G.H.C. Bulletin 81 : Avril 1996 Page 1600

L'abolition aux Antilles
Guy Stéhlé

     Le 27 Avril 1848 est la date théorique de l'abolition
de l'esclavage. Dans les Iles et à  la  Guyane,  les dates
réelles d'émancipation furent un peu plus tardives.
Concrètement, les premiers esclaves à devenir de "nouveaux 
citoyens" furent les Martiniquais et les Guadeloupéens.

     Arago avait bien  précisé  qu'il  fallait  éviter  de
devancer les décisions du pouvoir (pas de libération avant 
la fin de la récolte de la canne) et rappelé la  nécessité
de maintenir l'ordre. Ceci était plus  facile  à  dire  de
Paris qu'à réaliser sur le terrain !
     Dès le 27 mars, la presse martiniquaise reproduit une 
lettre de PERRINON apprenant  à  tous  que  "ce  sont  des
citoyens nouveaux que la République va donner à la France" 
     La nouvelle se répand comme une traînée de poudre  et
la tension monte, aussi bien dans les campagnes  que  dans
les villes. Dès le 10 avril,  des  pétitions  circulent  à
Fort-de-France, St-Pierre, Case-Pilote et au Prêcheur.
     Le 17 mai, des grèves éclatent à  Case-Pilote  et  au
Robert. Les événements se précipitent dans  la  région  de
Saint-Pierre, les 22 et 23 mai 1848.

     Revenons sur les faits :
Les disputes entre Leo DUCHAMP, un propriétaire  blanc  de
la région de Saint-Pierre, et l'esclave ROMAIN seraient  à
l'origine du drame qui va suivre. ROMAIN contrevenant  aux
ordres de DUCHAMP joue du tambour  sans  autorisation.  Il
récidive le 19 mai.  Le  maire  de  Saint-Pierre  le  fait
arrêter le 22. Tout l'atelier suit et déclenche une émeute 
devant la prison. Vers 11 heures du matin, les ateliers du 
Prêcheur accourent, la nouvelle s'étant propagée grâce aux 
cornes de lambis. Il y a une  confrontation  sanglante  et
des blessés.
     A la stupéfaction  des  abolitionnistes,  les  blancs
créoles, par l'intermédiaire du Dr.  RUFZ   présentent  au
Conseil municipal  une  demande  d'émancipation  immédiate
pour assurer le retour au calme et la reprise du  travail.
L'ordre revient à Saint-Pierre.
Pendant ce temps, les passions se déchaînent au  Prêcheur,
le matelassier MICHEL est tué devant la maison de  SANOIS,
assiégée, puis  incendiée.  Trente-deux  occupants  blancs
sont brûlés vifs. De nombreux colons se réfugient sur  des
navires en rade de  Saint-Pierre.  Le  lendemain,  23  mai
1848, à la  demande  de  la  municipalité,  le  gouverneur
ROSTOLAND  proclame  un  décret  solennel  dont  les  deux
premiers articles stipulent :
"L'esclavage est aboli à partir de ce  jour  à  la  Marti-
nique; Le maintien de l'ordre public  est  confié  au  bon
esprit des anciens et des nouveaux citoyens français".
     Immédiatement la nouvelle est connue  en  Guadeloupe.
Le 26 mai la municipalité de  Pointe-à-Pitre  demande  aux
autorités de l'île de s'aligner sur la Martinique. Le  27,
à Basse-Terre, le gouverneur  LAYRLE  déclare  l'abolition
effective en Guadeloupe.
     Au mois d'août 1848, les premières  élections  légis-
latives ont lieu. BISSETTE, PORY PAPY et  SCHOELCHER  sont
élus en Martinique. Schoelcher est aussi élu en Guadeloupe 
avec PERRINON et DAIN (un blanc abolitionniste). Schoelcher 
cède sa  place  à  Louisy  MATHIEU,  suppléant,  permettant
ainsi  au  premier  noir,  ancien  esclave,  de  siéger   à
l'Assemblée Nationale. Tout un symbole !

NOUS AVONS REÇU

d'Hervé Morvan des extraits de :

  Angevins de modeste condition établis à Saint-Domingue
            (correspondance LABRY, 1752-1778)
                     Charles Frostin
   Revue française d'histoire d'outre-mer n° 209, 1970

Les noms cités sont ceux de : MARZIALLE  ou  MARZIAL  (du
Mont-Carmel, Guadeloupe),  LEGENDRE,  VINCENDEAU,  RABOT,
SÉNÉCHAL, MASSÉ  ou  MACÉ,  BONNEFOY,  FLEURET,  BOUTARD,
BRILLANT de MARRAN née LA JALNèRE. 


d'Hervé Morvan un extrait de la  revue  du  Centre
généalogique du Finistère, Le Lien, n° 56, 4e trimestre 
1995, page 5 : 

          Décès de Finistériens à la Guadeloupe
relevé dans les "Actes administratifs du Finistère", 1816

28 thermidor X,  Nicolas  COSSON de KERVODIES,  54 ans, de
Landerneau,
25 thermidor X,  LARCHER,  de Brest,  fils d'Yves et Marie
JUMEL,
27  5  1806,  Marie  Françoise  Gabrielle  DELORCHE  veuve
CHOQUET, fille de Corent n  et  Marie  JOLIVET,  de  Pont-
L'Abbé, 30 ans,
25 1 1809, Marguerite de PLEIBEURE, 29 ans,  e  St-Pol-de-
Léon,
14 4 1810, François  Charles  PAMELEC,  de  Morlaix,  fils
d'Yves et Jeanne RIAUR,
12 9 1815, Marie Jeanne de LE PARC veuve LAVERGNE,  née  à
Brest le 23 6 1787, fille de + Jean et Marie LE GALL,
3 12 1814, Pierre CUZON,  23  ans,  de  Quimper,  fils  de
Pierre et Marie MOIZE.   

NOTES DE LECTURE Pierre Baudrier

Steiner (Xavier).- Répertoire du  personnel  du génie aux
Antilles et en Guyane 1814-1881.- Paris : s.l., 1992.- 75
ff., multigraphié.

    Par exemple :
f. 18 : "BALLY Saint-Just, né à la Rivière Pilote en 1831, 
fils du sieur Bally et  de  la  demoiselle  Nelly  THENIE.
Marié à Marie Françoise Théoteste (Théotiste  )  BENETEAU-
LAPRAIRIE. Décédé à Fort-de-France le 10 décembre 1874, 
cordonnier."
f.  22 :  "CARAT  Nicolas-Joseph-Gaspard,  né le 6 ajnvier
1818...  Assassiné  en  novembre 1862 par des  transportés
fugitifs, aux îles Remire,  entre l'Ilet-la-Mère et l'Ilet 
le-Père;  il  était marié et  père  de  famille  (sur  les
circonstances voir :  Bouyer,  "La  Guyane française",  p.
198-199 et en p. 187 gravure représentant l'événement)."
ff. 30-31 : un certain général FAIDHERBE Louis-Léon-César.
f. 42 : un NADAU DES ISLETS,  capitaine à la Guadeloupe en 
1834. "des Islets",  voilà qui nous dit quelque chose.  Le
prénom, Marc, est indiqué au feuillet 56.
f. 53 : Louis VIDAL,  né le 27 mars  1832,  commandant  du
génie à Cayenne en 1873.


Page suivante
Retour au sommaire




Révision 28/12/2004