un peu A. Privat d'Anglemont...
(7) PICHOIS, Claude ; ZIÉGLER, Jean. Op. cit., note 2.
(8) Propos rapportés de mémoire.

(*) N.B. A ne pas confondre avec son homonyme suisse.

COOPÉRATION

de Xavier Tinchant : The de ROSSIGNOL des DUNES Family
(p. 1617)

Il  n'est  pas indiqué comment obtenir cet  ouvrage.  Cela 
est-il possible ?
NDLR En effet, nous avons omis de rappeler  que  l'annonce
de la souscription avait été faite dans  GHC  75,  octobre
1995, p. 1438. Ecrivez aux auteurs pour connaître le  prix
de vente actuel.


d'Henri de Frémont : LAFFITE (p. 1618)

     L'auteur écrit "III Jean LAFFITE : Son  identité  est
attestée par son acte de baptême de 1782 - le premier Jean
étant  sans doute décédé en bas-âge,  d'où le même  prénom
donné au garçon suivant, habitude du temps".
     C'est là réserver bien des surprises  aux  chercheurs
qui se fieraient à cette affirmation. En effet,  si un tel
fait peut arriver,  la règle -  très  largement  respectée
jadis  et  quasi  constante  -  voulait  que  les  garçons
portassent le prénom de leur parrain et les  filles  celui
de  leur marraine. Il  suffisait  donc  d'appeler à  cette
fonction -toujours selon la règle de ce temps -  le grand-
père et un oncle, tous deux  prénommés  Jean,  pour  avoir
deux Jean, dont aucun n'était pour autant condamné à mort. 
J'ai rencontré souvent des frères  de  même  prénom,  bien
vivants ensemble, pères de deux familles parallèles  (à ne 
pas  confondre  hâtivement  avec  un  seul  père  veuf  et
remarié,   ce  qui  amènerait  des  catastrophes  généalo-
giques !) : j'ai vu jusqu'à quatre Jean  frères  vivants.
Par contre j'ai  rarement rencontré  d'enfant  à  qui  ses
parents aient donné le même prénom qu'à  son  prédécesseur
décédé (sauf si le parrain portait ce même prénom).
     Au baptême de 1782, il y  a  fort  à  parier  que  le
parrain se nommait Jean...  

RECTIFICATION

d'Henri de Frémont :  "Notes" sur les CRASSOUS de MÉDEUIL 
(p. 1616)

(6) P.F.R.  DESSALLES, "Historique des troubles survenus à 
la  Martinique  pendant  la  Révolution"   :   La  Société 
d'Histoire de la Martinique a bien voulu, en 1982, apposer 
son  nom  au pied de la couverture de cet ouvrage  (et  je 
l'en  ai  remerciée) afin de donner à celui-ci  une touche 
d'authenticité  et,  ainsi,  aider un éditeur  encore  peu 
connu à la Martinique à cette époque : moi-même. Elle n'en 
est  pas  pour autant l'éditeur :  il suffit  d'ouvrir  le 
livre pour constater  (pages non paginées du début)  qu'il 
est "présenté" par mes soins,  puisque je  suis  l'éditeur 
détenteur du "copyright"  (en apparence conjointement avec 
la S ociété,  mais  bien  seul  en  réalité).  Si  quelque 
acquéreur était tenté,  ce n'est qu'auprès de moi qu'il en 
pourrait obtenir... tant qu'il m'en reste !

PUBLICATION

                 En créole dans le texte

          Ecrits du XVIIe au début du XXe siècle
 catalogue de l'exposition réalisée par
 Marcel Chatillon
              Martinique et Guadeloupe 1996
          (Bureau du Patrimoine de Martinique 
       et Musée Saint-John Perse de Pointe-à-Pitre)

Liste des 55 documents présentés (et nombreux fac-similés) 
qui montrent "qu'il existe bien plus de textes qu'on ne le 
pensait"; le premier exemple de la langue créole est donné 
par le père Pelleprat S.J., en 1653 et... en latin !


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Révision 28/12/2004