G.H.C. Bulletin 81 : Avril 1996 Page 1598
LE MARQUIS de MONTALET
extérieur assez peu austère pour un religieux. Il revint
en France, à Bordeaux, où il mourut en 1834. Il est inhumé
dans la cathédrale.
La personnalité de Montalet
MONTALET avait contracté beaucoup de dettes et il n'est
pas certain qu'il les ait jamais remboursées. Il fut
l'objet de procès nombreux, mais comme il n'était pas
citoyen américain, les poursuites incombaient à la Cour
fédérale. MONTALET ne semble pas s'être fait beaucoup de
soucis au sujet de ses problèmes financiers.
Lorsque MONTALET habitait à Sapelo, vers 1812, dans
un "cottage" d'un seul étage, il n'avait plus ni épouse,
ni enfant, mais seulement un vieil ami, M. HORNOT, ancien
de la Marine royale, qui était, paraît-il, spécialiste en
histoire naturelle, désigné pour réunir une équipe de
scientifiques chargée d'accompagner les expéditions
d'exploration du globe décidées par les rois de France,
les BOURBON. Il avait fait le tour du monde.
Le fils de Thomas SPALDING, âgé de 6 à 8 ans au décès
de MONTALET, et ayant vécu dans son entourage avec son
père, déclarait que MONTALET était royaliste et désirait
la restauration de la monarchie. Il n'aimait pas Napoléon.
La nouvelle de la chute de l'Empereur, au printemps de
1814, parvint à Savannah dans la semaine du 24 au 28 mai.
Selon ses amis, en apprenant cette nouvelle, MONTALET
exulta au point d'en mourir de la rupture d'un vaisseau.
Ainsi finit MONTALET en 1814.
Le décès de MONTALET fut annoncé en ces termes dans
le journal de Savannah :
"Décédé brutalement le 3 juin 1814, dans sa plantation de
l'île Sapelo, le marquis de MONTALET était âgé de 49 ans
(en réalité 52 ans). Ce gentilhomme était, à juste titre,
estimé et respecté de ses amis et relations. é à Saint-
Domingue, il avait émigré vers ce pays en 1791 et faisait
partie des derniers infortunés planteurs qui quittèrent ce
malheureux pays au moment de l'évacuation des forces
britanniques commandées par le général MAITLAND. Pendant
les troubles de cette île, il s'était distingué par son
patriotisme, son zèle et son attachement à l'Ancien Régime
de la Monarchie française.
Éduqué à Paris dans les milieux les plus distingués de
cette aimable ville, il conserva jusqu'au terme de son
existence les manières d'un gentleman accompli. Pauvre
MONTALET, que ton âme demeure en paix, c'est la prière de
tous ceux qui t'ont aimé sincèrement !".
Il est probable que ces lignes ont été rédigées par
sa soeur, à moins que quelqu'un d'autre l'ait autant
aimé... Allez savoir...!
Après la mort de Montalet
Suite à ce décès et aux événements de France, la
soeur de MONTALET et son jeune frère (Louis Charles Eugène
MOCQUET de MONTALET) décidèrent de revenir en Francs dès
que le Roi serait revenu au pouvoir. Mais cela prit en
fait un certain temps, Napoléon étant revenu (pendant les
Cent Jours). Et même après, elle attendit encore longtemps
pour revenir définitivement en France.
A la mort de MONTALET, trois hommes furent nommés ses
exécuteurs testamentaires : Charles HARRIS, qui avait été
maire de Savannah et l'avocat de MONTALET au cours des
nombreux procès; Richard RICHARDSON; et le général Francis
HOPKINS, le troisième et le plus qualifié d'entre eux pour
les propriétés. Celles de MONTALET étaient principalement
constituées par ses esclaves. Les biens immobiliers,
l'Hermitage et Hight Point, furent vendus pour régler les
taxes. Il est difficile de comprendre comment MONTALET a
pu devoir de l'argent à tant de personnes sans jamais les
rembourser. Il ne paya jamais ses taxes de 1801 à 1814. De
nos jours, cela semblerait bien long !
Les esclaves furent vendus en 1816; la plupart d'entre
eux avaient des noms français, soit qu'il les ait amenés
avec lui de Saint-Domingue, soit qu'ils provenaient de
Français installés auparavant à Sapelo. Ils avaient nom
Cupidon (ancien cuisinier à Sapelo), puis Zaïre,
Geneviève, Matharine, Antoine, Dominique. Francis HOPKINS,
l'exécuteur, put acquérir la plantation de Sapelo et sa
famille y vécut entre 1816 et 1821. L'Hermitage revint
à la famille McALPEN.
Madame COTTINEAU s'arrangea pour obtenir une quinzaine
d'esclaves de la propriété de son frère, qu'elle vendit,
ce qui lui permit probablement d'équilibrer ses finances.
Une amie de Mme COTTINEAU vivait dans l'île de Wilmington
sur une plantation nommée "Nonchalance", ce qui est, à mon
avis, un "grand nom" pour une plantation. Une lettre que
nous possédons à la Société historique de Géorgie dans les
papiers de la famille BRYAN, fait allusion à Mme COTTINEAU
en 1823 : elle parle de son jeune frère, dont le "déran-
gement" lui causait des soucis, et fait aussi allusion à
une opération de la cataracte envisagée pour le capitaine
SWARBREACK en Angleterre. Elle y disait que s'il survivait
à l'opération il retournerait en Amérique; dans le cas
contraire, il resterait sur place.
Mme BRYAN et Mme COTTINEAU séjournaient souvent récipro-
quement l'une chez l'autre. Les enfants de Mme BRYAN
avaient été élèves de son amie.
Au décès de MONTALET, en 1814, il y avait à Savannah
une famille de "personnes de couleur libre", qu'il avait
affranchies, ayant pour noms Adèle, Clémence, Clémentine,
Dauphin et Saint-George MONTALET. J'ignore ce qu'ils sont
devenus..
A noter qu'il existait à Savannah un certain nombre
de personnes de couleur libres, le beau-père de MONTALET,
Pierre MIRAULT, en ayant mentionné plusieurs dans son
testament. La soeur de MONTALET et son frère, et également
Mme SWARBRECK, étaient tous héritiers des habitations
familiales de Saint-Domingue. Et ils durent attendre
longtemps pour recevoir de l'argent pour ces propriétés.
Enfin, en 1826, le gouvernement français annonça qu'il
avait conclu un traité avec Haïti (Saint-Domingue) qui,
devenue une république depuis 1804, qui allait verser des
indemnités aux anciens colons ou à leurs héritiers.
Quand cette nouvelle parvint à Mme COTTINEAU, à
Savannah (journal du 7 mars 1826), elle se décida rapi-
dement à partir. Elle vendit tous ses esclaves. Les
SWARBREACK mirent leur maison en vente et ils vendirent
tout : tapis et ustensiles de cuisine, voitures, chevaux.
Tout fut mis sur le marché.
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Révision 28/12/2004